Vers le Dimanche 30 juillet 2023
Vers le 17e Dimanche du temps ordinaire – Année A

L’évangile de dimanche, surtout dans sa version brève, nous fait entendre deux petites paraboles. Si Jésus prend soin d’enseigner les foules en racontant ces petites histoires, c’est pour nous rappeler que la meilleure catéchèse, pour une première initiation, n’est pas celle qui enseigne à coup d’idées ou de concepts abstraits, mais celle qui raconte des histoires simples et savoureuses qui ont le goût du Royaume à venir. Père, que ton règne vienne, non pas dans mes discours mais dans mon histoire. Alors, raconte-moi. J’écoute.

Jacques le majeur, le frère de Jean, le fils de Zébédée, est fêté aujourd’hui. La tradition raconte qu’il était parti évangéliser l’Espagne et que son corps a été découvert dans un champ grâce à une étoile : campus stellae, Compostelle. Cette tradition résonne tellement avec l’évangile de ce dimanche ! Beaucoup de pèlerins cheminent vers Compostelle. C’est le propre de la parole de Jésus : elle met en route. Père, que ton règne vienne, sans me figer dans une manière de faire, mais en me mettant en route avec ceux qui cherchent, pèlerins de Dieu.

La première parabole parle d’un trésor. Nous savons tous comment capter l’attention des enfants en leur racontant une histoire de trésor : leurs yeux s’ouvrent tout grand. Ah s’il pouvait en être de même pour ceux qui lisent les évangiles ! Le trésor est caché, ce qui décuple la curiosité et donne envie de savoir comment et où le trouver. Quelle drôle d’idée pour le Royaume : il est caché, pas évident à trouver ! Père, que ton règne vienne, non pas de manière triviale, sans avoir à le chercher, mais en étant certain qu’il sera trouvé. Anne et Joachim, parents de Marie, soutenez ma quête du trésor.

Dieu n’est pas sadique. Son royaume est caché pour que la joie de l’avoir trouvé soit énorme. C’est ce que raconte la parabole. L’homme qui a trouvé le trésor dans le champ, l’y cache de nouveau le temps de vendre tout ce qu’il a pour acheter le champ. Et il le fait avec un empressement joyeux, comme le ferait toute personne aussi chanceuse que lui. La joie d’avoir trouvé le Royaume renverse l’ancienne échelle de valeur. Elle modifie ce qui a le plus de prix dans la vie. Père, que ton règne vienne, et avec lui une joie qui emporte tout sur son passage.

Après le trésor caché, des perles fines. Il s’agit de les chercher et d’en faire commerce. Là encore, le Royaume est comparable non pas à une chose précieuse, mais à une personne qui recherche des choses précieuses. Le Royaume se dit dans le désir d’une personne dont le métier est de chercher et de faire des affaires avec des choses précieuses. Pas de désir ? Pas de recherche de ce qui a une grande valeur ? Alors, le chemin qui conduira au Royaume risque d’être long. Mais si l’appétit de vivre est là, alors le Royaume n’est pas loin. Père, que ton règne vienne. C’est mon plus grand désir : que règnent la justice, la paix, l’amour…

Le ressort de la deuxième parabole est identique à la première. Un événement – trouver une perle de grande valeur – suscite une réaction entière, disproportionnée – vendre tout pour acheter. Quelle folie ! Le Royaume, une fois trouvé, l’emporte sur tout le reste. C’est comme une évidence. Père, que ton règne vienne, et que sa venue me transforme entièrement. Que je puisse le préférer à tout le reste, non par devoir, mais grâce à l’élan qu’il donne.

La vraie Bonne Nouvelle de cet évangile est qu’il nous permet d’imaginer ce qu’est le royaume des Cieux (une réalité, dont il faut bien admettre la difficulté à comprendre, et reconnaître le risque idéologique à l’enfermer dans une réalité socio-politique). Les deux paraboles ont plusieurs points communs : le Royaume n’est pas une chose matérielle mais des êtres humains qui cherchent et trouvent (des perles) ou découvrent ce qu’ils ne cherchaient pas (un trésor caché) ; le Royaume suscite une joie immense, parfois par surprise, toujours à cause de la grande valeur trouvée ; le Royaume fait quitter un monde où il importe de posséder, pour entrer dans un nouveau monde où il importe de se donner. Voilà de quoi revigorer notre prière : « que ton règne vienne ».