Vers le Dimanche 23 juillet 2023
Vers le 16e Dimanche du temps ordinaire – Année A

Jésus utilise une image pour parler du royaume de Dieu. Je suis invité à imaginer un champ fertile. Dans ce champ, je peux voir un homme. Cet homme sème des grains de blé. C’est du « bon » grain. Je peux entendre ici la bonté de celui qui le sème. Il dépose dans la terre quelque chose de bon. La terre, quant à elle, a été bêchée, retournée, travaillée pour pouvoir accueillir le bon grain. Je peux observer aujourd’hui quel bon grain a été semé dans ma vie par le Seigneur. Je peux aussi observer quelle terre en moi vient d’être travaillée en vue d’accueillir le bon grain du semeur.

Après la journée de travail aux champs vient le temps du repos. Les ouvriers sont rentrés chez eux. Jésus m’invite à imaginer maintenant une autre scène. Alors que les serviteurs dorment, une autre personne va dans le champ. L’ennemi survient pendant la nuit. Il intervient dans la pénombre tandis que personne ne peut le surprendre. Il sème de l’ivraie, une mauvaise herbe, parmi les germes de blé. Je peux rester avec les ouvriers à goûter au repos de la nuit. Je consens à ne pas savoir, ne pas comprendre ce qu’il se passe durant la nuit, durant mon sommeil, temps de l’insouciance.

Ce n’est que bien plus tard, lorsque le blé et l’ivraie sortent tous deux de terre que je peux constater avec les serviteurs ce qu’il s’est produit durant la nuit. On découvre après coup seulement qu’il y a de mauvaises semences qui furent mêlées au bon grain. Je peux regarder l’impuissance des serviteurs. L’ivraie n’est pas la plante qu’ils pensaient avoir semé. L’ivraie symbolise dans la tradition juive la confusion. Je peux contempler cette confusion des serviteurs. N’était-ce pas du bon grain qui venait d’être semé ? J’accueille cette incompréhension des serviteurs.

Les serviteurs se tournent vers le maître pour essayer de comprendre. N’était-ce pas du bon grain qui avait été semé ? Pourquoi y a-t-il de l’ivraie ? Je pourrais être tenté de me demander si l’ivraie n’était pas déjà présente parmi les grains posés par le semeur. La tentation de se méfier du travail de Dieu est possible. Est-il si bon que cela pour moi au fond ? Pourquoi y a-t-il des choses mauvaises dans ma vie ? Mais à l’exemple des serviteurs je peux rester dans la relation et confier mes questions, mes indignations de ces jours-ci au Seigneur.

« C’est un ennemi qui a fait cela ». Dieu n’est pas l’auteur du mal et de même le semeur n’est pas à l’origine de l’ivraie dans le champ. En distinguant le bon grain de l’ivraie dans le champ, je peux être tenté de vouloir arracher les mauvaises pousses. Pourquoi ne pas faire le tri tout de suite ? Mais encore une fois, je peux confier cela à Dieu : « Veux-tu que nous allions l’enlever ? ». Je peux confier au Seigneur une décision que j’ai à prendre, un lieu de ma vie où je vois une séparation, une rupture à poser. Qu’il soit présent au cœur de cette décision à prendre.

Retirer l’ivraie reviendrait à enlever le blé également. « Laissez-les pousser ensemble jusqu’au temps de la moisson », répond le maître. Patience, pas de précipitation. Nous fêtons sainte Marie-Madeleine, femme pécheresse qui lava les pieds du Christ avec ses cheveux et fut délivrée par lui de l’emprise de 7 démons. Le Christ ne l’a pas condamnée, ni rejetée. Il l’a accueillie avec tout ce qu’elle était et la voici devenue une figure majeure parmi les disciples. A la suite de Marie-Madeleine, Seigneur je me laisse aujourd’hui aimer et espérer par toi qui me laisse croître.

Il faut attendre le temps de la moisson pour séparer l’ivraie du blé. Pourquoi le maître demande-t-il de patienter autant ? Pour permettre au blé de parvenir à maturité. Si nous nous focalisons sur l’ivraie de notre vie alors nous avons envie de l’arracher, d’y mettre un terme. Mais cela revient à ne plus prêter attention au bon grain de notre vie. Si nous prenons le temps de laisser le blé de notre vie se développer nous pouvons alors à l’inverse nous appuyer sur ce qui est bon, ce qui est vitalisant pour nous aujourd’hui. Nous avons donc un choix à faire : regarder l’ivraie de notre vie avec désespérance et déception ou bien concentrer nos efforts à prendre soin du bon grain de notre vie. Dans la patience et l’espérance. Seigneur donne-nous de demeurer une église de l’espérance, une église choisissant de préserver le bon grain de nos vies.