Vers le Dimanche 25 septembre 2022
Vers le 26ème Dimanche du Temps Ordinaire – Année C

Jésus a recours à des images très fortes pour faire réagir ses interlocuteurs… et nous aussi. Le premier contraste concerne la répartition des richesses : d’un côté, la richesse et le plaisir, de l’autre, la pauvreté et la maladie (avec les chiens qui lèchent les ulcères !). Ce choc est toujours d’actualité : il suffit d’ouvrir les yeux, d’allumer sa télé ou son ordinateur pour constater la violence des inégalités dans le monde. Qu’est-ce que je ressens face à ce constat ? Impuissance ? Culpabilité ? Compassion ? Révolte ? Désir d’agir ? Jésus, donne-moi ton esprit de force et de vérité pour oser voir la réalité. Que veux-tu de moi face à ces situations d’inégalité criante?

La représentation de l’au-delà est également violemment contrastée. Le sort réservé au riche est effrayant. La torture, la fournaise nous renvoient aux représentations médiévales de l’Enfer, telles qu’on peut les voir sur les sculptures de nos églises. Ces images, même si elles nous paraissent dépassées, viennent interroger notre représentation de ce qui se passe après la mort. Quand j’y songe, qu’est-ce que j’imagine ? Quelles sont mes « croyances » sur l’au-delà ? Seigneur, viens éclairer ma foi.

Matthieu, l’évangéliste que nous fêtons aujourd’hui, était collecteur d’impôts, il était au service de l’occupant romain et d’une certaine manière, au service de l’argent. Jésus ne l’a pas condamné mais l’a appelé. Et Matthieu a su entendre l’appel de Jésus : «  Suis-moi ».  A ceux qui lui reprochaient de manger avec des collecteurs d’impôts, Jésus a rappelé qu’il est venu pour les malades, pour ceux qui se savent pécheurs.  Dans quelle faiblesse Jésus vient-il me rejoindre et m’appeler ?

On ne sait rien du comportement du pauvre au cours de sa vie mais sa condition de pauvre lui donne un accès direct à la  consolation : « Les anges l’emporteront auprès d’Abraham. » Cela nous renvoie à la Béatitude : «  Heureux les pauvres, le Royaume des cieux est à eux. » Je songe à l’effet de cette promesse sur les pharisiens à qui Jésus s’adresse et dont le but est d’obtenir la vie éternelle, comme le jeune homme riche (Mc 10). Quel effet cette promesse a-t-elle sur moi ? Comment le message de consolation de Jésus vient-il me toucher ?

La supplication qu’il adresse à Abraham est surprenante : la demande d’une goutte d’eau paraît dérisoire au cœur de la fournaise. Cela montre-t-il qu’il a conscience de son indignité ? On s’attendrait  à un mouvement de repentance totale de sa part. Mais il persiste dans son attitude vis-à-vis de Lazare qu’il traite comme un serviteur qui viendrait le soulager un peu. Le péché ne serait pas dans la possession de richesses mais dans le refus de partager et de voir la misère autour de soi. A quelles situations d’aveuglement cette histoire me renvoie-t-elle ? Seigneur, viens m’éclairer quand je suis loin de toi.

La réponse d’Abraham semble rétablir la justice : celui qui a reçu beaucoup dans sa vie sur terre souffre dans les enfers et celui qui a eu de nombreux malheurs  reçoit consolation dans l’au-delà. Et un abîme fait en sorte que cette justice soit imparable. Mais au cours des siècles, cet argument de consolation a été repris pour maintenir les pauvres dans leur situation. Seigneur, que cette promesse de consolation pour ceux qui souffrent ne me dispense pas d’entendre ton appel à davantage de justice sur terre.

L’homme riche n’abandonne pas et se montre insistant, comme Abraham qui marchande avec Dieu à propos de Sodome ! Il ne peut pas se sauver lui-même alors il tente de sauver ses frères et imagine même un miracle pour les éclairer, ce qui est déjà un premier signe de changement. Mais la réponse d’Abraham demeure ferme et réaliste car l’important est du côté de l’écoute : « Qu’ils écoutent Moïse et les prophètes ! » Abraham nous renvoie à l’écoute de la Parole de Dieu qui est un chemin privilégié pour se tourner vers Dieu et se tourner les uns vers les autres. Comment recevons-nous cette invitation à l’écoute aujourd’hui ? A quelles conversions sommes-nous convoqués personnellement et en Eglise ? Seigneur, que ta Parole nous entraîne au service des plus pauvres et à la compassion envers tous.