Vers le Dimanche 12 novembre 2023
Vers le 32e Dimanche du temps ordinaire – Année A

Dans les évangiles, Jésus parle souvent du royaume des Cieux. L’expression sonne bien étrange à nos oreilles au XXI° siècle. D’aucuns se méfient : des paroles généreuses sur un royaume « dans le ciel » permettant de justifier un statu quo fait d’injustice et d’inégalités sociales sur terre. Jésus rompt d’emblée avec cet imaginaire. Le royaume ? Des noces ! Plus exactement dix jeunes filles invitées à des noces. Je prie en me remémorant les mariages auxquels j’ai été invité. Jésus, que mes souvenirs de joie et de fête me parlent du royaume que tu annonces.

L’invitation se précise. Elle n’est pas ordinaire car il s’agit d’aller à la « rencontre » de l’époux – ce qui est un grand honneur. Et pour cela, ces dix jeunes filles sont d’abord invitées à « sortir ». En outre, il leur est demandé de prendre avec elles « leur lampe » (en gros, le GPS de l’époque pour se repérer en chemin, surtout de nuit). Dans ma prière, je savoure la richesse des mots « rencontre », « sortir », « prendre sa lampe ». Jésus, le royaume de ton Père serait-il d’abord une affaire de sortie et de relation humaine ?

La belle histoire se corse rapidement. L’époux tarde. Classique dans un mariage (pour une fois ce n’est pas la mariée…). Tout retard déstabilise, sème le doute (viendra-t-il ?) et mécontente (pensons aux trains…). A la messe, nous disons au Seigneur : « nous attendons ta venue dans la gloire. » Nos églises, comme la cathédrale du Pape dont nous fêtons aujourd’hui la dédicace, inscrivent dans la pierre, parfois le marbre, notre attente. Aujourd’hui, je prie en pensant à mes réactions face à un retard (celui des autres). Jésus, aide-moi à t’attendre sans perdre espoir.

Cinq jeunes filles se révèlent insouciantes. Elles ont oublié leur recharge d’huile pour leur lampe. Pas grave. Elles s’en occuperont plus tard. Elles s’assoupissent, passent sans doute à autre chose et puis s’endorment. Leur attitude est cool. Elles n’anticipent rien. La joie d’être invitées ne les conduit pas à se préparer outre mesure. Dans ma prière, je demande au Seigneur de me montrer quelle huile (carburant ou source d’énergie), pourtant essentielle pour moi, j’oublie dans ma vie. Jésus, sors-moi de mon insouciance.

Cinq jeunes filles se révèlent avoir été prévoyantes : pas de lampe sans recharge. C’est du bon sens. Oublier n’est pas qu’une affaire de tête en l’air comme lorsqu’on part aujourd’hui en oubliant son chargeur de téléphone. Certes, on peut compter sur l’aide des autres, mais cette « logique » a ses limites. Si tout le monde faisait pareil… En réalité, nul n’échappe à une décision personnelle : qu’est-ce que je choisis ? Je prie en rechargeant mon téléphone. Jésus, enseigne-moi cette sagesse qui prépare à entrer dans le royaume des Cieux.

Ce qui devait arriver arriva. En pleine nuit, un cri : « Voici l’époux ! » Les insouciantes en sont pour leur frais. Pourtant, les prévoyantes ne manquent pas de charité à leur u : elles leur conseillent d’aller chez les marchands. Les unes sont prêtes à répondre joyeusement à l’invitation ; les autres pâtissent de leur impréparation : quand elles reviendront, les portes seront fermées. L’époux ne leur fera pas miséricorde. Je prie en entendant le cri « Voici l’époux ! », la demande « Seigneur, ouvre-nous ! », et la réponse « Je ne vous connais pas. » Jésus, fais-moi vivre comme quelqu’un qui se réjouit d’être invité et qui se prépare à y répondre maintenant.

La parabole de ce dimanche délivre un enseignement précieux. Tous, nous ne savons pas quand le royaume des cieux viendra. Certes, au moment venu, ce sera la joie pour tous. Aucun doute. Mais la question est : comment s’y préparer ? Comment s’y disposer pour ne pas passer à côté de la joie promise quand elle sera au rendez-vous ? La messe est une bonne piqûre de rappel de la joie du royaume. Mais concrètement, comment veiller ? A chacun de trouver l’huile pour éclairer son attente : rencontrer des pauvres, sortir comme Jésus le faisait pour être bonne nouvelle pour les autres, soulager ceux qui souffrent, aimer et servir… Ne soyons pas étonnés si le royaume tarde à venir. Mais une chose est sûre et certaine : il vient. Notre manière de veiller le manifestera.