Vers le Dimanche 19 novembre 2023
Vers le 33e Dimanche du temps ordinaire – Année A

Voici de nouveau une parabole de Jésus à écouter en pensant à l’année liturgique qui touche à sa fin et nous achemine vers la fête du Christ Roi de l’Univers. Dans cette histoire, le maître d’une grande propriété part en voyage. Aucune raison n’est donnée, aucune indication de lieu ou de temps concernant son absence. L’accent est mis sur son départ imminent. Il part, détaché de ses biens. Dieu notre Père, nous avons parfois l’impression que ton Fils est parti en voyage pour un temps qui nous paraît interminable tant son absence apparente nous pèse. Donne-nous assez de foi pour croire qu’il nous accompagne dans nos doutes et dans nos nuits.

Le maître confie ses biens à ses serviteurs en leur répartissant des talents, chacun selon ce qu’il est capable de gérer. A l’époque de Jésus, les talents ou pièces d’or représentaient une somme considérable. Cela met en valeur l’immense confiance que le maître met en ceux qu’il quitte. Il leur demande de faire fructifier ces biens et non de les thésauriser. C’est un risque qu’il prend. Dieu notre Père, tu nous connais chacun et chacune par notre nom. Qu’est-ce donc que ces talents que tu me confies ? Ne serait-ce pas tout simplement ma vie et celle du monde qui m’entoure dont tu me demandes de prendre soin ? Aide-moi à prendre davantage conscience de ma responsabilité.

Le maître du domaine ne s’est pas éloigné pour toujours. Il revient très longtemps après son départ, prêt à rencontrer ses serviteurs qu’il n’a pas oubliés, même s’il ne leur a pas donné beaucoup de nouvelles. Il se souvient de la mission qu’il leur a confiée. Ce maître ne nous évoque-t-il pas Jésus qui a promis de revenir à la fin des temps, mais nul ne connaît le jour ni l’heure de ce retour ? Dieu notre Père, il nous arrive de vivre en oubliant la promesse que Jésus nous a faite. Avive en moi le désir du retour de ton Fils dans la gloire. Qu’il nourrisse mon attente en ce jour.

A son retour, le maître demande des comptes à ses serviteurs. C’est normal. Dans la version complète de la parabole, trois serviteurs s’avancent pour parler avec le maître. La liturgie de ce dimanche n’a retenu que le dialogue avec le premier des trois serviteurs, celui qui avait reçu cinq talents, la somme la plus importante. Ce serviteur est heureux de s’approcher du maître, en lui présentant cinq autres talents qu’il a gagnés depuis. Dieu notre Père, aide-moi à ne pas retenir pour moi les talents que tu me confies, à reconnaître les fruits que je porte et à te les retourner.

Le dialogue entre les deux hommes est bref mais intense. Le maitre éprouve de la gratitude envers son serviteur qu’il qualifie de « bon » et de « fidèle », des adjectifs attribués à Dieu dans la Bible, que l’on retrouve dans de nombreux psaumes. Il est important de peser ces mots et de les laisser résonner en nous. Ils nous disent la bonté et la fidélité de Dieu envers chacun de nous. Dieu notre Père, plein d’amour et de fidélité, fais-nous reconnaître ton visage dans le visage de nos frères et sœurs qui sans bruit te sont fidèles dans les petites choses de la vie.

Le maître aurait pu s’en tenir là, reprenant ce qui lui appartenait. Il fait une promesse à son serviteur qui ouvre un avenir. La fidélité dans peu de choses (pas si insignifiantes que cela), sur un long temps, débouche sur de nouvelles responsabilités. Peut-on parler d’une promotion ? Probablement pas, mais d’un redoublement de la confiance accordée. Et c’est là la merveille : la surabondance se manifeste, celle du Royaume à venir. Dieu, notre Père, mon cœur te dit un grand merci pour l’avenir qui s’ouvre devant nous.

Un maître, des serviteurs, un départ et une longue absence, un retour et une rencontre très consolante entre le propriétaire du domaine et l’un de ses serviteurs qui a su faire fructifier le bien qui lui a été confié. En ne retenant qu’un seul serviteur, la liturgie de ce dimanche met l’accent sur la gratitude et sur la joie : une double joie, celle du maître et celle du serviteur. Arrêtons-nous en ce jour à cette joie que Dieu nous promet. Y croyons-nous vraiment ? Sommes-nous prêts à l’accueillir au fond de nos cœurs et à la transmettre à ceux et celles que nous croiserons sur notre route aujourd’hui ? Lors de la célébration de l’eucharistie, laissons-nous habiter par cette joie de Dieu qui nous rassemble et ait de nos le Corps de son Fils en ce monde.