Vers le Dimanche 11 juin 2023
Vers le Dimanche du Saint Sacrement – Année A

Un peu avant notre scène, Jésus a guéri des malades et il a nourri la foule venue l’écouter. Enthousiaste, elle voit en lui un nouveau Moïse dont elle ferait son libérateur de la puissance romaine. Mais voilà, ce n’est pas la mission de Jésus. Alors, devant tous, Jésus s’identifie au pain que Dieu donne aux hommes pour vivre : pas à celui que la foule vient de manger, mais au pain qui donne la vie éternelle. Et ce pain de vie, c’est sa chair, toute sa vie d’homme ! Je relis ce que dit Jésus. Je lui présente les mots ou les expressions qui me touchent aujourd’hui.

Pour l’auditoire de Jésus, c’en est trop ! La vie de l’homme est sacrée, même le sang des animaux ne pouvait être bu, et ne servait qu’aux rites de purification des péchés. Comment supporter ces paroles ? Jésus annonce par là qu’il sera « l’agneau pascal immolé » purifiant les cœurs et donnant la vie éternelle à qui le consomme. Que comprendre ? Questions légitimes, et toujours actuelles. Comment accueillir ce don si ce n’est dans la foi ? Pour moi-même ou pour une personne connue, je demande à Jésus la grâce d’oser croire en ses paroles.

Jésus insiste : paroles radicales, paroles fondatrices de la nouvelle alliance. Manger la chair du Fils de l’homme, boire son sang, mais comment ? Jésus ne répond pas, il oriente plutôt les cœurs vers les effets spirituels. Il donne sa vie aux hommes pour qu’ils aient la vie qu’il tient du Père. C’est la mission du Fils de Dieu. Quel don inouï offert à tous : l’accès à la vie éternelle, par grâce. Je peux prier pour ceux qui n’ont pas le pain matériel nécessaire à leur subsistance, et pour ceux qui ne connaissent pas le Christ Pain de vie.

Dans l’évangile de Jean, la Cène est remplacée par ce discours du Pain de Vie et par le geste fort du lavement des pieds. Jésus Pain de vie et Jésus Serviteur, c’est le même mystère, celui de l’Eucharistie.  C’est toute sa vie que Jésus donne et « met sur la table du banquet de noces » : sa compassion pour les malades, son attention unique à tous, son intimité avec le Père. Jésus a accueilli nos vies dans la sienne, pour épouser notre humanité, la libérer du péché, la conduire à la plénitude. Je peux demander à Jésus la grâce d’accueillir sa vie dans la mienne.

Partager un repas, c’est toujours livrer une partie de son intimité, de ses habitudes ; c’est prendre du temps ensemble et entrer dans une relation d’échange et de connaissance mutuelle. C’est ce que le Seigneur mendie auprès de chacun : devenir notre hôte. « Voici que je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui et lui avec moi. » Ap 20, 3. Quelle place tient le Seigneur dans ma vie ? De quoi ma relation avec le Seigneur est-elle nourrie en ce moment ?

Jésus affirme que c’est le Père qui l’envoie, que sa vie c’est celle même du Père, et qu’il vient la donner à celui qui mangera sa chair. Jésus soulève un coin du voile sur le mystère de communion qui unit le Père et le Fils. Mystère auquel il veut associer ceux qui s’attacheront à lui. Le pain « que les pères ont mangé », la manne, est reléguée par Jésus à l’état de nourriture transitoire. C’est la vie éternelle que Jésus promet à ceux qui croiront en lui. Il est grand le mystère de la foi ! Je peux prier avec la prière enseignée par Jésus lui-même : Notre Père.

« Celui qui mange ce pain vivra éternellement » ! L’évangile se termine comme il a commencé : par une invitation pressante. Aujourd’hui, dans le quotidien de nos vies, le Seigneur vient à notre rencontre autour d’un repas à sa table. Table de la parole, table de son eucharistie, table fraternelle. La place de chacun est prête, près de Lui. Heureux les invités au repas du Seigneur ! Osons répondre OUI, malgré la profondeur du mystère, le vertige qui peut nous saisir devant tant d’amour. Prenons dans notre cœur et notre prière nos frères absents. Car c’est tous ensemble, avec toute l’humanité rassemblée, que nous formons le Corps du Christ, l’Eglise. Demandons la grâce de laisser le Seigneur transformer nos vies afin de vivre en sa présence, de devenir ce que nous recevons pour être sa présence auprès de nos frères.