Vers le Dimanche 05 juin 2022
Vers le Dimanche de Pentecôte – Année C

Jésus va bientôt partir et il prépare ses disciples à ce moment délicat. De fait, rien ne sera plus comme avant. Finies les prédications itinérantes, les longues veilles à l’écouter. Ils auront à apprendre à vivre sans lui ou plutôt à vivre autrement avec lui. Dire adieu est l’occasion pour lui de réaffirmer le cœur de son message : l’aimer, c’est « garder » son commandement de l’amour et accueillir la force que le Père va envoyer. C’est l’opportunité aussi pour lui d’introduire un autre « personnage-clef » de sa vie : l’Esprit Saint. Je rends grâce au Christ de nous ouvrir ainsi au mystère d’amour qui le fait vivre, avec le Père et l’Esprit.

En ce temps pascal, la liturgie nous fait revenir aux débuts des évangiles. Nous fêtons en effet la Visitation de Marie à sa cousine Elisabeth. L’Esprit Saint, ce défenseur promis, est déjà à l’œuvre dans le corps et dans le cœur de ces deux femmes qui ont dit « oui » à la vie de Dieu en elles. Sacrée et discrète expérience qui invite à entrer dans la contemplation et dans la relation. Par l’intercession de Marie et d’Elisabeth, je demande à l’Esprit d’agir dans les rencontres et interactions de ce jour.

Jésus fait une double et immense promesse à ses disciples : non seulement ils vont recevoir l’Esprit Saint mais s’ils restent fidèles au commandement de l’amour, ils seront la demeure du Père et du Fils. Carrément, pourrait-on dire. On peut repérer là un paradoxe exigeant que nous vivons, nous aussi. Alors que nous ne le voyons pas et que nous ne pouvons pas le toucher, Jésus est plus que jamais présent en nous et c’est la Trinité elle-même qui « s’installe » en nous ! Comment je comprends cette présence en moi ? En quoi cette habitation divine est-elle un soutien ? Est-ce que j’y crois vraiment ? Je choisis aujourd‘hui de m’adresser à ce Dieu Trinité à l’œuvre en moi.

Jésus donne un nom et une mission à l’Esprit envoyé par le Père : c’est un Défenseur. Qu’est-ce à dire ? De quoi faudrait-il être défendu exactement ? Ce don du Père si souvent agissant dans l’histoire de Jésus semble comme une « énergie » intérieure. Et si cet Esprit travaille à l’intérieur, il provient de plus loin que nous, il vient de plus grand que nous ! Il est là pour nous aider à tenir bon, à tenir debout au milieu des doutes et des errances. Je me confie à ce Défenseur et je lui demande de consolider en moi ce qui en a besoin et je le prie avec insistance pour les combats passés et actuels de mon existence.

La mission de l’Esprit consiste à nous défendre mais aussi à nous redire tout ce qu’il aura entendu de l’enseignement de Jésus. On dit parfois que «  l’apprentissage est l’art de la répétition ». Cela est encore plus vrai au niveau spirituel. Pour connaître le Christ en profondeur, il importe de répéter et de ruminer ses paroles et c’est l’Esprit qui nous y aide. Et on le sait bien, on ne connaît vraiment que ce qu’on aime et l’on n’aime bien que ce que l’on connaît. Je demande à l’Esprit la grâce de connaître et d’aimer ce Christ qui a tout donné pour moi et pour notre humanité.

Dans ces paroles intimes, Jésus invite à poser un choix qui est basé sur la relation avec lui. «  Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole (…) Celui qui ne m’aime pas ne garde pas mes paroles ». On pourrait le prendre pour un gourou puisqu’il dit : « Si quelqu’un m’aime(…), mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui… » et on comprend que « celui qui ne m’aime pas » ne deviendra pas l’habitation de Dieu. Est-ce si choquant de sentir cette « alternative » ? N’est-ce pas de la part de Dieu prendre au sérieux notre liberté que de nommer ce choix qui a des conséquences dans la relation avec lui ? Je demande la grâce de faire grandir en moi le désir de garder sa parole et d’être disponible à sa vie. 

« Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit ». Le signe qui accompagne ces paroles peut être fait de manière machinale ou de manière un peu magique comme certains joueurs de football à leur entrée sur le terrain… Mais il peut être l’occasion au contraire de vivre un petit moment d’intimité avec le Dieu trinitaire. Et aujourd’hui, fête de l’Esprit Saint, choisissons de nous rendre attentifs aux formulations trinitaires employées durant la messe et aussi aux moments où l’Esprit est nommé. On l’a entendu dans l’évangile, en gardant les paroles de Jésus, nous acceptons que le Dieu Trinité fasse sa demeure en nous : prenons les moyens pour lui donner tout son espace (louanges, balades contemplatives…). Décidons aussi  d’être les témoins joyeux de ce «  Dieu à l’œuvre en cet âge », à l’œuvre dans nos communautés comme dans nos coeurs.