Vers le Dimanche 31 mars 2024
Vers le Dimanche de Pâques - Année B

Le jour se lève à peine. Au sortir d’une longue nuit, le cœur de Marie-Madeleine est triste car celui qui l’avait relevée, en posant sur elle un regard d’amour et de compassion, ce Jésus qu’elle aimait et qu’elle avait suivi jusqu’au bout, n’est plus. Elle se rend au tombeau, mue par le désir de l’y retrouver. Je me laisse touché(e) par son désarroi, j’écoute la douleur de son cœur meurtri devant la perte d’un être aimé. Je demande au Seigneur d’élargir mon empathie pour ceux qui souffrent.

Marie-Madeleine se rend au jardin où le corps de Jésus, embaumé par Joseph d’Arimathée et Nicodème, a été enseveli. Elle voit que la pierre qui scellait l’entrée du tombeau a été enlevée, celui-ci est ouvert. Quelle surprise ! Le Seigneur a été enlevé !  Elle interprète les faits selon sa propre logique, omettant les paroles annonciatrices de Jésus. Je perçois son agitation intérieure, qui est mienne parfois. Seigneur, donne-moi d’accueillir les signes qui viennent de toi sans présager de leur sens.

Marie-Madeleine, toute troublée, court vers Simon-Pierre et l’autre disciple. Que cherche-t-elle ? À leur tour, les deux disciples se mettent à courir ensemble vers le tombeau. Que cherchent-ils ? Ils cherchent, avec grande hâte et urgence, où se trouve désormais le Seigneur. « Venez, et vous verrez, dit Jésus » (Jn, 1, 39). Comment, dans ma vie, se manifeste cet élan pour chercher Dieu et le rencontrer ? Je demande au Seigneur de susciter en moi le désir de m’approcher de Lui qui se fait proche.

Aujourd’hui, les chrétiens célèbrent la Cène, le dernier repas que Jésus prit avec ses disciples, au cours duquel il institua l’Eucharistie. Mais avant cela, il pose un geste fort, il se fait serviteur en leur lavant et leur essuyant, tour à tour, les pieds. « Ce que j’ai fait pour vous, faites-le vous aussi » (Jn 13, 15). Je regarde Jésus et me laisse toucher par la profondeur de son amour. Seigneur, donne-moi un cœur de chair pour aimer mes frères, aussi simplement que tu me le demandes.

Aujourd’hui, l’Église fait mémoire de la Passion du Christ. Après avoir été arrêté, ligoté, puis frappé, fouetté et raillé, Jésus est condamné. Portant lui-même sa croix, il gagne le Golgotha pour y être crucifié. Non loin de lui, sur le chemin, se tient Marie-Madeleine. Je me place à ses côtés. J’entends les murmures de la foule. Je regarde les épaules de Jésus s’affaisser sous le poids, son visage marqué par la douleur. Je mesure le don qu’il me fait de sa vie. Seigneur, je te rends grâce pour la plénitude de ce don.

Aujourd’hui, grand silence sur la terre. Jésus de Nazareth, ce prophète, puissant par ses actes et ses paroles, est mort. Bien des sentiments traversent la tête et le cœur de ceux qui ont mis leur espérance en lui. Dans un silence sidéré, ils s’interrogent, doutent, se révoltent, font mémoire. Avec eux, je prends la mesure du vide et de l’absence. Je fais de la place au silence de l’intériorisation, à la méditation des faits et gestes de Jésus. « Vraiment, cet homme était fils de Dieu ! » (Mc, 16, 39)

Qu’éclate notre joie, Christ est ressuscité ! « La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle : c’est là l’œuvre du Seigneur, la merveille devant nos yeux. » (Ps 117, 22-23). Ainsi, l’espérance renaît par la foi, en ce jour nouveau. Avec Pierre et Jean, celui dont il est écrit qu’il vit et qu’il crut, entrons dans le mystère pascal et contemplons la vie donnée par amour. À nous, aujourd’hui, il est demandé de croire sans voir, ou plutôt de croire pour éventuellement voir. Devenons croyants en Jésus ressuscité pour passer de la crainte à la confiance, du conflit à la paix, de la fermeture à l’ouverture, du repli à la mission !