Vers le Dimanche 03 septembre 2023
Vers le 22e Dimanche du temps ordinaire – Année A

Il est très rare d’entendre Jésus dire « il faut ». Ce sont plutôt ses opposants, les « rigides » de la Loi, qui usent et abusent de ces « il faut » pour faire sentir leur pouvoir et imposer aux autres de pesants fardeaux, impossible à porter. Mais ici, c’est Jésus qui s’exprime. Comme s’il ressentait une nécessité intérieure, un rendez-vous à ne pas manquer à Jérusalem : « il lui fallait partir ». Dans ma prière, je contemple cette détermination intérieure de Jésus. Il sent qu’il doit partir. Donne-moi, Jésus, d’être aussi déterminé que toi quand il le faudra.

Jésus annonce à ses disciples pourquoi il veut partir avec détermination à Jérusalem. Il sait qu’il ne peut reculer indéfiniment devant ses adversaires. L’heure de la confrontation finale approche. Passion, mort et résurrection l’attendent. Il ne veut pas se dérober à la violence des hommes, ni aller directement à la case résurrection. C’est librement qu’il affronte la haine. Il en a été de même pour son précurseur, Jean, le Baptiste, dont nous nous remémorons aujourd’hui le martyr. Jésus, quel amour pour le monde et pour tes disciples, te pousse à agir ainsi au péril de ta vie ?

L’annonce de la Passion est incompréhensible pour Pierre. Alors qu’il venait de reconnaître, il y a quelques minutes, que Jésus était « le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Mt 16, 16), le voilà qui trébuche : ce que prévoit Jésus ne peut pas arriver. Comment le Fils de Dieu vivant peut-il être tué, et se laisser tuer ? Dans ma vie, il y a sans doute des événements dont je me dis « cela n’arrivera pas » car ils sont impensables. Alors, j’en parle à Jésus.

La réaction de Jésus est violente : il traite le premier croyant, Pierre, de Satan. C’est comme si se rejouait la scène des tentations de Jésus au désert : les pensées de Dieu (la manière dont Jésus pense vivre son identité de Fils de Dieu) sont opposées aux pensées des hommes (la manière dont Satan pense voir Jésus jouer de sa toute-puissance). Jésus a résolument choisi son camp. Il ne se laissera pas séduire par des tromperies ou la promesse d’un succès facile. Comme Pierre, je suis tantôt du côté des pensées de Dieu (quand je confesse que Jésus est Fils de Dieu), tantôt du côté des pensées des hommes (quand j’ai du mal à croire à l’impossible et préfère la facilité des possibles). Jésus, donne-moi l’esprit de discernement.

Après son altercation vigoureuse avec Pierre, Jésus donne un enseignement. Finalement, qu’est-ce qu’être disciple de Jésus ? Réponse : marcher à sa suite, ce qui suppose de le connaître suffisamment pour ne pas trébucher sur des fausses idées ; renoncer à ses propres images de Dieu et de l’homme (notre « psyché » : la manière dont nous nous construisons); prendre sa croix (et non pas celle de Jésus), c’est-à-dire ne pas fuir le poids de l’existence… Si je prie, c’est pour apprendre à marcher à la suite de Jésus. Alors, Jésus, éclaire ma route.

Jésus développe son enseignement en manifestant combien les pensées de Dieu sont contraires à celles des hommes. Les oppositions des deux verbes sauver et perdre, puis perdre et trouver, en sont une magnifique illustration. Aujourd’hui, je prendrai un temps de marche avec ce paradoxe : « qui perd sa vie à cause de moi la trouvera ». Jésus, donne-moi de perdre avec toi. Apprends-moi à jouer le jeu du royaume de Dieu et non celui de la cité des hommes.

L’évangile de ce dimanche tient du cahier scolaire de vacances : revisiter notre catéchisme pour mettre à jour dans notre désir de suivre Jésus. Avec Pierre, nous avons vu que ce n’était pas forcément gagné d’avance. Suivre un gagnant, tout le monde le souhaite. Mais suivre un perdant, un homme qui va à sa perte en se livrant sans résistance à ses ennemis, cela n’a rien d’évident. L’enseignement de Jésus va dans le même sens : si nous avons l’ambition de gagner le monde (ou de l’argent), de conquérir le Royaume ou de sauver la vie de l’Eglise, nous nous trompons de chemin. Marcher à la suite du Christ ne donne pas les avantages dont nous pourrions rêver. La messe nous le rappelle : il s’agit d’abord de recevoir de Jésus la vie telle qu’il veut nous la donner.