Vers le Dimanche 20 mars 2022
Vers le 3° Dimanche de Carême – Année C

Le temps du Carême est un temps de conversion et d’écoute plus intérieure de la Parole de Dieu. Un des moyens proposés pour entrer dans cette démarche est le jeûne. Mais le jeûne ne concerne pas seulement la nourriture. En effet notre rapport aux médias et aux écrans a sans doute besoin d’être « purifié ». Face aux flots de nouvelles comme celles de notre évangile, nous aurions besoin de faire une pause. Peut-être puis-je essayer cette semaine de gagner en liberté par rapport aux écrans et aux infos en vivant un « jeûne technologique » pendant quelques heures chaque jour, histoire de reposer mon esprit et d’être plus disponible au Seigneur et aux autres.

Le début de l’échange entre Jésus et ses interlocuteurs est dramatique. Les deux évènements malheureux rapportés à Jésus appartiennent à deux « catégories » : le mal causé (massacre par Pilate) et le mal subi (effondrement d’une tour). Dans les deux cas, nous sommes démunis et assaillis de doutes et d’un sentiment d’injustice. Je choisis aujourd’hui de confier au Seigneur les lieux et les personnes que je sais éprouvés.

Jésus, en bon pédagogue, aide ses interlocuteurs à faire un détour. De fait il aurait pu parler de l’injustice de l’occupant (des innocents victimes de la force de celui qui va bientôt le condamner), faire une théorie sur le destin aveugle… Et bien non, il dit : « si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous comme eux ». Jésus renvoie chacun à sa propre situation et il insiste sur l’urgence de la conversion. Je peux me répéter durant tout ce jour combien il est urgent de me convertir et de ne pas me laisser terrasser par le découragement.

Après nous avoir bien bousculés par sa manière de répondre, voilà que Jésus nous place du côté de la consolation à travers la figure du bon vigneron. Il essaie de nous faire percevoir cette bonté fondamentale qui encourage et qui prend patience envers l’humanité malgré sa violence et ses fragilités. J’essaie de me mettre à la recherche des signes de cette bonté et de cette patience de Dieu dans mon histoire personnelle comme dans mes relations de ces jours-ci.

Cette métaphore du figuier invite aussi à prendre conscience qu’il y a de la stérilité en nous. En effet nous ne sommes pas toujours porteurs de fruits, de beaux fruits. Mais si la première réaction du propriétaire est de vouloir couper le figuier, l’argumentation du vigneron semble le convaincre et on peut imaginer la joie qui serait la leur à tous les deux si la quatrième année était enfin la bonne ! Je demande au Seigneur la grâce de reconnaître mes stérilités sans me laisser écrasés par elles

Sans Joseph, l’opération « Incarnation » n’aurait pas pu avoir lieu. Pourtant il n’y a pas plus discret que lui : les évangiles d’ailleurs ne nous rapportent aucune de ses paroles. Il est l’homme au service par excellence, celui qui va protéger, nourrir et aider à grandir le fils de Dieu. C’est sous son patronnage que le Pape François a voulu placer nos années de covid comme pour nous inviter à agir avec la même fidélité et la même discrétion. Par l’intercession de Joseph, Seigneur donne-nous la grâce d’être soutien pour ceux que nous rencontrons.

Dans cette scène exigeante, Jésus cherche à nous « inquiéter » au bons sens du terme, c’est-à-dire il utilise les évènements pour nous faire sortir d’une fausse « quiétude », d’un faux confort qui engourdit nos pensées et nous empêche d’agir pour le bien de tous. Ainsi face aux évènements du monde, nous sommes invités à trouver les moyens concrets de la compassion pour soulager les souffrances de nos contemporains et aussi prendre soin de la Maison Commune qui nous est confiée. Cette conversion personnelle et communautaire est urgente et elle nous conduit à nous inspirer de la générosité et de la patience du bon vigneron de la parabole. A son exemple, soyons de ceux qui ne « lâchent rien » et qui ne perdent pas espoir envers et contre tout.