Vers le Dimanche 19 décembre 2021
4eme Dimanche de l'Avent - Année C

Notre scène fait suite à une autre scène de visite : celle de l’ange Gabriel à une toute jeune femme de Nazareth en Galilée. Dans cet échange entre l’ange et Marie, il est fait mention de la grossesse inattendue de sa cousine Elisabeth qui était stérile. Cette nouvelle met Marie en mouvement : elle est « en sortie » comme dirait le pape François. Car loin d’être repliée sur son bonheur personnel de devenir la mère d’un sauveur, elle se met au service, elle qui justement se présente comme « la servante du Seigneur ». Et moi, qu’est-ce que je fais des nouvelles que je reçois ? M’aident-elles à me bouger et à servir ?

Marie part avec empressement. Ce message reçu de l’ange la met en route, lui ouvre un chemin. Et elle comprend que Dieu s’est manifesté à sa cousine comme il s’est manifesté à elle. Peu importe les difficultés de la route – tout de même elle fait seule le voyage entre la Galilée et la Judée -, l’important est d’oser la traversée. Dans son désir profond, on pourrait dire dans son discernement, il n’y a pas de place pour la peur de l’inconnu. Je confie au Seigneur mes incertitudes et mes paralysies intérieures qui m’empêchent d’avancer et d’oser aussi l’aventure.

Marie entre dans la maison de Zacharie, visité lui aussi quelques mois plus tôt dans le Temple de Jérusalem par un certain Gabriel. A l’inverse de Marie, il a douté et il s’est retrouvé muet. Mais la promesse de l’ange s’est tout de même réalisée. Zacharie et Elisabeth vont devenir parents comme d’autres couples stériles avant eux dans les Ecritures : Abraham et Sara, Isaac et Rebecca, Anna et Elkana… En ce jour, je peux confier au Seigneur tous les couples qui n’arrivent pas à avoir d’enfants ainsi que toutes les personnes qui ne ressentent pas la fécondité de leurs vies. Seigneur, viens à notre aide !

La salutation de Marie à Elisabeth provoque une réaction inouïe : l’enfant en son sein tressaille. L’enfant a reconnu celui que Marie porte. Contemplons cette scène intime entre deux enfants pas encore nés et entre ces deux femmes comme « ensemencées » et marquées par l’Esprit Saint. Et le signe de la présence de l’Esprit en elles et en nous, c’est la joie ! Je choisis de faire mémoire des signes de joie dans ma vie, des moments de consolation que j’ai vécus ces jours-ci et j’en rends grâce à Dieu.

Après la réaction de son enfant, c’est au tour  d’Elisabeth de laisser libre cours à son émotion. Sa louange est puissante :  « Tu es bénie entre toutes les femmes et le fruit de tes entrailles est bénie. D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? » C’est une profession de foi, une action de grâce qui dépasse cet instant particulier. Oui, elle se rejouit du choix de Dieu. Loin d’être dans la jalousie, elle s’exprime avec humilité devant « la mère de (s)on Seigneur ». Comment je me réjouis des cadeaux que Dieu fait aux autres ? Comment je m’installe aujourd’hui dans la louange ?

Ces femmes sont toutes les deux des femmes de foi, des croyantes : l’une et l’autre ont cru en l’accomplissement de paroles qui leur furent dites de la part du Seigneur. Leurs deux enfants sont le fruit d’un acte de foi et d’espérance en un Dieu pour qui rien n’est impossible. Un Dieu qui veut sauver l’humanité en passant par l’intime de la vie et de la chair pour se faire proche. Ainsi dans cette humble maison, c’est toute l’histoire du salut qui se dessine, sans bruit. Car pas d’éclats ni de musiques de fond, juste la foi simple et entière de ces femmes qui font confiance. Je demande au Seigneur en ce jour de faire grandir en moi la foi en lui. Comment j’accueille à mon tour les promesses qui me sont faites, pour moi mais aussi pour ce monde à aimer et à sauver ?

Aujourd’ui, à quelques jours de Noël, c’est Dieu lui-même qui nous invite dans sa maison. Comme dans la maison de Zacharie et d’Elisabeth, il s’agit d’entrer dans la contemplation de ce qui ne fait pas de bruit et dans la louange pour tous les bienfaits de Dieu. Et en ces temps parfois bien moroses, il est bon d’accueillir la joie qui vient de Dieu, signe de l’Esprit Saint qui nous veut du bien ! Saurons-nous nous laisser accueillir par Dieu ? Saurons-nous choisir son hospitalité chaleureuse pour la partager dans notre assemblée et avec ceux que nous rencontrerons dans ce temps de Noël ? Comme Marie, devenons des hommes et des femmes de l’accueil de la parole de Dieu en nous et des gens capables de servir avec empressement les plus fragiles. Devenons des « évangiles » ambulants, tenaces porteurs de sa joie lumineuse au coeur même des ténèbres !