Vers le Dimanche 17 décembre 2023
Vers le 3ieme Dimanche de l'Avent – Année B

Comme pour les grands moments de l’histoire de son peuple, Dieu se choisit un homme pour une mission bien particulière. Après Noé, Abraham, Moïse, David, Elie et tous les prophètes, Dieu suscite un prophète qui parlera en son nom. Il s’agit ici de Jean. C’est aussi le cas de chacun de nous de par notre baptême. Faisons mémoire de ce choix, repensons à notre mission particulière que nous n’avons pas choisie nous-mêmes mais qui nous a été donnée. Je me laisse appeler par mon nom par celui qui m’envoie. Et je rends grâce car Dieu a choisi d’avoir besoin de moi pour porter sa bonne nouvelle.

Le témoin est celui qui rend compte de ce qu’il a vu ou entendu d’un événement. Comment rendre compte de la lumière si on n’en est pas totalement pénétré ? La lumière est ce qui donne existence aux choses, formes et couleurs. Elle donne sens : à la fois orientation et sens vers. Le témoin n’est pas lumière mais il lui faut être suffisamment transparent, dégagé de lui-même pour laisser passer cette lumière, « Verbe de Dieu » afin que tous croient par lui ». Seigneur, donne-moi la grâce de ne pas me prendre pour la lumière : enlève en moi tout ce qui éteint ta lumière.

Je vois les « enquêteurs » qui viennent interroger Jean et j’entends la distance qu’il y a entre eux et Jean. Ils sont missionnés par d’autres qui veulent sans doute « régler le problème » avant qu’il ne prenne trop d’ampleur. On est comme dans un procès, préfiguration de ce qui arrivera au Messie à venir. Ces « envoyés » ont un statut et ils s’approchent de Jean comme s’il était un grand personnage : « Elie, le grand prophète annoncé. » A toutes leurs interrogations, Jean répond : « je ne suis pas… » Il doit bien les agacer : « alors qui es-tu ? » Et moi, si on m’interrogeait sur ma personne, que répondrais-je, Seigneur ?

« Je suis la voix de celui qui crie dans le désert : Redressez le chemin du Seigneur, comme a dit le prophète Isaïe. » Peut-être nous lamentons-nous sur notre monde en le qualifiant de désert spirituel, sans âme, prisonnier de l’efficacité ou du plaisir immédiat. Qu’est-ce que j’y peux ? Ai-je le courage de crier « redressez le chemin » par mes propres engagements, mon intercession ou/et en offrant humblement mon impuissance dans la confiance ?

Cet appel est aussi pour moi. Sur la route de ma vie, il y a sans doute des nids de poule ou même des fossés à combler : dans l’espérance de sa lumière, je demande au Christ de me faire voir ce qui me manque pour faciliter sa venue. Par quels moyens puis-je combler ces trous ? Formation pour mieux servir, temps donné au Seigneur, rencontres suscitées, lecture spirituelle, accompagnement ? Redresser, c’est aussi raboter les bosses : obstacles à l’amour et à la vérité. Alors, aujourd’hui, je rabote.

Les enquêteurs ne semblent pas touchés par l’interpellation de Jean. Ils ont à rendre compte aux pharisiens : pourquoi baptise-t-il, et de quel droit ? Jean répond simplement : « Moi, je baptise dans l’eau. Mais au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas ». Il annonce un autre baptême, la plongée du Verbe dans notre humanité, là au milieu de nous. Je cherche alors à repérer Jésus dans la foule d’attente de ceux qui viennent voir Jean, au bord du Jourdain, mais aussi dans les rangs de ceux qui aujourd’hui attendent une vie meilleure

Jean n’est pas un disciple qui suit le Maître. Il est devant. Précurseur. Il annonce la lumière qui vient. Témoin. Il trace une piste pour Jésus et ne se définit par rapport à lui tout en gardant une humble place :« Je ne suis pas digne de délier la courroie de sa sandale ». Certaines personnes souffrent d’être seulement connues par rapport à quelqu’un d’autre : le fils du Professeur X ou la mère de Y… Elles ne sont pas reconnues pour elles-mêmes. Jean n’est pas gêné par cela. Il insiste même sur cette relation. Son père Zacharie l’avait annoncé : « Tu seras appelé prophète du Très-Haut ; tu marcheras devant à la face du Seigneur et tu prépareras ses chemins. (Luc 1,76) » Jean annonce notre identité à naître : être fils/fille du Père aimant qui est dans les Cieux. Alors restons dans la confiance et la joie de l’attente de Celui qui vient.