Vers le Dimanche 10 décembre 2023
Vers le 2ieme Dimanche de l'Avent – Année B

Nous sommes au début de l’évangile de Marc, au début du récit de la bonne nouvelle de Jésus, Christ, Fils de Dieu. Un commencement qui ne fait pas fi de ce qui le précède. La nouveauté de l’évangile est ancrée dans une histoire. Chaque année le temps de l’Avent nous invite à accueillir cette bonne nouvelle comme un commencement en notre vie. En ce début de semaine, je peux faire mémoire de mon histoire de vie, de foi. Je peux nommer avec gratitude ce qui a aidé mon chemin, déposer avec confiance ce qui a été lourd, remettre dans l’espérance ce qui est en attente.

Pour nous parler de Jésus-Christ, celui que nous cherchons de tout notre cœur, celui que nous désirons connaître et aimer davantage, saint Marc nous fait faire un grand détour en nous rappelant la parole d’Isaïe le prophète. Ce détour, comme Moïse en son temps, est un espace pour nous disposer à écouter, à accueillir plus profondément la Parole. Aujourd’hui, je peux prendre le temps d’habiter les gestes et le silence de ma prière, tout simplement, pour redire au Seigneur que je l’attends, que mon cœur est prêt à l’accueillir, que mon désir de l’écouter est grand.  

La parole du prophète Isaïe se fait l’écho d’une invitation à ouvrir, à préparer le chemin du Seigneur. Echo d’une voix qui crie dans le désert. De quel désert s’agit-il aujourd’hui ? Désert de sens, désert de paix, désert de relations vraies… C’est là aussi, là surtout peut-être, que la bonne nouvelle nous attend, nous invite à déployer notre énergie, notre créativité. Dans quel désert, personnel, familial, social, communautaire… est-ce que j’entends un appel à ouvrir un chemin pour le Seigneur ? Dans quel désert est-ce que j’espère sa venue ?

Dans cette attente de la venue du Seigneur, il y a un homme, Jean. L’ange avait dit à Zacharie son père : « il sera grand devant le Seigneur … il marchera devant, en sa présence » (Luc 1, 15.17). Marc nous le décrit vivant dans une grande sobriété. Je peux regarder Jean, l’imaginer dans le désert, seul ou entouré de la foule. Sa mission, si « haute et grande » soit-elle, ne fait pas de lui un « grand » selon le monde. Il est pauvre devant Dieu et devant les hommes. Comment j’accueille sa manière de vivre, d’accomplir la mission qui est la sienne ?

« Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ… Il nous a choisis, dans le Christ, avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints, immaculés devant lui, dans l’amour » nous dit Paul en ce jour de la fête de l’Immaculée Conception (Eph 1,3-4). Que nous soyons saints, tel est le projet de Dieu pour chacun de nous. Comme la foule qui se pressait autour de Jean pour recevoir un baptême de conversion, je peux me laisser inviter à cette démarche, quelle qu’en soit la forme : reconnaître l’amour dont je suis aimé, reconnaître ce qui m’en éloigne, revenir à Celui qui me sauve.

Jean baptise avec de l’eau. Ce geste simple porte en lui un sens fort : l’eau, indispensable à la vie, désaltère celui qui a soif, lave ce qui est souillé, revigore ce qui est fatigué… L’eau est une bénédiction ! Mais Jean, humblement, invite ceux qui viennent à lui, à ne pas s’arrêter là, car après lui vient celui qui baptisera dans l’Esprit. Comme la foule, je suis en chemin. Qu’est-ce-qui a le goût de l’eau sur ma route ? Qu’est-ce qui me redonne force et vie ? Quel chemin vers un davantage s’ouvre devant moi ?

« Jean est la voix, et le Christ la Parole » (saint Augustin, sermon 288). La voix n’est rien sans la parole, mais la parole a besoin de la voix pour se faire entendre. Jean est la voix ; il se dit aussi l’ami de l’Epoux (Jn 3,29). Nous pouvons méditer sur cette amitié entre Jean et Jésus. « Voici votre Dieu ! Voici le Seigneur Dieu ! Il vient… » nous dit Isaïe dans la première lecture. Il vient pour nous, mais surtout avec nous, pour sceller une alliance éternelle. Il vient pour que nous devenions ses amis (cf. Jn 15, 15). C’est bien là une facette du mystère de l’Incarnation que nous nous préparons à célébrer : Dieu, le Tout-Puissant, se fait l’un de nous et nous invite à vivre en amitié avec lui. Ouvrons grand la porte de notre cœur pour l’accueillir et marcher avec lui sur le chemin de nos vies !