Vers le Dimanche 11 février 2024
Vers le 6eme Dimanche du Temps Ordinaire - Année B

C’est la double peine quand on est lépreux. Aux désagréments de cette maladie invalidante s’ajoute la déclaration d’impureté par la législation religieuse (Lv 13,45-46). Victime, le malade est déclaré coupable et souffrant, il est rejeté. Et ceux qui le touchent aussi. La précaution sanitaire renforce l’exclusion. Le lépreux n’a aucune chance. Je peux penser à tous ceux qui se retrouvent exclus parce qu’ils sont faibles, malades, différents ou pauvres. J’entre dans la peau de ce lépreux, devant Jésus, en communion avec toutes les victimes. Seigneur Jésus, viens me guérir… de mes peurs de rejoindre les lépreux d’aujourd’hui.

La démarche du lépreux semble désespérée. En fait elle provient au contraire d’une espérance incroyable. La présence de Jésus ouvre du nouveau au sein du système social et religieux qui l’a exclu. Contre toute attente, serait-il enfin possible de guérir ? Je réfléchis à tous les lieux du monde ou de ma vie, à toutes les liens dans lesquels l’espérance semble éteinte. Seigneur Jésus, comme pour ce lépreux, viens faire grandir en moi l’espérance.

Jésus est « saisi de compassion ». La même expression est employée dans la parabole du bon Samaritain ou lors de la multiplication des pains. Ce ne sont pas juste de bons sentiments. C’est une force intérieure qui pousse Jésus, ému jusqu’aux tripes, à se rendre proche de ceux qui souffrent. Et il le fait sans reculer, sans se ménager. Et dans notre scène, il ne craint pas d’étendre la main, de toucher cet « intouchable ». Seigneur Jésus, donne-moi la grâce de la compassion et celle du courage pour aller au-delà de mes résistances.

Le geste de Jésus n’est pas seulement remarquable, il est risqué – la suite va le montrer – et scandaleux. Mais qu’importe ! Quand il s’agit de sauver un homme, Jésus n’hésite pas et agit sans calcul. C’est peut-être cela la vraie liberté. Combien de fois freinons-nous nos élans de générosité par peur du regard des autres et des jugements de notre milieu social et ecclésial ? Seigneur Jésus, viens faire grandir en moi la vraie liberté.

Garder le secret, c’est une demande que Jésus fait à plusieurs personnes guéries. D’une part, si la guérison s’ébruite, Jésus ne pourra plus aller librement de village en village. Il ne sera vu que comme un thérapeute et on n’écoutera plus son message. Et d’autre part, dans notre scène, il y a encore des démarches à faire pour être réintégré dans la communauté. Seigneur Jésus, apprends moi à écouter ce que tu me demandes même quand je ne le comprends pas.

Même si l’on comprend la demande ferme et légitime de Jésus, laissons-nous toucher par la joie de cet homme dont la vie va complètement changer. Regardons-le raconter à tous les bienfaits de Dieu pour lui et contemplons les foules qui viennent à Jésus. Seigneur Jésus, mets en moi le goût pour la gratitude et la louange.

Ce dimanche 11 février – fête des apparitions de Marie à Lourdes – est la journée mondiale de prière pour les malades. C’est l’occasion de réfléchir à nos manières d’être et de faire. Peut-être est-ce spontanément que l’on éloigne celui qui est malade, pauvre, pécheur, lorsqu’on fait partie du groupe des bien-portants. Mais ce n’est pas la logique de Dieu. Jésus nous la révèle : avec sa miséricorde, il tend la main et accepte de toucher. Il change la condamnation en salut, l’exclusion en annonce. A sa suite, plutôt que de nous laisser conduire par la peur de perdre, cultivons le désir de sauver ceux qui sont perdus. Dès ce dimanche, en Église, c’est l’occasion d’être attentifs ensemble à ceux qui souffrent et se sentent exclus dans nos communautés. Allons, un peu de cœur et de courage !