Vers le Dimanche 18 février 2024
Vers le 1er Dimanche de Carême - Année B

Que fait Jésus au désert pendant quarante jours, poussé par l’Esprit ? Ce temps est manifestement habité ! « Il vivait parmi les bêtes sauvages, et les anges le servaient », alors que le désert, par définition, devrait être un lieu de dépouillement, de solitude. Les faux-semblants y sont interdits : je ne peux plus compter sur moi seulement, je dois faire confiance et m’ouvrir au soutien des autres, du tout Autre. Jésus, je te demande de venir habiter mes déserts.

« Jésus venait d’être baptisé » : lui aussi ? Qu’est-ce que cela change ? Rien et tout ! Rien : cela n’empêche pas Jésus d’être tenté ! Tout : il se laisse pousser par l’Esprit, signe qu’il en est empli. Et pour moi, en est-il de même ? Je peux reconnaître que je suis tenté, mais est-ce que j’ose m’appuyer sur l’Esprit reçu au baptême pour affronter la tentation ? Jésus, je te demande d’apprendre à laisser faire en moi l’Esprit Saint reçu au baptême, dans la confiance.

En ce jour d’entrée en Carême, l’Eglise nous invite à être marqué d’une croix de cendres, et, comme le vendredi saint, à jeûner et faire abstinence. Dans quel état d’esprit est-ce que je commence cette période : vais-je plonger en apnée ou dilater mon cœur ? Pour Jésus, dans l’évangile de Marc, les quarante jours au désert semblent passer telle une lettre à la poste ! Je demande au Seigneur de ne pas me crisper face à la tentation, d’avoir un visage joyeux à chacun des petits gestes que je lui offrirai.

Jésus affirmait voilà deux mille ans : « Les temps sont accomplis, le règne de Dieu est tout proche » ! A regarder notre monde, le règne de Dieu n’a pas l’air si présent que cela… Comment concilier cette parole avec la réalité de notre temps ? Deux possibilités : soit je n’ai pas la même notion du temps que Jésus, soit je ne décèle pas encore les signes du royaume autour de moi. Jésus, je te demande de regarder le monde dans lequel je vis avec l’espérance de la foi.

« Après l’arrestation de Jean », et pas avant ! Jésus a laissé le dernier prophète accomplir sa mission jusqu’au bout, il a respecté le temps de Jean.  Jésus sait attendre. Il ne brusque pas, malgré son désir ardent : « je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! » (Lc 11, 49). Il attend quotidiennement que je lui laisse une place dans mon cœur. Je lui demande de m’aider à faire de l’espace pour lui dans mon quotidien.

Jésus change deux fois de lieux : il est poussé par l’Esprit au désert, avant de partir en Galilée. Ces déplacements sont peut-être physiques, mais révèlent surtout des attitudes spirituelles différentes et complémentaires : le combat spirituel mené grâce au glaive de l’Esprit (Ep 6, 17), l’annonce de la Bonne Nouvelle (Rm 10, 9). Pour moi, je serai rendu capable d’annoncer à mon tour l’Evangile si au quotidien je me convertis-au sens propre, me retourne. Je demande à Jésus de m’aider à me déplacer.

« Dans le ciel et sur la terre. Les êtres visibles et invisibles (…) tout est créé par lui et pour lui. » (Col 1, 16) N’est-ce pas ce dont je suis témoin lorsque je vois Jésus au désert parmi les bêtes sauvages, alors que les anges le servent ? Jésus ne s’alarme pas du serpent ou de la hyène qui rôdent. Avec lui, la création entière, dont les anges font partie, est en paix, comme annonçait le prophète (Is 11, 6) : « sur le trou de la vipère, l’enfant étendra la main. » Oui, Jésus rend le Royaume de Dieu présent parmi nous. Je lui demande de reconnaître sa victoire effective dès aujourd’hui.