Vers le Dimanche 11 août 2024
Vers le 19eme Dimanche du Temps Ordinaire– Année B

Les contemporains de Jésus récriminent contre lui, comme leurs ancêtres jadis dans le désert après la sortie d’Égypte. Récriminer est l’attitude toxique de celui qui, selon l’étymologie, n’a « pas les bonnes lunettes » et qui se concentre d’abord sur ce qui va mal plutôt que sur ce qui va bien. Pas facile de ne pas « râler » devant tout ce qui semble mal fait ou mal ajusté autour de nous, dans la société comme dans l’Eglise ! Je demande pour cette semaine au Seigneur la grâce des « lunettes 3 B » comme on dit au MEJ. Apprendre à voir, sans naïveté, le Beau, le Bon et le Bien, au cœur même des aléas de notre monde imparfait.

C’est la fête de la Transfiguration. Resplendissant, Jésus continue de « descendre du ciel » pour se révéler à nous. La montagne est par excellence le lieu de la rencontre avec Dieu. Rappelons-nous le mont Horeb pour Moïse, le mont Carmel pour Elie, et ici le mont Thabor pour les disciples. Nous avons aussi nos propres montagnes sur lesquelles nous avons pu rencontrer Dieu : un temps fort liturgique, une invitation intime, une conversation… Je choisis en ce jour de gravir avec Jésus la montagne de la prière et de de la confiance.

Cette scène rappelle le chapitre 4 de l’évangile de Luc, quand Jésus revient à Nazareth et qu’il choque profondément les gens de son village. N’est-il pas le fils du charpentier, n’est-il pas celui que l’on connaît bien ? Oui et en même temps, il est d’ailleurs, il est le Fils de Dieu. Connaissons-nous vraiment Jésus ? Connaissons-nous si bien les gens ? Je choisis aujourd’hui de « contempler » une personne que j’aime (ou que je n’aime pas assez) en considérant qu’une part d’elle vient du ciel et témoigne de Dieu malgré ses limites. J’en profite pour changer mon regard sur elle.

Par deux fois, Jésus donne les conditions pour que quelqu’un vienne à lui, et les deux fois, c’est l’œuvre du Père qui permet à quiconque de venir à Jésus, c’est-à-dire d’accueillir la Bonne Nouvelle dont il est porteur. Nous sommes plus habitués à voir Jésus à l’œuvre pour conduire vers le Père, plutôt que l’inverse. Je demande au Père la grâce de me « lier » pour de bon à son Fils et d’être fidèle à ce lien.

L’enjeu de venir au Christ n’est rien moins que la résurrection et la vie éternelle. Et Jésus précise, avec une certaine emphase (« Amen, amen, je vous le dis ») : « Il a la vie éternelle, celui qui croit. » Ainsi donc, venir au Christ, croire en lui, nous ouvre la voie à la résurrection « au dernier jour » mais aussi nous procure en cet instant même la vie éternelle ! Je peux méditer sur le fait que la foi me fait vivre dès maintenant quelque chose de la vie éternelle. J’essaie aussi de repérer dans mon existence passée ou présente des moments où j’ai vécu, où je vis, en plénitude.

En la fête du diacre romain Laurent, il est bon d’entendre cet appel à disciple du Christ, à nous laisser « instruire par Dieu lui-même ». Le Père, nous ne l’avons jamais vu mais nous contemplons son image parfaite en la personne de Jésus. Et l’enseignement de Dieu vise à nous laisser conduire par ce même Jésus, à mettre nos pas dans les siens. La foi chrétienne ne consiste pas tant en un enseignement ou en des valeurs qu’en une adhésion à Jésus. Je peux réfléchir à ces deux questions qui traversent les évangiles : qui est Jésus pour moi ? Et ai-je le désir de le suivre ?

Les chants de la liturgie ne manquent pas pour célébrer ce mystère de Jésus nourriture. En ce dimanche, choisissons un air ou un refrain qui nous tient à cœur : « Voici le corps et le sang du Seigneur… », « Qui mange ma chair… »,
« Approchons-nous de la table… » Que ces chants nous aident à entrer dans l’aventure eucharistique. Toute la vie terrestre de Jésus n’a consisté qu’en cela : restaurer la vie partout où il passait, par ses paroles, ses actes, ses appels, les guérisons et miracles qu’il accomplissait. Et c’est cette vie terrestre, dans toute sa profondeur, dont nous faisons mémoire et qui se rend présente à nous à travers ces aliments banals devenus extraordinaires. Ainsi vivifiés, nous voici à notre tour envoyés pour témoigner de cette vie en plénitude dont le monde a besoin. Dès lors, la question est : comment manifesterons-nous cette vie cette semaine ?