Vers le Dimanche 09 juin 2024
Vers le 10eme Dimanche du Temps Ordinaire– Année B

Bien avant d’instituer l’eucharistie en partageant son corps avec ses apôtres lors de la Pâque, ce que nous avons célébré hier avec la fête du Saint-Sacrement, Jésus s’est donné en nourriture, au point… de ne plus pouvoir lui-même manger ! C’est ce qu’indique le début de notre passage, où Jésus, revenant chez les siens, ne s’appartient déjà plus depuis longtemps. Je m’immerge dans cette « foule » en devinant ce dont elle est en attente, pour être si oppressante.

Il a « perdu la tête », il est « possédé par Béelzéboul » : les soupçons proviennent, entre autres, de la parenté de Jésus, soit ceux qui l’ont vu grandir et sont donc supposés bien le connaître. Il est d’une manière de refuser de croire en l’extraordinaire qui habite nos proches, ceux qui nous sont familiers… À tel point que nous les croyons fous ou appartenant au diable : grave accusation. Seigneur, dessille le regard que je porte sur mes proches, que je les voie habités de Ton Esprit.

Jésus répond par quelques exercices de logique, relevant que Satan ne peut se vaincre lui-même, aussi la victoire vient d’un plus fort que lui. Rendre au sabbat sa juste place, guérir les paralysés : toutes ces œuvres témoignent de la puissance de Dieu en marche. Fort de l’enseignement de Jésus, je fais mémoire d’un fait (échange d’un pardon, guérison, acte de charité…) dont j’ai été le témoin au cours des douze derniers mois. Je rends grâce au Seigneur pour sa puissance.

Y’a-t-il des péchés impardonnables ? L’heure n’est pas à l’argutie théologique, mais à la prise au sérieux d’un avertissement, un péché « contre l’Esprit » ne peut être remis. Qu’est-ce à dire ? Peut-être, justement, croire que l’amour de Dieu provienne du Malin. Plus la grâce surabonde, plus l’enfermement sur soi est fort, plus la situation est bloquée. Je prie le Seigneur pour que l’Esprit, qui m’habite, ne me fasse jamais atteindre cette situation-limite.

La famille de Jésus finit par rappliquer, ses membres « cherchent » Jésus. Quels peuvent être leurs sentiments intérieurs ? Si nous-mêmes nous disons « chercheurs de Dieu », on peut supposer qu’eux, d’après la perception qu’ils ont de Jésus, souhaitent le faire « rentrer dans le rang » ! Et moi, quel regard est-ce que je porte sur mes proches ? Sur leur volonté d’émancipation de la tutelle familiale ? A fortiori s’ils manifestent une vocation originale (artiste, vie religieuse…).

Jésus redéfinit l’appartenance à une lignée familiale en l’élargissant à ceux qui « font la volonté de Dieu ». Critère à la fois concis et net, inclusif. Je médite cette expression, « faire la volonté de Dieu », et me rends ainsi compte que j’ai des frères et sœurs au-delà des frontières de la seule Église-institution. Qu’aussi, en son sein, certains des frères sont à reprendre et corriger. Que le Seigneur affermisse ma recherche de mes frères et sœurs, et que je me laisse trouver par eux.

Depuis la Genèse (1ère lecture), nous sommes dans la confusion : le serpent a tordu notre intelligence, le fruit a paru bon pour acquérir l’intelligence. Depuis, nous nous imaginons un Dieu avare, jaloux, et quand le bien est fait, comme dans l’Évangile, pointe le soupçon qu’il s’agisse de l’œuvre du mauvais. Aujourd’hui, certains témoins d’authentiques actes de charité imaginent par exemple que leurs auteurs les ont commis pour se faire bien voir des autres hommes et leur propre gloire. Certes, nos motivations sont souvent mêlées. Demandons l’esprit de discernement, en communauté, pour repérer les serviteurs de la volonté de Dieu.