Vers le Dimanche 05 février 2023
Vers 5ème dimanche du Temps Ordinaire– Année A

Cette expression commune « passe-moi le sel » dit bien l’importance de ce condiment pour augmenter la saveur de plats trop fades. Jésus se sert de cette image familière pour apprendre à ses disciples qui ils sont, alors qu’ils ne s’en rendent pas forcément compte. Vous « êtes », et non « serez » ou « pourriez être » ou encore moins « devriez être ». Moi, qui lis ces lignes, je le « suis » également, même si je ne le crois pas. Aujourd’hui, je prends plusieurs petits moments de prière en mettant un peu de sel (fin ou gros) sur ma langue. Et je laisse le sel rehausser ma saveur de disciple de Jésus.

Comme à son habitude, Jésus voit grand. Il invite toujours à élargir l’espace de notre tente. Nous ne sommes pas sel pour notre maison, ni pour notre patrie ou notre Église. Tirés de la terre, nous sommes aussi, comme disciples de Jésus, « sel de la Terre ». Ce n’est pas un manque de modestie, ni un triomphalisme déplacé. Être disciple de Jésus rend solidaire de la Terre. Je prie le Seigneur en regardant la terre, celle qui colle à mes pieds, et celle qui se découvre à mes yeux à l’horizon. Je tends les bras et pose les pieds par terre : je suis sel !

C’est le risque majeur qui guette tout disciple : perdre de la saveur, ne plus vivre de la joie qui donne goût à la vie, être trop épicé ou aigre dans ses paroles au point de tuer toutes les autres saveurs dans leur grande subtilité et délicatesse… Je me pose tranquillement devant le Seigneur et, avec lui, je reconnais les paroles ou les actions qui me font perdre le goût de ma vie de baptisé. Seigneur, redonne-moi de ton sel.

Aujourd’hui, fête de la Présentation de Jésus au Temple, et fête de tous les consacrés. Les lumières de la Chandeleur viendront éclairer la messe et les crêpes dorées illumineront les yeux de tous les gourmands, petits et grands ! Noël, c’était il y a 40 jours. Mais être lumière du monde, c’est tous les jours que Dieu fait depuis mon baptême ! Et hop, j’allume une bougie et, à sa lumière, je prie en me laissant illuminer par Jésus, lumière née de la lumière. Si je connais des personnes consacrées, c’est « le » jour pour prier avec elles et pour elles.

Jésus est plein de bon sens : personne ne va installer une ampoule électrique, même à faible consommation, pour éclairer sous un lit ou sous une table basse. La lumière est faite pour diffuser sa clarté et permettre à chacun de voir et de se déplacer dans une pièce. Sinon, dans l’obscurité, difficile de trouver ce qu’on cherche, et facile de se cogner aux meubles. Dans ma prière, je laisse le bon sens de Jésus m’éclairer sur ce que signifie être, comme le dit et répète le pape François, disciple-missionnaire. Comment est-ce que je vis ce trait d’union lumineux ?

Cette invitation de Jésus étonne, lui qui fustige si souvent ceux qui aiment se montrer et se faire voir des autres, par exemple en prenant les premières places ou encore en priant ostensiblement. Or, ici, ce n’est pas « nous » qui brillons devant les autres, mais la lumière, c’est-à-dire ce que nos actes et nos paroles font voir presque malgré nous, naturellement et non intentionnellement. Je fais mémoire des personnes qui ont été lumière dans ma vie. Seigneur, merci. Et fais que je ne me prenne pas pour « une » lumière, mais que je reflète ta lumière.

Tout pour la gloire de Dieu (ou une plus grande gloire de Dieu, diraient les Jésuites) : tel est l’invitation lancée par Jésus à ses disciples, donc à chacun de nous. Il n’est pas question de se croire meilleur que les autres. Jésus n’a jamais été de ce côté-là, celui de la comparaison ou du jugement de valeur. Il souhaite « seulement » nous voir vivre et agir comme disciple en imitant sa manière de faire : avoir le goût des autres et les relever (chaque être humain est un bon plat qui s’ignore, unique, original et aimé de Dieu), être lumineux dans ses paroles et ses actions, sans jamais agir dans l’ombre, ni tenir des propos obscurs. Alors, le vœu le plus cher de Jésus se réalisera : que tout être vivant rende gloire à Dieu. La messe dominicale est un bon entraînement pour cela, pour nous, et pour ceux qui ne soupçonnent pas à quel bonheur ils sont conviés.