Vers le Dimanche 26 juin 2022
Vers le 13ieme Dimanche du Temps Ordinaire – Année C

« Comme s’accomplissait le temps où il allait être enlevé au ciel », Jésus a décidé de monter à Jérusalem. C’est un moment décisif et l’évangéliste précise qu’il a « le visage déterminé », expression inspirée du « Serviteur souffrant » du livre d’Isaïe (50,7) : « c’est pourquoi j’ai rendu ma face dure comme pierre » pour affronter les opprobres. Cette marche vers Jérusalem nous place dans l’axe de la Passion car le conflit avec les pharisiens se durcit et l’accompagnement des disciples exige de plus en plus attention et patience. Seigneur, donne-moi la grâce de te suivre pas à pas, au cœur des combats et des incertitudes.

Dans ce périlleux périple, Jésus va opérer différemment, avec plus de prudence. Il envoie désormais des disciples en avant de lui sur le chemin mais voilà que ceux-ci, les deux frères qu’un autre évangile va nommer précisément « fils du tonnerre », veulent répondre à l’hostilité des habitants par la violence. Réflexe infantile et attitude assez éloignée de la manière de faire du maître. Seigneur, donne-moi la grâce d’agir comme toi, avec compassion et humour, face aux difficultés.

Jésus nous est présenté en mouvement, passant de village en village et tendu vers son but. Le texte semble lui-même s’accélérer, les entretiens se multiplient et les réponses fusent. Dans le premier échange où l’initiative revient à un disciple, Jésus fait part de son propre chemin : « Les renards ont des terriers, les oiseaux du ciel ont des nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête. » Comment je comprends l’expérience que Jésus décrit là ? Seigneur, donne-moi la grâce d’accueillir l’inconfort promis à tes followers ?

L’Eglise nous fait voyager puisque nous sommes ramenés aux débuts des évangiles, à la naissance de Jean Baptiste. C’est une invitation à contempler la manière de faire de Dieu : il a choisi de se faire petit enfant et de naître dans une famille, dans un temps particulier. Et son cousin, son aîné de 6 mois, sera là pour l’inspirer et pour le faire reconnaître. Seigneur, donne-moi la grâce de devenir comme Jean Baptiste, quelqu’un de ta famille prompt à te faire découvrir et aimer. 

Les réponses exigeantes de Jésus appellent chacun à le choisir, à le préférer. La difficulté vient de l’écart entre ce qui attire mon désir et le chemin pour y accéder qui me fait peur ou qui résiste. Le challenge provient en fin de compte de l’idée que la suite du Christ se réaliserait grâce à… mes propres forces. La dévotion Sacré Cœur que la liturgie nous invite à célébrer aujourd’hui nous rappelle que Dieu seul est à l’initiative de tout amour et que c’est lui qui mène les affaires dans nos liens avec lui. Seigneur, donne-moi la grâce de ne compter que sur toi.

Dans le deuxième dialogue, c’est Jésus qui lance à quelqu’un : « Suis-moi ». La réponse de l’homme est honnête. Mais Jésus l’invite à un « davantage » brutal : « Laisse les morts enterrer leurs morts ». Et il ne s’agit pas d’abord de renoncer à sa famille par ascèse. Il s’agit de préférer le Royaume et d’être envoyé : « Toi, pars, et annonce le règne de Dieu. » Dans le dernier échange, Jésus fait aussi référence au Royaume : « Celui qui met la main à la charrue et regarde en arrière n’est pas fait pour le royaume de Dieu »… Je relis toutes ces paroles et j’essaie d’en garder une en particulier en ce jour. Seigneur, donne-moi la grâce d’être libre et plus connecté intérieurement à ton Royaume.

L’évangile de ce dimanche est une vigoureuse invitation à la liberté. En effet en contemplant un Jésus déterminé, un Jésus exigeant dans ses demandes comme dans ses réponses, nous entendons un appel à grandir en vérité et avec courage. Car être libre consiste à se déterminer pour ce qui compte vraiment, c’est-à-dire ce qui est étroitement relié au Royaume dont Jésus parle tant. Et ce Royaume n’est pas un ailleurs nais bien le « réel » avec ses joies, ses exigences et ses contraintes qui nous ouvrent à la rencontre des autres. A la suite de Jésus, prenons courageusement la route de nos existences en nous détachant de ce qui n’est pas nécessaire et en nous attachant à lui et à son Royaume. Le monde et l’Eglise ont besoin de gens libres et disponibles pour tous.