Vers le Dimanche 26 janvier 2025
Vers le 3ieme Dimanche du Temps Ordinaire – Année C

Luc appartient à la lignée de ceux qui enquêtent sur Jésus. A cet effet, il relate des événements « objectifs » de la vie du Nazaréen. Il a donc un but affiché : soutenir Théophile dans ses hésitations et dans ses doutes. Il s’agit de l’aider à passer du Jésus historique, ancré dans la temporalité, au Jésus de la foi qui dépasse le temps ! En lisant les évangiles, est-ce que j’arrive à passer d’un Jésus figé qui répond à ma vision du monde à un Jésus ressuscité qui ne cesse de me déplacer ?

L’Esprit du Seigneur est évoqué par Luc dans le Nouveau Testament et par Isaïe dans la Première Alliance, comme celui qui pousse à agir. Sous son action, le prophète est envoyé annoncer la Bonne Nouvelle aux malheureux et Jésus revient annoncer cette même Bonne Nouvelle en Galilée, à Nazareth, chez lui. Est-ce que je crois l’Esprit du Seigneur toujours à l’œuvre aujourd’hui ? Puis-je nommer dans mon quotidien des signes de son travail à travers les autres, à travers la création et à travers moi ?

Est-il nécessaire d’être témoin oculaire pour devenir serviteur de la Parole ? Il est sûr que parmi les témoins, certains ont décidé de ne pas la servir. Et nous, sans être des témoins oculaires, n’essayons-nous pas d’être des serviteurs de cette Parole ? Et puisque Jésus a dit « Je suis avec vous jusqu’à la fin du monde » (Mt 28, 20), accueillons le fait qu’il est présent pour son temps comme pour le nôtre. Je laisse remonter en moi ces réflexions et ces questions, qu’est-ce qu’elles produisent en moi ?

Jésus se leva pour lire, on lui remit le livre, puis après avoir lu, il s’assit. Jésus est souvent en mouvement dans cette scène ! Et de fait il y a beaucoup de mouvements dans nos liturgies. Ils relèvent à la fois d’une scénographie pour la beauté de la forme et aussi d’une ritualisation qui veut soutenir la dimension communautaires de nos paroles et gestes. Quelle place est-ce que j’accorde à la liturgie ? Et quelles sont mes « liturgies personnelles » quand je prie ? Quelle place je donne au corps et aux mouvements quand je prie ?

La renommée élogieuse de Jésus le précède avant son arrivée à Nazareth. La lecture qu’il fait à la synagogue le jour du sabbat crée un effet d’attente : que va-t-il enseigner ? Jésus s’assoit : pour l’auditoire, temps d’intériorité ou déception ? Quand je vais à la messe, quelles sont mes attentes à l’égard de la communauté priante, à l’égard des chants, à l’égard du prêtre, à l’égard de Jésus ? Est-ce que je médite la Parole dans mon cœur ? Je peux prendre un temps de repos intérieur.

Luc dit « écrire pour » Théophile. Il serait étonnant que la vie de Jésus, dont Luc cherche à montrer la solidité des enseignements, s’adresse à un seul bénéficiaire ! Clairement ce prénom à l’étymologie signifiant tous ceux qui « aiment Dieu » et le cherchent avec intelligence et cœur renvoie à tous les lecteurs de tous les temps ! Mais le fait de parler à quelqu’un est une invitation à entendre un appel personnel à écouter chacun. Est-ce que j’accepte d’être le destinataire privilégié de cet écrit et de me laisser déplacer ?

Ce qu’annonçait le prophète Isaïe dans la Première Alliance s’accomplit avec Jésus : il guérit les infirmes, délivre les cœurs durs… A Jean-Baptiste emprisonné qui envoie ses disciples auprès de Jésus pour vérifier s’il est bien le Messie attendu (Lc 7, 19-22), ce dernier répond par ce même extrait d’Isaïe qu’il commente ici : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture… ». Dans nos prisons quotidiennes, est-ce que nous voyons autour de nous ou en nous cette Bonne Nouvelle à l’œuvre ? Est-ce que nous y croyons ? Exerçons-nous à nommer des moments de joie du Seigneur qui sont notre rempart comme le dit Néhémie dans la première lecture de ce jour.