Vers le Dimanche 12 mai 2024
Vers le 7° Dimanche de Pâques - Année B

Ce dimanche, l’Église a choisi de nous faire entendre une prière de Jésus. Prier sur une prière de quelqu’un d’autre n’est pas banal. Cela fait entrer dans l’intimité de la personne qui prie. C’est rare, délicat, impressionnant, signe d’une grande confiance. Jean commence par préciser que Jésus, pour prier, a les yeux levés au ciel. Belle manière de rappeler que prier, c’est entrer en relation avec quelqu’un qui habite au loin et qui se fait tout proche. Aujourd’hui, comme tous les jours de la semaine, je lève les yeux au ciel, si possible en étant dehors. Le regard ainsi tourné vers le haut, je prends conscience de la relation qui se crée.

Premier mot de la prière de Jésus : “Père”. Non pas Dieu ou Seigneur ou Maître ou… Première parole : une demande. Pour qui ? Pour nous. Pour quoi ? Pour que nous soyons comme lui et son Père : un. Je médite cette première parole. Je la laisse m’unifier.

Jésus raconte à son Père ce qu’il a vécu et fait avec ses disciples : “Quand j’étais avec eux…” Jésus parle au passé comme s’il était déjà parti, mort et ressuscité. Il raconte comment il a été “avec” ses disciples : il les a gardés unis…, il a veillé sur eux…, il a fait en sorte qu’aucun ne se perde (sauf Judas, le traître). Sa feuille de route était celle des Écritures : Jésus a donné vie à ce qui était écrit. Il a su jouer et interpréter la partition du Père, celle décrite par son nom, Jésus, Dieu sauve. Je savoure, dans ma prière, cette deuxième parole que Jésus adresse à son Père. Quel flash-back revient de ma vie ?

Jésus poursuit sa prière en “parlant” : “Je parle ainsi, dans le monde, pour qu’ils aient en eux ma joie”. Il est bon d’entendre aujourd’hui, jour de l’Ascension, ce que Jésus disait quand il était encore « dans le monde ». Sa joie, qu’il nous offre, est un beau synonyme de la résurrection. Et quand Jésus monte au ciel, elle ne nous est pas enlevée. Bien au contraire, elle s’ancre davantage en nous qui restons dans le monde. Les yeux levés au ciel, en ce jour de l’Ascension, j’écoute la parole. Jésus parle de moi à son Père. Quelle joie sur terre et dans le ciel !

La prière de Jésus évoque ensuite le lien entre les disciples et le monde. Pas facile : être dans le monde sans en épouser les magouilles, les mensonges et la violence. La ligne est claire : pas question de se retirer du monde, mais être gardés du Mauvais, oui ! Jésus n’est pas naïf dans sa prière. Elle n’est pas un refuge hors sol. Bien au contraire, elle s’ancre dans la réalité du monde. Et moi, comment je me situe dans le monde ? J’en parle au Père à la manière de Jésus.

Un point commun entre Jésus et nous ? Avoir été envoyés dans le monde, Jésus par son Père, nous par Jésus. Jésus ressuscité enverra ses disciples non pas prier dans une église, mais annoncer une bonne nouvelle aux quatre coins du monde. La prière ne replie pas sur soi. Elle fait sortir. La vie d’un baptisé ressemble fort à celle de Jésus : être envoyé dans le monde. Je contemple Jésus prier celui qui l’a envoyé dans le monde. Je fais de même en me considérant comme envoyé à mon tour.

La fin du passage évangélique peut surprendre. Sanctifier signifie habituellement devenir saint. Mais “se” sanctifier “soi-même” ? Appliqué à Jésus, ce verbe renvoie à l’offrande que Jésus fait de sa vie en allant librement vers la mort. Il se donne lui-même pour que nous soyons enfin délivrés de tout ce qui nous empêche d’être comme lui, c’est-à-dire saint. Et cela “dans la vérité”, en clouant définitivement le bec au père du mensonge. À la messe, en sanctifiant nos offrandes, le pain et le vin, l’Esprit Saint donne d’entrer en communion avec le Ressuscité pour vivre avec lui, comme lui, dans le monde.