Nous vous donnons rendez-vous pour un temps d’enseignement et de prière à 20h30 en direct lundi 4 décembre, pour donner l’élan et la couleur de la semaine (env. 40 min). L’enseignement est disponible en podcast pour une écoute à un moment librement choisi (15 min).
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Enseignement – Semaine 1 – Benoît de Maintenant sj
Dans cette reprise, j’indique les éléments principaux de la première soirée du 4 décembre sur le thème du désir et de l’insatisfaction. Le désir, c’est un mot aux définitions floues, chargées de nombreuses connotations positives et négatives. Nous partirons du point suivant : Le désir est le moteur profond de la vie, ce qui nous met en mouvement, la force d’attraction qui pousse à inventer sa vie.
Le désir n’est jamais clair. Il n’est pas de l’ordre d’une idée fixe, d’un métier, d’un lieu ou de quoi que ce soit de précis. Le désir est d’abord une attraction. On le reconnaît parce qu’on est attiré vers quelque chose et ce quelque chose peut passer, changer, se modifier au fur et à mesure du temps. On pourrait dire que le désir est une sorte de force qui nous attire vers un cap.
Pour le marin, ce serait l’appel de la destination. Mais parfois, pour le marin, c’est simplement l’envie de sortir du port, l’envie de naviguer. Alors pour nous, il est important de garder en tête que le désir n’est pas clair. Si le désir n’est pas figé ou net dès le départ. Il est important de se redire que le temps permet de l’affiner. Le temps permet de le comprendre.
J’aime bien raconter cette envie d’être officier de marine quand j’étais jeune. Manque de chance, je n’étais pas bon en maths et j’avais des yeux trop myopes pour les exigences militaires de l’époque. En terminale, j’ai dû choisir une orientation différente de celle imaginée avant. Devenir officier de marine était impossible. Ça a été la fin d’un projet, mais pas la fin de mon désir.
À travers l’envie d’uniforme, j’ai compris que je souhaitais travailler avec d’autres. A travers l’envie d’être militaire, j’ai senti que je souhaitais travailler à la paix, mais pas seulement autour de moi aussi, dans le monde entier. En comprenant ça, j’ai pu élargir mon désir avec ces termes : Travailler avec d’autres, à la paix, dans le monde entier. Mais ces expressions ne sont pas beaucoup plus claires aujourd’hui dans l’ordinaire.
J’ai travaillé par exemple dans un lycée, difficile de dire que j’étais sur un chantier mondial. Et pourtant, si ! J’ai compris qu’en prenant soin des jeunes qui étaient là dans les classes du lycée, il y a une manière de travailler avec d’autres pour la paix et dans le monde entier. Ces jeunes vont grandir, voyager, bouger et créer notre ordinaire de demain.
Ce désir, qui est un horizon, nous accompagne toute la vie. Pour le connaître, il est bon de repérer le bon goût de l’existence. Nous pouvons repérer les petits « kiffs » du quotidien et les « grands kiffs » de la vie. Ceux dont le bon goût reste. Le bon goût de la vie, ce n’est pas seulement ce qui est agréable. Il y a un petit truc en plus qui nous rend heureux d’être ici ou là avec un tel ou une telle. C’est une manière de sentir que la vie est belle : Regarder une montagne et se sentir tout petit, se perdre dans les étoiles un soir d’hiver, voir un feu brûlé et sentir sa chaleur. Ce sont des exemples pour illustrer cet état intérieur, fin et délicat d’être heureux de vivre. Je ne perds pas mon temps à repérer quand est ce que ce bon goût se donne, dans quelle expérience, je l’ai senti, avec quelles personnes ou dans quelle situation ? Il s’agit de sentir également la différence intime entre deux choses bonnes. D’une part, la surface avec les émotions du moment. D’autre part, la profondeur où je découvre qui je suis vraiment. Un élève de 6ème racontait cette différence avec ses mots : Quand je joue 2 h aux jeux vidéo, je suis content. Quand je passe 2 h avec mon père au skate-park, je suis aussi content, mais c’est une joie différente, plus profonde, qui reste plus longtemps. Un petit sage de douze ans qui nous indique ce que nous cherchons à entendre, cette joie intime qui reste, qui nous marque dans un recoin, mais dont la trace est douce et agréable.
Subtilité du désir. Il se dit aussi par des sentiments ou des émotions qui ne sont pas agréables. En effet, désirer, c’est vouloir quelque chose que je n’ai pas. Si on reprend l’image de la voile, je quitte le port où je suis pour rejoindre le port où je ne suis pas. Tout le temps des préparatifs ou tout le temps du voyage, je ne suis pas à destination, je suis séparé des personnes que je veux rejoindre. Elles ne sont pas là. C’est bien pour cela que je pars les rejoindre.
Quand j’étais jeune pro, je me souviens que j’avais beaucoup de mal avec le dimanche soir. J’avais passé tout un week-end avec des amis et le dimanche soir, j’écoutais des chansons tristes parce que j’étais nostalgique. Je quittais deux jours avec des amis pour reprendre une semaine de travail. Pendant longtemps, j’ai appelé cela la déprime du dimanche soir. C’est étrange parce que dans le fond, j’aimais bien ces week-ends et je n’avais pas de problème au travail. Aucune raison d’aller mal. Problème supplémentaire, à écouter des musiques tristes, j’entretenais cette nostalgie. Quel mystère ! Après un bon week-end, je me laissais aller à des idées noires. Dans cet exemple bien simplifié, souffrir le dimanche soir est un non-sens.
Personne ne veut souffrir et à plus forte raison personne ne veut entretenir sa souffrance. Il m’a fallu du temps pour découvrir qu’en fait, le dimanche soir, c’est l’envie d’aimer en profondeur qui me travaillait. Les amis étaient formidables, mais ils ne répondaient pas à l’envie d’aimer spécifiquement quelqu’un ou une cause. L’envie d’aimer à fond s’exprimait le dimanche soir. C’est l’amour, pas encore vécu concrètement, qui provoquait cette douleur. Voilà pourquoi je restais : La douleur était l’envie ou le désir d’aimer. Il est vraiment nécessaire d’écouter ses manques. Ils indiquent la vie. Je ne voulais pas descendre le dimanche soir. Les musiques me laissaient au niveau de l’émotion, sans descendre dans le désir. Je restais à la surface sans avoir aucune envie de trouver les raisons de ma nostalgie, car j’avais peur de découvrir le malheur de ma solitude du dimanche soir.
Il n’en est rien à oser interroger cette nostalgie. J’ai découvert mon envie d’aimer, mon envie de rendre service, qui n’avait pas de terrain concret, mon envie de construire la vie. A descendre dans ce sentiment désagréable du dimanche soir, j’ai fini par trouver le besoin de relations qui m’anime. Quelle superbe nouvelle !
Je vous invite donc très modestement à oser descendre dans le manque, à oser visiter votre dimanche soir, quel qu’il soit. Avec un peu d’audace, j’ai pu descendre et j’ai découvert un trésor que je n’imaginais pas. Comme je le disais plus haut travailler avec d’autres, pour la paix partout dans le monde. J’ai découvert qu’il était nécessaire d’aimer le problème, de rester à ces douleurs pour découvrir le désir qui se cache derrière mes manques. L’idée n’est pas de vouloir absolument changer ma situation. Il s’agit d’entendre mon inspiration profonde et de voir comment, aujourd’hui, je peux en prendre soin. C’est Dieu qui m’appelle par le désir profond.
Le désir se dit à travers le bon goût comme force d’attraction. Ce serait la joie de passer du temps avec ceux que l’on aime, comme notre petit maître de 6ème nous l’a indiqué avec son papa.
Oser descendre en soi, c’est aller découvrir la merveille que je suis, comme dit le psaume. Je reconnais devant toi, Seigneur le prodige, l’être étonnant que je suis. Etonnantes sont tes œuvres, toute mon âme le sait. Le désir se dit à travers les manques. Aimer les creux, comme le dimanche soir, depuis la place qui est la mienne, j’aspire à bouger, à un davantage.
Une conviction se dégage la mobilité douce et heureuse est possible. Ne craignez pas de descendre à l’écoute du désir profond. Ce sont des pépites qui s’y cachent parfois derrière des blessures et des casseroles. Mais il s’agit d’aller chercher mon moteur. Dit autrement, Dieu a déposé l’équivalent d’un petit enfant au cœur de chacun de nous. Un tout petit quelque chose bien vulnérable, qui ne demande qu’à grandir. J’ai une responsabilité devant cet enfant en prendre soin avec tendresse. Le prophète nous dit « Préparez les chemins du Seigneur. » Cela passe par l’écoute du désir profond. C’est accueillir ce désir comme un enfant. C’est entendre que cet enfant arrive dans ma vie et qu’il va la bousculer. L’intériorité, le silence, la vie des profondeurs peuvent faire peur. Oser descendre le chemin et sécuriser. Le Christ dans l’Évangile d’hier, nous invite au dynamisme, quand il dit à ses disciples « Il ne faudrait pas qu’ils vous trouvent endormi. Ce que je vous dis là, je le dis à tous veillez. »
C’est un travail de nuance, de sensibilité, de perception de la vie. Toute cette semaine, nous prierons pour que le Seigneur nous donne la grâce et le courage d’écouter notre désir profond.
Ce mardi 5 décembre, le Christ redit qu’il n’est pas nécessaire d’être sage ou savant pour être clairvoyant et le suivre.
Ce mercredi, Jésus s’appuie sur les disciples pour nourrir les foules. Il compte sur nous pour faire le travail de clarification de notre désir.
Ce jeudi, nous allons entendre l’importance de fonder sa vie sur le roc, de s’appuyer sur ce que nous sommes et que nous recevons dans nos désirs et nos insatisfactions.
Vendredi, Dieu nous redit qu’il est le partenaire de ce travail de découverte de nous-mêmes.
Il nous a créés, il nous a voulu et il nous a réussi. Réentendons sa tendresse pour nous. Samedi, vous pourrez relire toute la semaine pour entendre comment Dieu vous y a rejoint, notamment en reprenant ces questions du désir et de l’insatisfaction.
Passez une très bonne semaine de retraite et à lundi prochain.
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Les prochains rendez-vous en live :
– Lundi 11 décembre à 20h30
– Lundi 18 décembre à 20h30