Face au tumulte des nations, quelle sera la réaction de Dieu, le créateur de toute vie ?
La démission, la violence, ou l’engagement par amour pour l’humanité ?
Pourquoi ce tumulte des nations, ce vain murmure des peuples ?
AELF Paris – Psaume 2
Les rois de la terre se dressent, les grands se liguent entre eux contre le Seigneur et son messie :
« Faisons sauter nos chaînes, rejetons ces entraves ! »
Celui qui règne dans les cieux s’en amuse, le Seigneur les tourne en dérision ;
puis il leur parle avec fureur , et sa colère les épouvante :
« Moi, j’ai sacré mon roi sur Sion, ma sainte montagne. »
Je proclame le décret du Seigneur ! + Il m’a dit : « Tu es mon fils ; moi, aujourd’hui, je t’ai engendré.
Demande, et je te donne en héritage les nations, pour domaine la terre tout entière.
Tu les détruiras de ton sceptre de fer, tu les briseras comme un vase de potier. »
Maintenant, rois, comprenez, reprenez-vous, juges de la terre.
Servez le Seigneur avec crainte, rendez-lui votre hommage en tremblant.
Qu’il s’irrite et vous êtes perdus : soudain sa colère éclatera. Heureux qui trouve en lui son refuge !
Prier le psaume
Le psaume 2 est politique ! Il parle de plusieurs rois : ceux de la terre et celui qui est sacré roi par Dieu lui-même. Ces rois font la guerre : qui gagnera ? Les rois de la terres, les « puissants » ? Ou celui que Dieu a choisi et adopté comme fil ?
« Aujourd’hui je t’ai engendré », « les nations », « tu les briseras comme un vase de potier »
Au temps d’Israël, ce psaume était proclamé par le nouveau roi. Le jour de son intronisation, il brisait un vase sur lequel était inscrit le nom de son ennemi. La victoire lui était ainsi assurée. Le psaume était mis en acte.
« Tu es mon fils »
Au temps de Jésus, les disciples ont reconnu en ce fils de Joseph et de Marie, le Messie, le roi, le Fils de Dieu… celui qui allait enfin donner la victoire définitive sur tous les ennemis. Après l’Ascension, lorsque Pierre et Jean seront arrêtés pour être jugés comme Jésus, ils prieront Dieu le Père avec ce psaume : « Pourquoi ? »
« Heureux ! »
Dans un temps marqué par la peur et le terrorisme, ce psaume est d’une grande actualité : pourquoi tant de violence au nom de Dieu ? Écoutons la réponse du psaume.
Prier avec la violence dans le monde
« Pourquoi ce tumulte des nations ce vain murmure des peuples ? Les rois de la terre se dressent, les grands se liguent contre eux contre le Seigneur et son messie: « Faisons sauter nos chaînes, rejetons ces entraves ! »
Tout le premier paragraphe du psaume décrit un monde en proie à la violence. Il le fait en posant une question et en se faisant l’écho de ce qu’il entend dans le monde.
A mon tour, je contemple le monde qui est le mien : les différentes nations qui sont en guerre, les peuples qui se soulent, les appels à la révolte qui sont lancés etc. Devant ce que je vois, je peux dire à Dieu tous les « pourquoi » qui m’assaillent.
« Avec fureur » ; « épouvante » ; « tu les détruiras » ; « tu les briseras » ; « Qu’il s’irrite et vous êtes perdus »
Dans ce psaume, la violence est aussi du côté de Dieu. Sa puissance sera plus forte que celle de tous les puissants présents dans le monde. L’avertissement est clair : si Dieu intervient, les grands seront « perdus ».
Je prend le temps de considérer qui est ce Dieu qui vient détruire, briser, perdre… Tout ce qui se dresse et s’oppose entre lui et le monde. Qui peut être plus puissant que celui que je confesse, avec l’Eglise, comme Dieu tout-puissant ?
Prier en méditant la parole de Dieu
« celui qui règne dans les cieux s’en amuse, le Seigneur les tourne en dérision »
La première réaction de Dieu est étonnante ! Comme s’il y avait un « comique de situation », un tel décalage qu’il ne pourrait qu’en rire.
J’entends la manière dont Dieu manifeste sa souveraineté. Qui est-il pour réagir ainsi ?
« Moi j’ai sacré mon roi » ; « je t’ai engendré » ; « je te donne en héritage les nations »
La seconde réaction de Dieu est très personnelle. Il s’implique en personne (« moi », « mon »). Il n’hésite pas à envoyer son roi dans la bataille en lui donnant tout ce qu’il a.
Je contemple la réponse de Dieu : sa détermination, sa résolution. J’entends ce qu’il dit à son roi. Je vois la mission qu’il lui confie.
Je peux alors lui parler de cette victoire qui est en marche, en lui partageant mes espérance ou mes peurs.
Prier en écoutant la parole des hommes
« Je proclame le décret du Seigneur ! »
Au coeur du psaume, un homme proclame ce que le Seigneur dit. Et il redit la parole de Dieu. Il cite Dieu. Sa parole devient la sienne. Tel Père, tel fils.
J’entends une voix humaine redire ce que Dieu a dit. A mon tour, je peux redire ces mots de Dieu à voix haute. Comme cet homme, je tiens parole et me laisse habiter par elle.
« Maintenant, roi, comprenez, reprenez vous, juges de la terre. Servez le Seigneur avec crainte, rendez-lui votre hommage en tremblant. Qu’il s’irrite et vous êtes perdus : soudain sa colère éclatera. »
Celui qui a été dit « fils de Dieu » s’adresse ensuite aux puissants, sans crainte ni tremblement. Il les exhorte à revenir de leur folie.
J’entends ce que dit le roi de Dieu aux rois de la terre. Il ne désespère pas de leur conversion, mais ne leur cache pas non plus que s’ils ne changent pas, ils vont droit vers leur perte. Entendant cela, j’entre moi aussi dans un chemin de conversion.
Pour trouver la paix
« Pourquoi ce tumulte des nations, ce vain murmure des peuples ? »
Au coeur de son monde troublé, le psalmiste avait commencé sa prière par une question, un cri de révolte devant ce qui est incompréhensible, inadmissible, insupportable. Il termine son temps de prière par une béatitude : un bonheur promis à celui qui choisit de se mettre à l’abri en se confiant à Dieu. Cette béatitude n’est ni un vain mot, ni une pirouette. Elle décrit la relation qui s’est désormais nouée entre le psalmiste et son Dieu, au terme de sa prière.
Heureux qui trouve en lui son refuge !
A mon tour, j’entends à nouveau la question qui a inauguré ma prière. J’entends maintenant la béatitude promise. Je la dis et la redis. Je peux même la chanter à la manière des chants de Taizé, ces courts refrains que l’on reprend sans cesse jusqu’à ce que leurs mots nous habitent et nous transforment).
Pour conclure, je peux reprendre le chant de Marie, le Magnificat, : « Le puissant fit pour moi des merveilles ». Déployant la forme de son bras, il disperse les superbes… »