Je me présente devant le Seigneur au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Amen. Je demande au Seigneur cette grâce de pouvoir ouvrir mon regard, d’être disponible, notamment par ma sensibilité, à ce qu’il cherchera à me dire durant ce temps de prière. L’œuvre qui nous intéresse aujourd’hui est tirée d’un psautier, le Psautier Tiberius, un manuscrit du XIᵉ siècle en Angleterre.
Je prends le temps de regarder cette œuvre. Il s’agit d’un dessin avec des traits d’encre, un certain nombre de couleurs. On aperçoit également le papier en papier qui est déchiré. Je cherche à me rendre attentif à la matérialité de cette œuvre. Je regarde les couleurs : un ocre assez sombre, du rouge et puis bleu, ce bleu si étonnant qu’il fait ressortir le personnage principal.
Si je regarde les personnages, les formes, je reconnais bien sûr le Christ avec son nimbe crucifère. Il est penché vers une foule de personnes qui tendent les mains vers lui. Ces personnes sortent de la bouche de l’animal très étonnant, immense, au premier plan, sous les pieds du Christ. Je vois une créature écrasée par lui avec les entraves au poignet.
Cette scène reprend un élément assez classique de l’iconographie chrétienne : la descente de Jésus aux Enfers. On appelle aussi la descente aux limbes. C’est un passage qui est plutôt connu dans la tradition iconographique, mais que l’on ne retrouve pas dans dans les textes du Nouveau Testament. On y fait écho durant le Credo, le je crois en Dieu que l’on professe le dimanche. L’Enfer, c’est cette créature à la bouche immense dans laquelle se tiennent tous les différents personnages. Je peux me sentir mal à l’aise, peut être avec cette notion d’enfer et sans doute ce qui peut me rejoindre dans cette image, c’est l’attitude de Jésus qui vient rejoindre ceux qui étaient perdus. Ce qui est frappant, c’est la manière dont le Christ incline son corps pour rejoindre ces personnes.
Il y a là vraiment quelque chose d’un abaissement et en même temps un acte d’amour. Je peux prendre le temps de regarder la posture du corps du Christ à la fois l’écrasement du diable qui est à gauche et qui dit bien sa victoire sur la mort. Et en même temps cette disponibilité, cette présence pour tous ceux qui sont perdus.
Je peux m’interroger. Qu’est ce qui habite le Christ dans cette scène ? Quelles peuvent être les intentions de son cœur ? Je prends le temps pour réfléchir et me demander la raison pour laquelle le Christ désire, au point de tordre son corps afin de nous rejoindre.
Dans un deuxième temps, je peux regarder les différents personnages. Ils ont les mains tendues vers Jésus. Certains ont les mains jointes, d’autres sont dans cette attitude de louange. Cette manière de tenir les mains qu’on peut avoir lorsque nous récitons le Notre Père en communauté, il y a bien peu de détails sur leur visage. Et pourtant, ils semblent marqués par une reconnaissance, une hâte, peut-être le désir d’être sauvés.
À mon tour, je réfléchis sur ce qui peut animer ces personnes. Quels sentiments, quels désirs animent leur cœur alors que le Christ vient les rejoindre là où ils sont ? Enfin, je prends le temps de me situer moi même dans cette scène. Où suis-je ? Est ce que je me reconnais dans un de ces personnages ? Ou alors je peux essayer d’imaginer, ou alors je peux essayer d’imaginer ma présence dans cette scène.
Le thème de cette semaine peut alors me rejoindre. Comment est-ce que j’entends cet appel “Sois sans crainte” ? Dieu vient de sauver ce temps de l’Avent. Je ne me concentre pas seulement sur la joie de la venue du Christ, mais j’entends aussi à la fois le désir d’être sauvé et la reconnaissance pour celui qui vient me rejoindre. Je prends le temps de dire au Seigneur ce que m’inspire cette scène ou en suivant dans mon désir d’être sauvé, de me laisser sauver.
Je me place alors sous le regard du Seigneur en lui demandant de continuer à travailler en moi et en communion avec toute l’Église.
Je redis :
Notre Père qui est aux cieux, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Donne nous aujourd’hui notre pain de ce jour. Pardonne nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés mais ne nous laisse pas entrer en tentation. Mais délivre nous du mal. Amen.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, amen.