3 – Heureux les affligés

Heureux les affligés car ils seront consolés

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L’étymologie d’”affligés”, le mot grec “penthountes” renvoie directement aux larmes que nous versons lors du deuil d’un être cher. Ordinairement nous ne cherchons pas à être affligés. Nous le sommes malgré nous par la réalité, par des faits et des situations qui ne dépendent pas de nous. Une multitude d’hommes et de femmes souffrent. Comment ce qui nous tombe dessus et nous blesse peut devenir source de bonheur ? Que peut vouloir dire cette promesse de bonheur ? Que signifie d’être “consolé” ?

Regretter ses péchés

L’Eglise a souvent interprété cette béatitude comme celle de l’affliction pénitentielle, l’occasion de regretter ses péchés, sa condition de pécheurs et de la détester. Les pleurs sont lus comme un don que Dieu nous fait de connaître et de regretter nos péchés. 

De nombreux saints passent leur vie à pleurer pour les péchés, les leurs et ceux de l’humanité. Après avoir renié son maître, l’apôtre Pierre pleure amèrement. Cette affliction proclamée comme béatitude prend sa source dans un regard contemplatif tourné vers le mystère infini de Dieu et dans l’examen de la condition humaine si fragile, si pleine de contradictions. Mais au-delà de cette approche, force est de constater que la promesse de consolation traverse toute la Bible. 

Dans Isaïe (61, 1-3), on peut méditer sur l’écho de cette béatitude. 

L’Esprit du seigneur Yahweh est sur moi (…) Pour consoler les affligés,
Pour leur donner un diadème au lieu de cendres 
de l’huile au lieu d’un vêtement de deuil 
un manteau de fête au lieu d’un esprit abattu 

De même dans l’apocalypse :

Ils n’auront plus faim, ils n’auront plus soif, ni le soleil ni la chaleur ne les accablera, puisque l’Agneau qui se tient au milieu du Trône sera leur pasteur pour les conduire aux sources des eaux de la vie. Et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux. (7. 16-17)

Il essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus, et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur : ce qui était en premier s’en est allé. (21, 4)

Toute malédiction aura disparu. Le trône de Dieu et de l’Agneau sera dans la ville, et les serviteurs de Dieu lui rendront un culte ; ils verront sa face, et son nom sera sur leur front. La nuit aura disparu, ils n’auront plus besoin de la lumière d’une lampe ni de la lumière du soleil, parce que le Seigneur Dieu les illuminera ; ils régneront pour les siècles des siècles. (22, 3-5)

C’est ainsi que la Bible décrit le royaume définitif de Dieu, où disparaîtront toutes les afflictions. C’est un renversement de situation : quiconque souffre et pleure à cause d’une situation personnelle civile ou religieuse grave, rira un jour car la situation sera inversée. 

Admirer et prier

Regardons le Christ en Croix, contemplons le fils de Dieu qui s’est fait pauvre pour nous, qui s’est livré à nous, à notre bon vouloir. 

Je lui adresse sans hésiter mes plaintes sur les choses qui m’affligent dans ma vie : relations blessées, péchés, addictions, enfermements…

Je peux, si c’est adapté à ma situation, choisir de demander à Jésus de ne pas esquiver les épreuves. Je m’en remets  à la bonté de Dieu qui tient en sa main ma vie, à l’indulgence du Christ, à la tendresse de Marie. 

Christ en croix eglise saint Ignace

Examiner sa vie

  1. Est ce que je sais me plaindre à Dieu? Comme le prophète Jérémie ou comme nous l’enseignent les psaumes ? 
  2. A l’inverse, est-ce que je sais retenir le flot de mes plaintes quand je suis énervé(e)? Ou est-ce que “tout sort en vrac” à peine ai-je vécu une contrariété? Pourrais-je commencer par me plaindre à Dieu, puis aller chercher de l’aide dans un second temps? 

Conclure

Comme une multitude de chrétiens avant moi, je me tourne vers Marie, elle qui a été affligée et consolée.

Réjouis-toi, Marie, comblée de grâce,
Le Seigneur est avec toi.
Tu es bénie entre toutes les femmes,
Et Jésus,
Le fruit de ton sein, est béni.
Sainte Marie, mère de Dieu,
Prie pour nous, pauvres pécheurs,
Maintenant et à l’heure de la mort.
Amen.