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“Heureux les coeurs libres, ils vivront dans l’amitié du Christ !”
On pourrait inventer une béatitude de ce type, qui rappellerait la promesse qui nous est faite quand nous grandissons en liberté. De semaine en semaine, sommes-nous en train d’alléger notre cœur dans la joie ? Ou est-ce que la routine du Carême nous a fait tomber soit dans l’indifférence soit dans une démarche de pénitence aux accents culpabilisateurs ? Il est temps, pour cette dernière semaine avant la passion du Christ, de nous fixer de nouveau vers l’objectif de liberté pour mieux le suivre.
Il nous dit dans l’un des textes de la semaine : “Si vous demeurez fidèles à ma parole, vous êtes vraiment mes disciples ; alors vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres.” Jn 8, 31-42. La fidélité à la parole, la posture de disciple et l’apprentissage de la vérité sont donc ce qui nous permettra d’être libres. Si on comprend profondément cette proposition, on perçoit que la liberté, contrairement à ce qu’on pourrait en dire communément, est le fruit d’une disposition d’écoute.
Ecouter pour être libres
“C’est quoi ce bruit ?” tout le monde dans la pièce suspend son geste. L’écoute attentive nécessite que nous nous arrêtions…Or nos vies sont souvent bien pleines : d’engagements et de responsabilités pour certains, de ‘passe-temps’ pour d’autres, de bruit et de sollicitations numériques dans notre société. La pression est forte, surtout chez les ‘actifs’ pour que notre temps soit “rentabilisé”, efficace. Quelle place pour l’écoute au milieu de ce brouhaha ?
Le texte de ce lundi est bien connu : une foule veut lapider une femme adultère. La vie d’une personne est en jeu, et Jésus est mis à l’épreuve à cause de son enseignement : on peut imaginer la tension ! Face à cela, Jésus s’abaisse au sol, et trace des traits dans le sable, en silence. Ce geste mystérieux a donné lieu à de multiples interprétations. Nous pouvons aussi l’imaginer comme un signe d’écoute. Nous faisons parfois ce genre de gestes distraits quand nous sommes concentrés sur la parole d’un autre : avez-vous déjà, peut-être il y a quelques années, joué avec le cordon du téléphone en écoutant votre interlocuteur ? Au milieu même de la situation la plus grave, et nous en avons à plusieurs niveaux autour de nous, Jésus nous invite à prendre la liberté d’être inactifs. Pour écouter.
L’exercice spirituel
1. Prendre le pouls de ma vie
Je prends de la hauteur pour contempler ma semaine. Qu’est-ce qu’elle dit de ma vie ? Est-ce qu’elle bat la chamade ? Ou est-ce qu’elle est déjà au rythme de la parole de Dieu ? Est-ce qu’il y a des temps d’inactivité ? D’écoute ? Est-ce que cela me fait peur d’être inactif ?
2. Ménager du temps pour dresser l’oreille…jusqu’à la semaine sainte !
J’essaie de prévoir dans ma semaine un temps de sabbat, un temps qui n’est pas forcément un temps de prière à proprement parler, mais qui peut donner lieu à une autre forme d’écoute, dans une sorte de disponibilité. S’il m’est impossible de libérer ainsi du temps, je peux réfléchir à un autre pas qui va dans cette direction : ne pas écouter de musique ou la radio pendant des temps d’inactivité, ne pas remplir les temps d’attente avec mon portable, commencer ma journée dans le silence, aller me promener sans objectif.
Et la semaine prochaine ?
Ce sera la semaine sainte, et nous voudrons suivre les pas du Christ chaque jour, être avec Lui pour vivre profondément le mystère de Pâques. Déjà, ces 5 dernières semaines, nous avons tenté de repérer certains attachements et de nous en libérer. Sans être aujourd’hui des super-héros de la sainteté, nous sommes davantage prêts à la réalité douloureuse et joyeuse de la mort et de la Résurrection du Christ.