Impossible de trouver dans les pages du Nouveau Testament un mot qui, d'emblée et avec plus d'exactitude, de profondeur, de chaleur humaine nous permette d'approcher le Christ que ce mot de “coeur”. Presque à tous les tournants de l'Evangile, nous découvrons les traits révélateurs que nous résumons par son coeur. Bien plus, en Jésus les signes extérieurs de sa vie, ses paraboles, ses discours, toutes ses attitudes ne sont pleinement compréhensibles et saisissables dans leur sens profond que s'ils sont lus à partir de son coeur. Tout ce qu'il dit, tout ce qu'il fait dans n'importe quelle scène de l'Evangile laisse entrevoir la perfection de sa vie profonde, l'harmonie exemplaire de sa divinité et de son humanité dans la mission reçue du Père. C'est le fil conducteur de toute la vie du Christ qu'il faut reconnaître à travers l'ensemble de ses paroles et de ses gestes. Ce n'est donc point le signe d'une piété vieillotte que de nous référer au Coeur du Christ pour résumer en un seul mot toutes les valeurs que nous pouvons soupçonner dans sa personne. Aucune autre expression ne peut mieux suggérer “la largeur, la longueur, la hauteur, la profondeur de l'amour du Christ qui surpasse toute connaissance” (Ephésiens 3, 18). Et lorsque Jésus, abandonnant toute métaphore, veut nous révéler ses sentiments intimes, il a recours à ces mots tout simples: “Apprenez de moi que je suis doux et humble de coeur” (Matthieu 11, 29). Pedro Arrupe sj, Comme je vous aimés, méditations sur le coeur de Jésus