Nous vous donnons rendez-vous pour un temps d’enseignement et de prière à 20h30 en direct lundi 18 décembre, pour donner l’élan et la couleur de la semaine (env. 40 min). L’enseignement est disponible en podcast pour une écoute à un moment librement choisi (15 min).
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Semaine 3 – Benoît de Maintenant sj
Bonjour à tous et à toutes, ce podcast est la reprise du topo du 18 décembre, intitulé : s’engager dans la confiance.
Nous avons entendu lors de la première rencontre de cette retraite de l’avent, que le désir est cette force puissante au fond de nous-même qui nous appelle à vivre. Cette attirance se repère grâce aux bons goûts qui durent ou à travers les manques. Quoi qu’il en soit, le désir profond demande une attention et un soin de notre part.
Lors de la deuxième rencontre, nous avons redécouvert comment tourner notre attention vers l’ordinaire afin que l’extraordinaire puisse se révéler. Dit autrement, nous avons repéré comment la vulnérabilité et la petitesse peuvent indiquer l’essentiel de la vie. Un bébé peut nous réapprendre à sourire, il en a la force.
Aujourd’hui, nous allons entrer dans la fête de Noël comme la fête du commencement. Le bébé vient d’arriver et il va grandir, se développer. Nous allons explorer la croissance qui nous est promise, avec lui, en même temps que lui. La croissance de ce bébé, c’est comme le désir et l’extraordinaire qui prennent racine en nous. Avec ce bébé, et à sa manière, Dieu participe à notre existence. Il vient vivre des choses formidables avec nous.
Évidemment, nous ne savons pas de quoi demain est fait, nous ne savons pas vers quoi nous avançons. Reconnaissons que ce n’est pas facile d’avoir toujours de l’espérance dans notre monde si mélangé, si agité. Mais le désir nous pousse à agir, nous sommes encouragés par les « petites choses » qui vont bien. Plongeons dans Noël, dans la fête d’un Dieu parmi nous, qui empreinte une voie humble mais sûre.
Il convient de nommer nos résistances. Le bébé est l’image de la promesse heureuse. Noël est la fête de la croissance heureuse. Un tout petit bout de choux, un petit bébé va grandir et celui de Noël va même changer la face du monde. C’est incroyable l’affirmation du monde qui va changer devant une crèche, dans une toute petite ville de campagne. C’est fou de voir un enjeu si énorme assuré par un être si fragile.
Et Dieu a pris ce chemin-là, il a pris son temps avec cet enfant. Jésus a grandi, il a travaillé. J’aime l’imaginer faire une chaise en bois pour un voisin, un meuble pour un Grec arrivant dans une ville voisine ou simplement une cuillère en bois pour un client compliqué et exigeant de Nazareth. J’aime le voir au milieu de son village, rentrant du potager pour aller préparer le diner. Jésus a pris le temps de vivre les saisons et les fêtes qui vont avec. Il n’a parlé publiquement qu’à 30 ans. Il a été patient, de fait, comme tout adulte, il a mis du temps avant de mûrir et de grandir.
Noël est donc la fête des débuts, de la première pierre d’une trajectoire importante. C’est la fête de ce qui va devenir ou advenir mais qui n’est pas encore là. Et comme c’est une fête, ce qui va arriver est heureux aussi. Donc Noël est la fête de l’espérance devant un devenir heureux qui prend son temps.
Notre logique mondaine n’est pas si patiente. Nous sommes dans une époque formidable, pleine de belles avancées et de technique. Et en même temps, je suis frappé des défis qui nous sont renvoyés et de la manière de les aborder. J’accompagne beaucoup d’élèves de terminale ou d’étudiants qui entendent cette question : « tu vas faire quoi plus tard ? ».
FAIRE, voici le cœur de la question. Avec ce prisme-là, la vie publique de Jésus est vide, puisqu’il n’a plus de métier à partir du moment où il s’est mis à parler. Donc, nous devons changer notre perspective. Et justement, Jésus invite à ÊTRE. Et c’est ce qui est formidable avec l’enfant, il EST déjà là, déjà vivant, sans rien pouvoir FAIRE.
Si je fais ce détour par notre manière d’envisager la vie avec le verbe FAIRE, c’est que cela provoque des résistances face à l’espérance ou face à la promesse d’un monde heureux. Quand nous envisageons l’avenir, nous sommes souvent inquiets : « comment allons-nous faire ? » pour reprendre les mots de Marie ou de Zacharie.
Entrevoir la vie par le seul angle du FAIRE génère souvent des résistances car nous n’avons jamais toutes les clés en main pour FAIRE. Puisque Dieu est notre collaborateur, et que nous ne connaissons pas ses outils, ses chemins, les voies qu’il pourra ouvrir, il nous manque une bonne part de l’équation pour estimer nos chances de succès ! Je repense à mes élèves de terminale, ils ne peuvent pas savoir ce qu’ils vont devenir avant d’avoir vécu leurs études, et même leurs premières années de travail.
Regardons de plus près quelques éléments de ces résistances qui nous empêchent d’aller de l’avant. La peur est sans doute un des mécanismes dont nous sommes les plus familiers. La peur de l’inconnu, la peur de changer, la peur de perdre une sécurité sur laquelle je me suis construit…
Prudence, dans un topo comme celui-ci, je ne parlerai pas ici que de la bonne peur, de celle qui permet d’apprécier les dangers et de s’en éloigner. Je ne parlerai pas non plus de ces peurs liées à des expériences traumatisantes.
Je vais essayer de parler de ces peurs qui nous immobilisent ou nous ralentissent et que nous pouvons surmonter seul. Je parlerais ici de résistances spirituelles, c’est-à-dire de peurs qui nous trompent.
La peur du changement par exemple va s’appuyer sur une analyse sérieuse et objective d’une situation pour me prouver qu’il ne faut pas bouger, que je ne dois rien changer. L’analyse est sérieuse, mais souvent incomplète. Il va y manquer des éléments d’audace, des éléments de créativité et de renouvellement qui sont inconnus avant le changement.
On dit souvent : « On sait ce que l’on perd, mais on ne sait pas ce que l’on gagne ». Cette phrase renvoie toujours au fait que l’on peut perdre beaucoup et ne rien gagner dans un changement. Mais en fait, cette phrase dit aussi que l’on ne sait pas ce que l’on gagne et on peut y gagner plus… Pourquoi lire cette phrase sans confiance et sans promesse…
La peur de perdre ses repères ou ses sécurités peut être présente aussi. Une image de moi qui est bien posée. Je me souviens dans le travail que j’étais toujours le sérieux du groupe, par ce que j’étais perçu comme quelqu’un de sérieux. Je m’interdisais de faire de l’humour, quand cela était approprié, étant pourtant aussi un artiste, un saltimbanque…
La peur de se lancer, c’est sans doute la même chose. Je suis toujours impressionné par ces parachutistes qui quittent l’avion d’un coup, d’un bond. Quelle énergie, quelle folie vue de ma fenêtre. Quelle audace dans le fond…
Comprendre la « promesse »
Derrière la peur, et les efforts qu’elle demande pour la combattre, il y a une promesse. Ce mot peut être mal compris, une fausse représentation de la promesse existe. Je m’explique avec un exemple de mon enfance. Petit, je voulais savoir ce que j’allais faire. N’étant pas bon élève, les perspectives n’étaient pas très ouvertes. Je croyais donc qu’une promesse était une manière de me faire patienter : « tu verras quand tu seras grand, tu auras les réponses à tes questions… »
La promesse, telle que je la comprenais, était une notion négative. Et comme j’avais remarqué que le peuple d’Israël a patienté 40 ans dans le désert, je n’arrivais pas à comprendre ce mot de « promesse ». Si sortir d’Egypte, c’est entrer dans 40 années d’errance, à quoi bon se lancer dans l’aventure ?
La promesse bien comprise
Je faisais une erreur de jeunesse : quand Dieu dit à Moïse qu’il va sortir son peuple d’Egypte, Dieu le fait réellement. Il mène le projet jusqu’au bout, même si ce n’est pas immédiat. La promesse bien comprise est donc l’affirmation de la sortie de la crise. Certes, Dieu ne dit pas quand et il ne dit pas comment nous allons sortir du moment difficile. Les moyens sont flous. Mais l’issue est très claire. Tout se passera bien.
La promesse est donc une parole de confiance. Elle demande notre confiance en celui qui la prononce, et en retour, elle induit une confiance pour se laisser conduire. C’est vraiment ce beau compliment d’amis qui montent dans ma voiture et se laissent conduire. Ils acceptent de se laisser faire et me font confiance.
Nous aussi pouvons nous laisser conduire, mais comme un petit enfant, nous pouvons mettre notre confiance en Dieu qui est présent dans ce monde et l’habite.
Un avenir renouvelé
La promesse garantie une issue heureuse de nos actions, de notre vie. Pour y arriver, rien de précis. A nous d’inventer le chemin pour arriver à la victoire de l’amour sur notre monde. Pour vivre déjà de cette victoire, nous avons à inventer le chemin, à tâtonner pour trouver la meilleure voie, comme en escalade ou l’ascension se fait lentement. Mais quelle libération de partir vainqueur. Savoir que l’ascension est faisable, possible et déjà gagnée donne de la force pour entreprendre la marche. Si la victoire finale ou la longueur de la route nous semble bien difficile, c’est normal. Si nous résistons, c’est normal. L’Église s’est rendu compte du besoin de répéter que cette victoire est gagnée par un enfant. Elle propose donc de fêter Noël tous les ans. Et tous les ans, d’avoir 3 à 4 semaines pour s’y préparer. Tous les ans, nous fêtons l’invisible, le 3 fois rien qui peut tout changer. Tous les ans, nous revenons à cette foi minuscule : le 3 fois rien, en moi, déjà là, qui peut tout changer dans ma vie et autour de moi. Tous les ans, nous regardons cette femme de Galilée, simple qui va tout changer en faisant confiance à un petit oui.
Le temps est une opportunité formidable d’apprendre. A certains moments nous apprenons à partir de nos joies, à d’autres moments nous apprenons à partir de nos difficultés. Quel que soit la situation, je vous invite à revenir à la promesse : Dieu s’occupe de l’issue du parcours, et c’est la victoire. Donc, je peux lui demander des choses, son aide, sa lumière. Je peux l’inviter comme partenaire de ma créativité. A partir de là, je peux faire mienne la demande de grâce de Marie : « que tout m’advienne selon ta parole ». Que je SOIS, dans ma vie, un créatif de l’amour de Dieu.
L’Esprit Saint de l’Annonciation, l’Esprit de la Visitation est le même qui agit aujourd’hui. Je peux le laisser venir sur moi, je peux même lui demander de venir et de faire naître Dieu en moi-même.
Bien que notre trajectoire des années à venir ne soit pas connue, Dieu nous redis “ne crains pas”. A Joseph, à Marie ou à Zacharie, nous entendrons cette supplication de Dieu qui mendie notre confiance tout en affirmant que pour lui, rien n’est impossible.
Il ne cesse de redire sa présence à nos côtés, comme un petit enfant. Une présence qui va grandir dans le temps et donner la vie à d’autres, en abondance.
Comme nous l’avons vu en ce début de retraite, osez désirer, à partir des bons goûts de l’existence, ou à partir de vos manques d’amour.
Osez rencontrer Dieu dans l’ordinaire, dans le petit, dans le réel tel qu’il est, complexe et mélangé.
Osez croire que la victoire est au bout. Vos désirs vont s’affiner, ils vont petit à petit faire leur place dans votre vie. Croyez que la promesse, même si elle n’est pas pour tout de suite, va prendre chair en vous, devenir réalité…
Cette semaine nous vous inviterons à prier avec la demande de grâce suivante : Seigneur, donne moi de m’engager avec confiance là où tu m’appelles.
Mardi 19 décembre, nous serons avec Zacharie, comme des spectateurs de ses résistances devant la promesse. Alors que la promesse de bonheur pour lui s’accomplit, c’est-à-dire l’annonce d’un enfant à naître qu’il n’espérait plus, quelque chose résiste, il est incrédule, et devient muet.
Mercredi, Marie visite Elisabeth, chez qui l’enfant arrive bientôt. La rencontre de ces deux femmes nous révèle un moyen simple de voir Dieu : se visiter les uns les autres et s’émerveiller de ce que Dieu produit dans la vie de celles et ceux qui nous entourent.
Jeudi, Marie chante le Magnificat, elle remercie Dieu à partir des signes perçus dans sa vie ordinaire, trois mois avec sa cousine, à être ensemble.
Vendredi, nous accueillons Jean le Baptiste, avec son père Zacharie, pour qui la promesse commence à s’accomplir. La victoire sera celle de la naissance de l’enfant, mais aussi la vie de cet homme pieux et précurseur.
Samedi, nous aurons le temps de reprendre la semaine. Regarder comment je me laisse travailler par la confiance, quelle réponse cela demande. Ce sera le moment de me questionner sur un engagement possible ou un choix à poser à la suite du ce temps de l’Avent.