Le discernement des esprits. Quelques billes d’Ignace.
Dans notre vie quotidienne, nous expérimentons des temps différents : certains secs, nous sommes insatisfaits, tristes… d’autres de paix, de dynamisme… Il est important dans la vie spirituelle d’être attentif à cela, faire des différences et chercher à comprendre. La prière d’alliance (appelée aussi ‘examen’) est un bon moyen de garder la mémoire de ces moments précieux.
Rappelons-nous avant tout que Dieu nous veut vivant, qu’il nous appelle à vivre.
Deux sortes de mouvements
Certains mouvements intérieurs (appelés aussi dans la littérature spirituelle ‘motions’) portent vers Dieu, d’autres non.
Celles qui nous portent vers Dieu sont appelées « consolations » :
- La consolation provoque en nous un dynamisme pour faire des choses pour Dieu ou pour son Royaume. La consolation ne nous détourne pas des choses ni des personnes.
- Une deuxième forme de consolation se manifeste par des larmes versées qui portent à l’amour de son Seigneur, soit à cause de la douleur pour ses péchés ou pour la Passion du Christ.
(NB : Ce en sont pas des larmes de dépit qui sont un repli sur nous-mêmes.) - Un autre effet qui permet de repérer la consolation est une augmentation de foi, d’espérance et de charité : ce n’est plus seulement du côté du « senti »’ mais quelque chose fait grandir en nous les vertus théologales, cela s’exprime à la fois par un dynamisme et un repos. C’est parfois plus délicat, plus fin à repérer. La relecture de la prière, de la journée, peuvent aider à repérer ces mouvements.
La désolation est l’inverse : une envie de ne rien faire, une désespérance, de multiples raisons qui nous embrouillent et empêchent d’agir, nous nous déprécions, nous nous trouvons nuls…
Que faire dans l’une ou l’autre des situations ?
La conduite est quasiment la même. Quand la consolation m’est donnée dans la prière, Ignace invite…
- à rendre grâce, à remercier Dieu pour ce don,
- à continuer de prier pour prendre des forces quand cette consolation disparaîtra
- à ne pas se glorifier de cet élan ressenti car il est bien un don, une grâce et ne vient pas de nous seulement.
- Et dans la vie courante prendre des forces par la prière régulière.
Quand la désolation survient, Ignace donne beaucoup de conseils :
- Dans la prière, regarder objectivement ce qui m’arrive et ne pas dramatiser : essayer de se considérer avec humour (je ne suis pas que ça !) et offrir cet état au Seigneur.
- Un moyen de recréer la confiance est de reprendre des phrases du Christ : « Courage, j’ai vaincu le mal »…« Je serai avec toi jusqu’à la fin des temps »….« Ne crains pas »… ou en restant sans rien dire devant Lui.
- Ignace nous dit que c’est dans ces moments-là qu’il ne faut pas abandonner la prière (alors que l’on en aurait grandement envie) et qu’il faut même la prolonger d’une minute pour montrer, par cette décision, notre volonté de nous attacher à l’Esprit du Christ.
Concernant la désolation, quelques conseils de base :
- L’ennemi nous attaque par notre point faible. La désolation est un bon moment pour s’en souvenir ou pour le repérer !
- Il ne surtout pas modifier une décision prise, ou prendre de décision radicale. C’est pas le moment.
- Il faut rester patient, car la consolation reviendra. C’est la vie normale des disciples du Christ !
- Il faut s’ancrer davantage dans la prière et la pénitence sur un point « désordonné » comme dit Ignace : modération et tempérance dans la nourriture par exemple ou dans l’usage des médias ou de l’ordinateur ou du téléphone… Cela montre le souhait de contrer le mauvais esprit.
- C’est peut-être un appel à prendre plus d’attention pour la prière : changer son entrée en prière, mieux s’y préparer…
- Enfin, ne pas garder cela pour soi… N’hésitez pas en parler à quelqu’un (accompagnateur/trice ou personne de sagesse et de confiance.) Se reconnaître en désolation, c’est déjà prendre le chemin de la sortie !