Réflexion personnelle dont le P. Hurtado demanda qu'on la publiât après sa mort. (…) Celui qui a rencontré Dieu est comme celui qui tombe amoureux pour la première fois : il court, il vole, il se sent hors de lui ; tous ses doutes sont superficiels, au fond de lui règne la paix. Peu lui importe sa situation personnelle ou si ses prières sont exaucées. La seule chose qui importe, c'est que Dieu est présent, Dieu est Dieu. En présence de ce fait, son cœur se tait et se repose. Dans l'âme de ce rapatrié, il y a en même temps souffrance et bonheur. Dieu est en même temps sa paix et son inquiétude. Il se repose en Lui, mais ne peut rester un moment immobile. Il doit se reposer en circulant ; il doit se blottir dans l'inquiétude. Chaque jour, Dieu se dresse devant lui comme un appel, comme un devoir, comme un bonheur proche mais pas encore atteint. Celui qui trouve Dieu se sent cherché par Lui, poursuive par Lui, et il repose en Lui comme dans une mer vaste et tiède. Cette recherche de Dieu n'est possible que durant cette vie, et cette vie ne prend tout son sens que dans cette recherche. Dieu apparaît toujours et partout et ne se trouve nulle part. Nous l'entendons dans le bruit des vagues, mais Il ne dit rien. Partout, Il vient à notre rencontre, mais jamais nous ne pourrons Le saisir ; mais un jour la recherche prendra fin et ce sera la rencontre définitive. Quand nous avons trouvé Dieu, nous avons trouvé et possédons tous les biens de ce monde. L'appel de Dieu, qui est le fil conducteur d'une vie saine et sainte n'est rien d'autre que le chant qui descend des collines éternelles, doux et rugissant à la fois, mélodieux et tranchant. Un jour viendra où nous verrons que Dieu fut le chant qui berça nos vies. Seigneur, rends nous dignes d'écouter cet appel et d'y répondre fidèlement ! Saint Alberto Hurtado sj Comme un feu sur la terre , Editions facultés jésuites de Paris, 2005, pp. 41-42