En dépit de toutes les apparences contraires, on ne devient pas une personne en grandissant physiquement, en s'étendant dans l'espace, en s'approfondissant par la réflexion. On devient soi-même avant tout en choisissant. C'est essentiellement dans l'acte de choisir que l'esprit humain s'affirme et s'incarne. Nos choix expriment la conscience que nous avons de nous-mêmes et en même temps rendent possible cette prise de conscience. En revanche, ceux qui ne choisissent pas , ou choisissent à moitié, connaissent la condition immature de gens qui se contentent de suivre la musique qu'on leur joue. Ils dansent si quelqu'un leur joue de la flûte et pleurent si quelqu'un d'autre décide qu'un chant de deuil est maintenant de circonstance. Qui n'est pas vraiment apte à se décider soi-même ne tardera pas à s'apercevoir que son milieu, sa famille, ses propres goûts ou tout autre facteur extérieur à lui, usurpent la fonction que son propre esprit devrait assumer. Des hommes ont lutté pendant des siècles contre l'esclavage, fermement convaincus que cette forme de contrainte imposée était un mal ; or, à l'époque actuelle, quelle ironie !, nombre de personnes qui pourraient faire autrement consentent à se soumettre à l'esclavage volontaire de l'indécision.