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Heureux les pauvres en esprit…
Dans la prière gestuée du texte des béatitudes, on peut être frappé par le geste qui accompagne l’expression “bienheureux les pauvres en esprit” (aussi traduite “ bienheureux les humbles” ou “ les pauvres de coeur”). On monte les bras au-dessus de sa tête en chapeau pointu et on descend progressivement les bras autour de soi en ondulant. On se trouve pris dans un flot d’eau, ou d’Esprit, qui vient d’au-dessus de nous et nous entoure. Être humble, être pauvre en esprit suppose de se recevoir de Dieu. De le placer au-dessus de soi. De se laisser entourer de son eau. Immerger. C’est aussi le geste du baptême, une sorte de plongée dans l’inconnu.
…ils sont libres !
Cette semaine nous allons nous interroger concrètement au jour le jour sur l’image que nous voulons donner de nous-même, sur la place que cela prend dans nos choix. Comment être vraiment humble ? Comment se recevoir de Dieu ? Comment accepter la dernière place ? Comment reconnaître combien nous sommes pauvres en esprit ?
Il y a plein de façons différentes de vouloir sauver la face, faire bonne figure, donner une bonne image de soi. Nous connaissons les formulations qui témoignent de notre attachement à notre image : “Je suis en charge, ma place doit être reconnue” / ”Je suis une personne intelligente, chacun doit s’en rendre compte” / “Je suis une victime et, à ce titre, j’ai bien le droit de …” / “Avec tout ce que j’ai fait, tout ce à quoi j’ai consenti, j’ai bien mérité que…” Ne soyons pas non plus trop durs avec nous-mêmes, mais ouvrons les yeux. Combien de nos actions sont pilotées par l’envie de plaire, d’être reconnu, de donner telle ou telle image ?
Laisser la place
La méditation de l’évangile va nous accompagner avec douceur et fermeté. Le texte de mardi nous le dit bien “ne soyez pas comme les pharisiens (…) ne vous faites pas donner de titres” (Mt 23). Et mercredi, Jésus répond vivement à la mère des fils de Zébédée qui demande pour eux de siéger aux places d’honneur (Mt 20).
Nous cherchons à défendre nos droits, notre place. Mais ce n’est pas ce que fait Jésus. Paradoxalement, en montant à Jérusalem, il monte vers son abaissement, là où, privé de soutien, il sera livré aux ennemis dans la honte et la souffrance.
L’exercice spirituel
Cette semaine, deux pistes sont proposées : vous pouvez choisir l’une ou l’autre, ou les faire conjointement. N’oubliez pas de relire votre expérience avec le Seigneur.
Fou et stupide ? Moi ?
Observer mes gestes, mes mots, mes intentions… au regard de la phrase proposée par Ignace dans les exercices spirituels: “Je préfère passer pour fou ou stupide avec le Christ que sage et sensé aux yeux du monde” (extrait de ES 167). Qu’est ce qui m’interpelle dans cette phrase ? M’attire dans sa mise en œuvre, ou résiste en moi ?
Devenir ce que l’on fait
Essayer de poser chaque jour un geste d’humilité. Un geste qui ne procède pas de mon envie immédiate mais qui me paraisse préféré par Dieu. Il peut s’agir d’une demande de pardon, d’un service rendu, d’un renoncement…
Ces travaux aussi sont à recevoir de Dieu. En demandant d’y être aidé, soutenu, inspiré par l’Esprit. Et en rendant grâce pour ce que nous repérons. Je peux aussi en profiter pour me confesser et recevoir la réconciliation.
Et la semaine prochaine ?
La semaine dernière nous nous sommes préoccupés de nos relations aux autres, et cette semaine nous nous soucions de l’impact de leur regard sur nous. La semaine prochaine sera davantage tournée vers notre intériorité, et mettra de la lumière sur des habitudes sur lesquelles nous avons peu de contrôle : les comportements compulsifs.