Contemplatif dans l’action, discernement, Magis ou encore relecture : autant d’expressions et de mots qui caractérisent la spiritualité ignatienne. Les découvrir peut permettre à chacune et à chacun d’entrevoir des routes nouvelles et pleines de vie pour rencontrer Dieu.
Accompagner
Pour le dictionnaire Le Robert accompagner câest : « Se joindre à quelquâun pour aller là où il va, en même temps que lui, lâescorter. » Cela indique une certaine attitude à lâégard de lâautre. Ce nâest pas lui imposer un itinéraire, ni même connaître la direction quâil va prendre, mais marcher à ses côtés.
Lâaccompagnateur est celui qui fait la route avec, et, en quelque sorte, la trace, parce quâil en a déjà une certaine expérience, quâil connaît le pays et sây trouve luiâmême engagé. Dâune certaine manière, il précède pour que lâautre puisse à son tour avancer. à un moment donné, il passera à côté de lui parce que lâexpérience a pris forme. Enfin, il veillera, sans doute, à le suivre pas à pas. Il devient le témoin pour éventuellement lâaider à se souvenir de ce quâil a entrepris ou décidé.
Il est évident quâà travers cette symbolique de la marche ou du voyage à entreprendre, bien dâautres résonances apparaissent pour qualifier un accompagnateur. Câest bien un peu dâun maître quâil sâagit, qui forme un disciple. Ou encore dâun pédagogue qui sâefface pour aider une liberté à devenir responsable de sa vie devant les autres et devant Dieu. Ou encore dâun précurseur dont lâunique souci est que lâautre puisse trouver son chemin.
Nous accompagnons des personnes parce que nous sommes nousâmêmes à la suite du Christ. Câest ce mouvement qui définit le mieux lâaccompagnement chrétien. Nous ne pouvons inviter des hommes et des femmes à suivre le Christ que si nous vivons chaque jour en « compagnons de Jésus ».
Si le terme est récent, lâaccompagnement spirituel nâa pas commencé avec Ignace de Loyola : dès les origines de la vie monastique, lâouverture du cÅur, la âmanifestation des penséesâ des premiers moines chrétiens au désert a été un moyen essentiel pour progresser dans la vie spirituelle. Les Exercices spirituels dâIgnace de Loyola marquent cependant un tournant dans lâhistoire de la direction spirituelle dont ils relancent et renouvellent la pratique.
Dans le cadre des Exercices Spirituels, le retraitant qui désire sâengager à entrer dans la retraite est donc aidé dans sa démarche par un accompagnateur spirituel (celui qui donne les Exercices).
Bibliographie :
- « Lâaccompagnement, une nouvelle donne éducative », Enseignement catholique actualités, n° 250, 2000 ;
- « Accompagner », Cahiers de lâAtelier, n° 479, 1998 ;
- « Lâaccompagnement spirituel », Christus, n° 153 HS, 1992 ;
- « Lâaccompagnement / coaching, mentorat, parrainage », Lumen Vitae, n° 2, 2008 ;
- Marie-Luce BRUN, « La foi de lâaccompagnateur », Christus, n° 170 HS, 1996, p. 306-309 ;
- Sylvain CARIOU-CHARTON s.j. (dir.), Accompagner les jeunes adultes, Lessius, Namur-Paris, 2017 ;
- Denis DELOBRE s.j., « Accompagner, pilier de la pédagogie ignatienne », Christus, n° 230 HS, 2014, p. 70-76 ;
- Léo SCHERER s.j., Ãtre accompagné, Vie Chrétienne, Paris, 2012.
Ad Majorem Dei Gloriam (AMDG) : « Pour une plus grande gloire de Dieu »
Littéralement « Pour une plus grande gloire de Dieu ». Cette expression est souvent considérée comme la devise historique des jésuites, avec « En todo amar y servir ». Ad Majorem Dei Gloriam (ou AMDG), dit le but final que devrait être chaque acte de la vie dâun jésuite. Ses relations, ses paroles, son travail, et pourquoi pas ses loisirs, doivent avoir une fin : Une plus grande gloire de Dieu, câest-à -dire participer à la réalisation de lâalliance entre Dieu et lâhumanité dans lâhistoire. Parfois, la traduction est « La plus grande gloire de Dieu », mais elle pourrait faire croire (à tort !) que seuls les jésuites seraient capable de servir Dieu pour sa plus grande gloire⦠un péché dâorgueil.
Affectivité
Dans les Exercices spirituels, le mot espagnol affección nâest pas à prendre dans un sens sentimental (avoir de lâaffection pour), mais comme lâexpression dâune dimension fondamentale de lâhomme : sa relation aux personnes et aux choses. Il vient du courant mystique de la devotio moderna, qui sâenracine luiâmême dans la piété monastique, notamment cistercienne. à partir de saint Bernard de Clairvaux (XII° siècle), sâest répandue une manière de prendre en compte la sensibilité dans la vie spirituelle elleâmême. On la sanctifie en la reconnaissant et en la pénétrant dâÃvangile.
Le mot, selon cette tradition, est important pour faire comprendre ce que saint Ignace comprend par « volonté ». Cela se situe moins dans la ligne de lâeffort humain que dans celle du désir. Avec la mémoire et lâintelligence, la volonté est la troisième faculté de lââme. Câest la capacité dâêtre affecté et, en retour, de sentir et de répondre par lâamour. En un sens, on pourrait traduire ce mot aujourdâhui par celui de « cÅur ».
La volonté renvoie aussi à la capacité de décider, de vouloir, ne seraitâce que de prendre la décision dâappliquer la mémoire ou de faire travailler lâintelligence.
Il y a donc dans la volonté un aspect passif (se laisser toucher au cÅur) et un aspect actif (décider, vouloir), tous deux étroitement liés â lâaspect actif étant au service de lâaspect passif. Ainsi, la volonté conduit à la liberté tout en en assumant la complexité. La liberté ignatienne est ainsi un mixte de désir et de libre arbitre.
Bibliographie :
- « Affectivité et vie spirituelle », Christus, n° 168 HS, 1995 ;
- « Psychologie et vie spirituelle », Christus, n° 210 HS, 2006 ;
- Patrick GOUJON s.j., « Lâaffectivité chez Ignace de Loyola», Christus, n° 233, 2012, p. 104-111.
Agere Contra (Agir contre)
Dans son expérience personnelle, Ignace, comme chacun dâentre nous, a fait lâexpérience de cette tendance humaine qui pousse à rester dans ces lieux qui nous séparent de Dieu : La jalousie, la critique, la tiédeur spirituelle, etc.
Ignace propose au retraitant dâappliquer « lâAgere Contra », littéralement, « agir contre » (ou en sens inverse)
Si la prière est aride et avec peu de consolation ou de goût, Ignace suggère de tenir le temps que je mâétais imparti et même de rester un peu plus longtemps, comme une manière de résister à lâadversaire. (Exercices spirituels n°13)
Idem dans ma vie quotidienne. Si je suis prompt à juger, je vais mâefforcer de poser un regard bienveillant sur mon prochain. Si une habitude me paraît nocive pour mon équilibre (série, jeu, réseau social, relation, etc.), je peux agir en stoppant ces tendances, en pratiquant lâAgere Contra, en mâinterrogeant sur lâintérêt de telle série, en désinstallant un jeu, en limitant mon accès à un réseau social, etc.
Ce réflexe de lâAgere Contra permet enfin dâexplorer des chemins nouveaux que je nâaurais pas envisagés auparavant.
Pour aller plus loin :
- Bon article (en anglais) : https://godinallthings.com/2012/04/11/agere-contra/
“Amar y servir” (Aimer et servir)
A la fin des Exercices Spirituels, Ignace de Loyola invite à « aimer et servir Dieu en toutes choses » (« Contemplation pour parvenir à lâamour, n°233). Tel est lâaccomplissement de la vocation de tout homme à « louer, respecter et servir Dieu notre Seigneur et par là sauver son âme » (« Principe et Fondement, n°23). Toute sa spiritualité et sa pédagogie sâinscrit entre ces deux temps. Cet élan, vécu dans le contexte de la Renaissance, garde toute sa vigueur pour les hommes du XXIème siècle. Pour eux encore lâessentiel se résume en quatre points : Découvrir que chacun est nommé, reconnu, appelé de façon unique ; Aimer parce que la gratuité de lâamour reçu du Christ appelle à la louange ; Servir car la louange conduit au respect et au service ; En toutes choses pour autant que tout ce qui concerne lâhomme concerne Dieu.
Bibliographie :
- « Aimer Dieu en toutes choses. La contemplation pour parvenir à lâamour selon les Exercices spirituels de saint Ignace de Loyola », Christus, n° 159 HS, 1993.
A priori de bienveillance / Présupposé favorable
Dans la simple rencontre, dans la relation éducative, dans lâaccompagnement spirituel, rien de constructif ne peut commencer sans un a priori de bienveillance. Il ouvre à lâautre, au prochain, à sa différence, il respecte sa liberté et le dispose à donner le meilleur de lui-même. Il ouvre à lâautre, au prochain, à sa différence, il respecte sa liberté et le dispose à donner le meilleur de lui-même. Comme toute la pédagogie jésuite, lâa priori de bienveillance, autrement appelé présupposé favorable, sâenracine dans lâexpérience spirituelle de saint Ignace, dans les Exercices Spirituels.
« Il faut présupposer que tout bon chrétien doit être plus enclin à sauver la proposition du prochain quâà la condamner. Si lâon ne peut la sauver, quâon lui demande comment il la comprend ; sâil la comprend mal, quâon le corrige avec amour ; et si cela ne suffit pas, quâon cherche tous les moyens adaptés pour quâen la comprenant bien on la sauve. »
Exercices Spirituels, n°22
Bibliographie :
- Christiane Conturie s.f.x., « Eduquer, entre bienveillance et exigence », Christus, n°230 HS, 2014, p. 53-57
- Bernard Peeters, « Exigence et bienveillance. Créer et bénir. », ibid., p. 65-69
- Jean Caron, « Une vertu qui sâéduque », Christus, n°249, 2016, p. 22-30
- Anne Fumex, « Un travail de lâEsprit. Lâannotation 22 des Exercices Spirituels, un présupposé favorable », ibid., p. 62-70
- Josep Maria Margenat, La pédagogie jésuite. Des origines à nos jours, Lessius, 2018
Pour aller plus loin :
https://www.jesuites.com/developper-un-a-priori-de-bienveillance/
“Choisir et décider” / Orientation et vocation
Le choix est lâaspect matériel de la décision ; il suppose trois éléments : une alternative, une préférence et un sacrifice. La décision est lâaspect subjectif du choix. La décision ne se confond ni avec le discernement, ni avec la délibération qui est lâaffrontement des arguments en vue dâune décision.
Ignace de Loyola est lâhéritier de la grande tradition chrétienne du discernement qui prend sa source dans la Bible, et spécialement dans les écrits de saint Paul. Ce quâil apporte de spécifique, câest lâapplication de ce discernement à la prise de décision. Selon la logique de lâamour qui consiste plus dans les actes que dans les paroles ou les sentiments (« Contemplation pour parvenir à lâamour », n° 230), la décision, depuis les choix quotidiens jusquâaux grandes options de la vie, est le lieu véritable de la rencontre de Dieu. Câest ainsi que Dieu lui-même, Trinité Sainte, a aimé le monde, « en décidant dans son éternité que le Verbe se ferait chair pour le salut du genre humain » (« Contemplation de lâIncarnation, Ex. sp. n°102).
Lâétonnant nouveauté quâapporte saint Ignace, pour en avoir fait lui-même lâexpérience, consiste à ce que la volonté de Dieu peut être cherchée et trouvée, non seulement dans les directives venues de lâextérieur, les commandements de Dieu et de lâEglise, mais aussi et surtout dans cette communication et ce dialogue poursuivi entre le Créateur et la créature où Dieu se révèle à lâintime du cÅur.
Bibliographie :
- François-Xavier Boca sj, « Apprendre à faire des choix. La pédagogie du Mouvement Eucharistique des Jeunes », Christus, n° 164, 1994, p. 501-508
- Bernard Bougon sj et Laurent Falque, Pratiques de la décision. Développer ses capacités de discernement, Dunod, Paris, 2009
- Bernard Bougon sj et Laurent Falque, Discerner pour décider. Comment faire les bons choix en situation professionnelle, Dunod, Paris, 2014
- Marie-Luce Brun r.a, Oser décider, Editions de lâAtelier, Paris, 2005
- L. Falque et Olivier Tavignot (dessins Charles Hénin), Une histoire de choix. Pour mieuxdécider, s.e., 2018
- Jacques Fédry sj, Libre pour se décider. La manière dâIgnace de Loyola, Vie Chrétienne, Paris, 2004
- Luc Pareydt sj, « Choisir, décider, préférer », Christus, n° 230 HS, 2014, p. 47-52
- Léo Scherer, Inscrire Dieu dans nos choix, Vie Chrétienne, Paris, 1997
- Johannes Maria Steinke, Décider !, Fidélité, Namur, 2010
Combat spirituel
Dans la tradition, le combat spirituel est un passage obligé dans lâaventure de la vie du baptisé. En effet, lâappel à suivre le Christ en vérité et liberté conduit nécessairement au discernement des esprits et au combat spirituel.
En écoutant au plus proche de lâhumain, il nous est donné de mieux percevoir que le désir de vivre, le désir dâêtre aimé et le désir de créer sont au cÅur du combat humain et spirituel. Il suffit de scruter des figures biblique comme celle de Jacob ou de Moïse, pour découvrir que ce combat vient nous rejoindre à la fois dans notre humanité mais aussi dans la filiation divine inscrite en nous et révélé en Christ. Plus près de nous, des témoins ont fait la traversée comme saint Antoine de son désert intérieur, saint Ignace en pleine Renaissance, Silouane de la sainte montagne et Madeleine Delbrêl de la ville dâIvry.
Une illusion guette parfois en effet les chrétiens : croire que leur vie de baptisés les protège du « combat spirituel ». Or un tel combat est en réalité inévitable : il lâest humainement, car lâêtre humain doit consentir à certains renoncements pour trouver le chemin dâune juste relation à autrui ; il lâest spirituellement, car câest à travers lui que nous apprenons à nous laisser conduire par lâEsprit jusquâà lâultime lâcher prise.
Avec les mots de Paul, ânous dépouiller du vieil homme pour nous laisser revêtir de lâhomme nouveauâ est un combat, le combat de toute une vie. Il pourra prendre des formes plus précises à certaines étapes de la croissance de la vie humaine et de la vie dans lâEsprit, ou selon des événements, des solidarités à tenir ou encore des décisions à prendre.
Choisir la vie⦠est un combat spirituel. Un chemin dâhumanisation.
Compagnie de Jésus
La Compagnie de Jésus est un ordre religieux catholique missionnaire fondé en 1540 par saint Ignace de Loyola. Elle comprend aujourdâhui près de 17000 membres présents dans le monde entier, dont 530 travaillent sur le territoire de la Province dâEurope Occidentale Francophone (France, Belgique, Luxembourg, Grèce et Océan Indien).
Prêtres ou frères, les jésuites sont des « religieux » qui se sont engagés à vivre selon les vÅux de pauvreté, de chasteté et dâobéissance. Lâobjectif de ces vÅux est dâêtre disponible pour se mettre au service de lâÃglise et dâêtre libre pour aider les autres à rencontrer Dieu.
Les Exercices Spirituels constituent la colonne vertébrale des jésuites. Sâil nây a pas deux jésuites pareils, ils sont tous marqués par cette expérience commune dâavoir vécus les trente jours dâExercices Spirituels. Suite à cette expérience de conversion personnelle, ils ont la volonté de proposer cette spiritualité qui mène à Dieu au plus grand nombre.
« Aimer et servir » est la devise de la Compagnie de jésus. Elle dit combien les jésuites sont des hommes qui prient et agissent dans le monde, au service de Dieu et des hommes. Les jésuites veulent ainsi être des hommes pour les autres.
Sources :
« Contemplatif dans lâaction »
« Chercher et trouver Dieu en toutes choses », telle est lâexpression qui résume la spiritualité dâIgnace de Loyola, celle que lâon retrouve si souvent dans ses écrits, comme dans le témoignage de ses proches. Ainsi, celui de Jérôme Nadal, son confident et collaborateur : « Nous savons que le Père Ignace avait reçu de Dieu la grâce singulière de pratiquer librement la contemplation de la très Sainte Trinité et sây reposer⦠Et en outre, en toutes choses, actions, conversations, il était contemplatif dans lâaction même, comme sâil y sentait et contemplait la présence de Dieu et goûtait les réalités spirituelles. Ce quâil avait coutume dâexprimer par ces mots : il faut trouver Dieu en toutes choses. »
Ce « charisme ignatien » peut sâexprimer en trois axes majeurs :
1. Une spiritualité de la décision ;
2. Une mystique du service
3. La prise en compte des médiations humaines, en particulier celle de l’éducation
« Spiritu, corde, practise », disait Nadal pour résumer la « manière de procéder » de saint Ignace. Tout entreprendre sous la dépendance de lâEsprit du Christ, discerner selon le cÅur, mettre en pratique. Le message dâIgnace, sa spiritualité, nâest pas dans lâinsistance sur lâaction ou la contemplation, lâobéissance ou la liberté, lâÃglise ou le monde, la foi ou la justice⦠Il est dans lâintégration créative de ce qui est si difficile à tenir ensemble. Vivre divinement le plus humain, exprimer humainement le plus divin, tel est le chemin par lequel lâEsprit lâa conduit, un chemin pour aujourdâhui.
La recherche passionnée de lâintégration de tensions contradictoires constitue un marqueur significatif de la spiritualité ignatienne dont la trace se retrouve constamment dans sa déclinaison en éducation. Ignace de Loyola ayant effectivement reçu la grâce de vivre de façon unifiée ce que nous tenons généralement pour antinomique, la pédagogie jésuite ne va cesser dâétablir ponts et passages entre des extrêmes ou des opposés. Action et contemplation donc, mais aussi foi et raison, vie intérieure et brio rhétorique, temps personnel et dynamique de groupe, émulation et politique des petits pas, fidélité au cÅur de la foi et mission aux frontières de lâÃglise : autant de facettes que jeunes et adultes sont incités à investir à la suite du Christ, pleinement homme et pleinement divin. Le chemin de lâincarnation est un chemin dâunité et ce chemin dâunité ouvre le Christ pour ceux qui se mettent à sa suite.
Bibliographie :
- William A. BARRY s.j. et Robert G. DOHERTY s.j., Contemplatifs dans lâaction. La voie jésuite, Fidélité, Namur, 2002 ;
- Richard J. HAUSER s.j., Conduits par lâEsprit. Devenir contemplatifs dans lâaction, Vie Chrétienne, Paris, 2015.
Contemplation ignatienne
Dans la vie courante, contempler câest rester sans rien dire, à regarder, à écouter et se laisser faire (par une Åuvre dâart, un paysageâ¦). Câest goûter, admirer, se laisser mouvoir par ce qui provoque la vue ou lâécoute des choses.
Dans la tradition chrétienne, une anecdote savoureuse explicite ce quâest la contemplation. Le Curé dâArs demande à un paysan qui passe beaucoup de temps à lâéglise ce quâil y fait, et lui de répondre : « Je lâavise et il mâavise », autrement dit : « Je le regarde et il me regarde. » Câest cela contempler dans la perspective évangélique, câest regarder, se laisser regarder jusquâà ce que lâon devienne ce que lâon contemple.
Lâapproche ignatienne approfondit la voie de cet échange prodigieux quâinaugure lâIncarnation, en faisant des sens comme des médiateurs entre expérience sensible, corporelle et expérience spirituelle, mystique.
La contemplation ignatienne est une manière de prier qui se qualifie par son objet : les mystères de la vie du Christ dans lâÃvangile, et aussi dans lâhistoire qui continue, comme dans la « Contemplation pour parvenir à lâamour » (Ex. sp. 230â237). Dans la contemplation, les actes de lâintelligence sont ramenés à une simple attention de présence active, dans un effacement progressif du discours. Il sâagit, dans cet exercice spirituel, de fréquenter le Christ par une approche concrète et humble, en accueillant les éléments sensibles dont sont empreints les écrits évangéliques : voir les personnes, entendre les paroles, faire attention aux actes (Ex. sp. 106â108).
Bibliographie :
- « La prière », Christus, n° 178 HS, 1998 ;
- Alberte DELISLE, Prier dans lâordinaire des jours, Vie Chrétienne, Paris, 2016 ;
- Daniel DESOUCHES s.j., « La contemplation évangélique », Christus n° 170 HS, 1996, p. 157-160 ;
- Claude FLIPO s.j., Invitation à la prière, Vie Chrétienne, Paris, 2014 ;
- Franz JALICS s.j., La prière de contemplation, Fidélité, Namur, 2008 ;
- Betty OUDOT, Jalons pour prier. à lâécole dâIgnace de Loyola, Vie Chrétienne, Paris, 2012 ;
- Yves RAGUIN s.j., Chemins de la contemplation. Ãléments de vie spirituelle, Desclée de Brouwer, Paris, 1992 ;
- Michel VAN HERCK, Prier à la manière dâIgnace de Loyola, Vie Chrétienne, Paris, 2015.
Consolation / Désolation :
Au cours de toute vie de prière, il y a des temps de haute et de basse pression, des temps dâété où la vie circule en nous, éveillant et portant des fruits, et des temps dâhiver où au contraire la vie semble au point mort.
Saint Ignace appelle ces temps dâété des « Consolations ». Ce mot traverse la Bible toute entière, depuis Isaïe jusquâà Jésus, qui nous promet lâEsprit Consolateur. Les « consolations », selon Ignace, sont ces visites de lâEsprit, ces moments durant lesquels nous nous sentons réconfortés, tonifiés, encouragés à aimer davantage, pleins dâénergie pour travailler au service de Dieu. Elles sont en quelque sorte un avant-goût de ce que nous serons amenés un jour à vivre en plénitude. Ces périodes de vigueur spirituelle sont donc désirables⦠Et il est bon dây aspirer, et dâessayer de les entretenir, lorsquâelles nous sont données.
On repère la consolation au fait quâelle ne nous détourne pas des choses ni des personnes. Les douleurs et les larmes que nous pouvons éprouver nous portent à lâamour. Un autre effet qui permet de repérer la consolation est une augmentation de foi, dâespérance et de charité : ce nâest plus seulement du côté du « senti » mais quelque chose fait grandir en nous les vertus théologales, cela sâexprime à la fois par un dynamisme et un repos.
A lâinverse, la désolation est un moment de basse pression où lâon se replie sur soi-même. Une envie de ne rien faire, une désespérance, de multiples raisons qui nous embrouillent et empêchent dâagir, nous nous déprécions, nous nous trouvons nulsâ¦
La relecture de la prière, de la journée, peuvent aider à repérer ces mouvements.
Sources :
- https://a1284c75-af81-4734-8112-a90c8a889026.filesusr.com/ugd/468f45_3fa19a930d9648fd8f3510a948f54fdf.pdf
- https://cecilegillete.wixsite.com/epi-lapairelle/a-l-ecole-d-ignace
- https://www.loyolapress.com/catholic-resources/ignatian-spirituality/discernment/discernment-consolation-and-desolation/
- https://www.loyolapress.com/catholic-resources/ignatian-spirituality/discernment/discernment-consolation-and-desolation/
Cura personalis (Attention à la personne)
Cura personalis est une expression latine qui se traduit par « prendre soin de toute la personne ». Cura personalis suggère une attention individualisée aux besoins de l’autre.
Cette expression est une caractéristique de la spiritualité ignatienne. Utilisée à l’origine pour décrire la responsabilité du supérieur jésuite de prendre soin de chaque homme de la communauté avec ses dons, ses défis, ses besoins et ses possibilités uniques, cette valeur est maintenant appliquée plus largement pour inclure la relation entre les éducateurs et les étudiants et les relations professionnelles entre tous ceux qui qui travaillent dans les établissements d’enseignement catholiques.
- Source : https://en.wikipedia.org/wiki/Cura_personalis
- Pour aller plus loin : https://www.loyola-education.fr/
Dialogue contemplatif
Le dialogue contemplatif est une manière de prier avec un passage de la parole de Dieu.
Pour vivre le dialogue contemplatif :
https://www.ndweb.org/2017/02/kit-spirituel-24-prier-en-vivant-un-dialogue-contemplatif/
Discernement
Le discernement est dâabord la mise en lumière dâun événement particulier en le distinguant des événements voisins.
Dans le domaine éthique, le discernement vise à identifier la finalité propre dâune personne, ce qui permet de hiérarchiser objectifs et moyens.
Dans le domaine spirituel, la tradition ignatienne parle de discernement des esprits. Ce discernement consiste à repérer lâorigine (bonne ou mauvaise) des divers états dââme ressentis par une personne sollicitée par des images de la vie courante ou de la tradition chrétienne.
Ce discernement des esprits est mis en Åuvre en vue dâune décision â choix de vie, responsabilité à prendre, action à engager.
Câest une notion clé du vocabulaire ignatien. Mobilisant successivement la raison et lâaffectivité, le discernement vise soit à déterminer la bonne conduite à tenir dans les circonstances particulières, soit à chercher et à suivre la voie particulière qui réalisera au mieux toutes les potentialités dâune personne en lui faisant répondre à sa vocation propre. La fine pointe du discernement nâest pas tant de choisir entre le bien et le mal, mais de choisir entre deux biens. Avec le discernement des esprits, nous apprenons à reconnaître le bien qui habite toute situation et à choisir ce qui mène à un bien plus grand.
Par la grâce du discernement des esprits reçue par Ignace de Loyola, lâexpérience est le terrain premier de la pédagogie jésuite. Relire ce qui sâest déroulé, apprendre à laisser se dégager des lignes de forces de ce qui se répète, y déchiffrer ce qui se construit ou sâépuise, tout cela développe un apprentissage personnel des choses où ce qui importe nâest pas dâen savoir beaucoup mais de « sentir et goûter intérieurement » les choses. Lâapprentissage expérimental, avec ses essais et ses erreurs, ses hypothèses et ses vérifications, ses déconvenues et ses découvertes, a fourni son modèle à lâexpérience spirituelle dâIgnace de Loyola et se redéploie naturellement dans les Collèges. Plus quâapprendre, il sâagit de sâexercer.
Bibliographie :
- Adrien Demoustier s.j., « Introduction aux règles de discernement », Christus, n° 170 HS, 1996, p. 256- 257 ;
- Jean-Claude Dhôtel s.j., Discerner ensemble. Guide pratique du discernement communautaire, Vie Chrétienne, Paris, 2013 ;
- John Caroll Futrell s.j., Le discernement spirituel. Prière et décision, Vie Chrétienne, Paris, 1994 ;
- Jean Gouvernaire s.j., Mener sa vie selon lâEsprit, Vie Chrétienne, Paris, 1977 ;
- Clives Staples Lewis, Tactique du diable. Lettres dâun vétéran de la tentation à un novice, GieÃen, Brunnen Verlag, 1994, 2005 ;
- Monique Lorrain, Discerner. Que se passe-t-il en nous ?, Vie Chrétienne, Paris, 2014 ;
- Jean-Guy Saint-Arnaud s.j., Où veux-tu mâemporter, Seigneur ? Approches du discernement spirituel, Médiaspaul, Montréal, 2002 ;
- Léo SCHERER s.j., Le combat spirituel, Vie Chrétienne, Paris, 2013 ;
- ID., « Le discernement des esprits », Christus, n° 252, 2016, p. 98-109.
Pour aller plus loin :
“Discreta caritas” (Amour accompagné de discernement)
Ce quâIgnace de Loyola veut mettre en relief dans cette expression caractéristique de sa spiritualité, câest le couple indissociable de lâamour (caritas) et du discernement (discreta) : élans du cÅur et intelligence spirituelle nâont pas à être séparés. Plus lâamour est fort, plus le discernement sâimpose, non pas pour le contraindre et le diminuer, mais pour le canaliser. Le rôle du discernement nâest pas dâéteindre la passion, mais, au contraire, de la favoriser et de la servir en lui donnant de sâexercer à plein sans sâégarer ni se perdre. Lâamour est comme un feu et le discernement agit en quelque sorte comme un thermostat, un régulateur de chaleur. Lâexpérience montre quâon peut faire du mal avec du bien par un amour excessif, indiscret et intempestif.
Lâamour est le courant qui prend sa source dans la Trinité et retourne à elle. Câest, en nous, le sens de lâillimité qui fait quâaucun de nos désirs nâest jamais comblé et laisse « notre cÅur inquiet tant quâil ne repose pas en Dieu » (saint Augustin). Câest, pour lâapôtre, la conviction de nâavoir encore rien fait et de vouloir toujours faire « davantage ». Câest enfin ce sens spiâ rituel qui rend capable de « reconnaître Dieu en toutes choses ».
Le discernement, pour Ignace, est lâincarnation de lâamour. Câest, en nous, le sens des limites qui oblige à choisir, parmi tant dâautres possibles, le meilleur service, et qui traduit lâamour divin dans une action humaine précise. Câest lâhumble recherche de ce que Dieu veut « ici et maintenant ».
Lâamour sans le discernement est un rêve qui ne passe plus par les chemins des hommes et sâégare dans un infini sans contenu réel. Le discernement sans lâamour est une recherche desséchante qui, incapable de saisir la finalité de lâaction humaine, sâenlise dans lâactivisme.
Seul le couple « amourâdiscernement », parfaitement vécu en JésusâChrist, lâAmour incarné, permet la synthèse de la contemplation et de lâaction, du désir et de lâefficacité, de lâuniversel et du particulier.
La discreta caritas contient le juste milieu, la mesure entre le réchauffement et le refroidissement, mais aussi entre une voie laissée au discernement personnel et des règles obligatoires pour tous ; elle nâest toutefois pas à considérer comme une sorte dâéquilibre entre amour et prudence ou un savoirâfaire mesuré et bien calculé. Chez Ignace, lâenvers de lâamour bien ordonné nâest pas la folie mais « lâaffection désordonnée » qui se détourne aussi bien de la gloire de Dieu que de la folie de la croix.
La discreta caritas parle de modération, de mesure entre les deux extrêmes « trop et trop peu », mais elle ne peut contredire le magis ignatien et la troisième sorte dâhumilité selon laquelle
« Je désire davantage être tenu pour insensé et fou pour le Christ qui, le premier, a été tenu pour tel, que sage et prudent dans ce monde »
Ex. sp. 167
Câest lâamour qui crée ce désir typiquement chrétien. Le discernement ne le règle pas, ni ne le rend plus raisonnable, mais il insère ce désir dans la recherche active de la volonté de Dieu. Lâamour est le fruit du discernement des esprits.
Bibliographie :
- Patrick Goujon s.j., « Pudeur et délicatesse », Christus, n° 230 HS, 2014, p. 86-89 ;
- Marie-Françoise Jallade, « Ãthique et déontologie enseignantes », ibid., p. 64-69 ;
- Peter- Hans Kolvenbach s.j., Suivre le Christ, un choix exigeant, Desclée de Brouwer, Paris, 2010, p. 241-256.
Exercices Spirituels
Les Exercices spirituels dâIgnace de Loyola ne sont pas seuleâ ment un bestâseller de la spiritualité moderne, ils appartiennent à la culture. Leur pédagogie passionne autant les hommes et femmes de prière que les psychologues, les enseignants, les philosophes, les théologiens, et même les managers.
Lâorigine des Exercices est lâexpérience dâIgnace de Loyola, siâ tuée dans le renouveau spirituel en Espagne à la Renaissance, ce qui explique leur structure très novatrice. Leur but consiste essentiellement à aider à choisir la meilleure manière de suivre le Christ. La contemplation de ses faits et gestes, rapportés par les Ãvangiles, constitue le cÅur de cette pédagogie. Du XVIe siècle à nos jours, les Exercices spirituels ont été donnés tour à tour avec souplesse et rigidité, selon la lettre ou selon lâesprit.
Les Exercices sont un livret élaboré par saint Ignace entre le temps de sa conversion (1522) et leur reconnaissance officielle par le pape (1547). Câest un parcours méthodique fournissant une succession dâexercices à réaliser au rythme de cinq exercices par jour et sur une durée dâenviron trente jours : « De même que la marche ou la course sont des exercices physiques, de même on appelle exercices spirituels toute manière de préparer et de disposer lââme pour écarter de soi tous les attachements désorâ donnés et, après les avoir écartés, pour chercher et trouver la volonté divine dans la disposition de sa vie en vue du salut de son âme » (Ex. sp. 1).
Selon la tradition spirituelle et éducative initiée par Ignace de Loyola, la proposition dâun exercice nâest donc pas celle dâun savoir, mais dâun savoirâfaire ou dâun faire ; elle sâinscrit dans une pédagogie active qui permet de passer de la gaucherie à lâaisance, ce qui ne sâobtient que dans une relation entre un maître qui enseigne et un disciple, ou un apprenti, qui reçoit lâenseignement.
Bibliographie :
- « Pratiques ignatiennes. Donner et recevoir les Exercices spirituels », Christus, n° 170 HS, 1996 ;
- Maurice Giuliani s.j., Initiation aux Exercices spirituels de saint Ignace, Lessius, 2016 ;
- Mark Rotsaert s.j., Les Exercices spirituels. Le secret des jésuites, Bruxelles, Lessius, 2012 ;
- Dominique Salin s.j., « La pédagogie des Exercices spirituels », Christus, n° 230 HS, 2014, p. 41-46.
Famille ignatienne
La famille ignatienne regroupe les différentes congrégations, communautés, mouvements ou associations â tant religieuses que laïques â de spiritualité ignatienne mais relevant de statuts canoniques différents. Elles vivent la spiritualité de saint Ignace de Loyola et ont en commun la pratique des Exercices spirituels.
Les effectifs de ces différentes congrégations, communautés, mouvements ou associations varient, selon les cas, de quelques dizaines de membres à plusieurs dizaines de milliers. Leur nom se réfère parfois au fondateur des jésuites ou à saint François-Xavier, jésuite. Plusieurs de ces groupes ont été fondés par des jésuites.
Sources :
Faire des choix
Se référer à la notion de “Discernement”
HevenesiÂ
Gábor Hevenesi (Vásárosmiske/Hongrie 1656 â Vienne 1715) est un jésuite hongrois. Il est à lâorigine dâune très belle maxime dans ses « Scintillae Ignatianae » (1705), recueil de propos quâon attribua à Ignace de Loyola lui-même.
Cette maxime synthétise admirablement la spiritualité et la théologie ignatiennes.
Crois en Dieu comme si tout le cours des choses dépendait de toi, en rien de Dieu.
Cependant mets tout en Åuvre en elles, comme si rien ne devait être fait par toi, et tout par Dieu seul.
Pour entrer dans la profondeur de cette sentence : https://www.jesuites.com/hevenesi/
IHS
Le monogramme IHS représente le nom de Jésus est interprété de plusieurs manières, et notamment en latin comme Iesus Hominum Salvator. Il est utilisé largement dans lâÃglise notamment chez les jésuites, les compagnons de Jésus.
Il sâagit dâune abréviation en trois parties du nom de Jésus, dans laquelle le I et le H sont les premières et le S la dernière lettre du nom écrit en grec IH-SOUS. Le H est la lettre grecque ETA et se prononce E, ce qui est important pour identifier les lettres du monogramme. Souvent un petit trait horizontal surmonte les trois lettres indiquant quâil sâagit bien dâune abréviation. Plus tard la lettre centrale deviendra même une croix.
- Pour aller plus loin : https://www.jesuites.com/ihs/
Image
Ignace de Loyola fait de lâimage un des lieux moteurs de son invitation à entrer dans une expérience spirituelle. Celui qui fait les Exercices spirituels est de fait invité à entrer dans la contemplation dâun texte de la Bible en laissant venir en lui la « composition du lieu » où se trouve la scène qui va nourrir sa prière. Il est ainsi par exemple convié à imaginer la largeur ou lâétroitesse du chemin, à se représenter ce chemin, selon ce qui vient, comme sinueux ou comme tracé au cordeau.
Cette invitation ne relève pas dâun simple artifice de début dâexercice qui consisterait à convoquer les images pour mieux focaliser lâimaginaire et en faire ensuite table rase. Il ne sâagit pas, par cette composition de lieu, dâendiguer toutes les images ou les pensées qui ne cessent de traverser notre esprit pour ensuite nous en débarrasser et faire le vide en nous le temps de la prière. Les images qui sâassemblent alors vont en appeler dâautres, au fil de la contemplation. Celui qui fait les Exercices est invité à se représenter les personnages du texte biblique, à entendre les mots quâils prononcent, à voir les gestes quâils font. à travers ce jeu dâimages, sa prière pourra ainsi se développer en une expérience spirituelle à la rencontre de ce Dieu dont Jésus, son Fils, est lâimage.
à certains moments charnières des Exercices spirituels, Ignace de Loyola va jusquâà composer lui-même le texte de la méditation quâil propose. Il rédige alors une véritable mise en scène détaillée et imagée (« Méditation des deux étendards », Ex. sp. 136â156).
Lâimage nâest pas simplement une accroche pour attirer lâattention avant de passer à des choses ou des réflexions plus sérieuses. Elle nâest pas un sousâlangage destiné aux petits et aux commençants auxquels les mots et la raison feraient défaut. Elle est ce lieu que jâhabite et qui mâhabite, ce lieu qui me permet de découvrir et de déchiffrer les mouvements intérieurs dont le discernement va mâéclairer pour me disposer à mieux suivre le Christ.
Les images sont un lieu pédagogique pour voir quelles sont les forces qui combattent à lâintérieur de nousâmêmes et pour nous disposer à agir. Ce que nous avons à faire aujourdâhui, câest à apprendre à déchiffrer quelles sont les images mobilisées en nous quand nous voyons dâautres images et à déchiffrer à travers notre désir ce qui nous attache, ce qui nous lie à certaines choses.
Par ses Exercices spirituels, Ignace de Loyola nous transmet la grâce dâaccueillir le jeu des images qui se développent en nous comme la traduction du combat intérieur qui structure notre itinéraire dâhumanité.
Aujourdâhui cette intuition ignatienne ouvre la porte de mille lieues où peut être suscitée, déployée et accompagnée une telle pédagogie de lâimage. Elle nous permet de nous situer au cÅur de cette longue histoire qui prend à ce jour le visage de la réalité virtuelle. Après la peinture, la bande dessinée, la photographie, le cinéma ou la télévision, lâinformatique et Internet plongent notre société dans un monde numérique où lâinteractivité et la simulation nous immergent physiquement avec ses stimulations et ses déplacements.
Bibliographie :
- Pascal Sevez s.j., « Lâimage dans lâinstant du virtuel », Christus, n° 230 HS, 2014, p. 96-102 ;
- Nicolas Steeves s.j., Grâce à lâimagination : intégrer lâimagination en théologie fondamentale, Cerf, Paris, 2016.
Indifférence
Lâindifférence est souvent perçue comme lâattitude négative de celui qui reste en retrait intérieur pour éviter dâêtre touché et de sâengager. Au contraire, lâindifférence ignatienne est au cÅur de lâengagement à la suite du Christ, constituant un passage nécessaire pour découvrir lâappel de Dieu. Cette notion capitale autour de laquelle sâorganise la spiritualité ignatienne se trouve dans les Exercices spirituels, et ce dès le Principe et Fondement qui les inaugure (Ex. sp. 23). Lâorigine de cette notion dâindifférence est la reconnaissance du lien de création qui unit la créature à son créateur.
« Je dois me trouver indifférent sans aucun attachement désordonné de façon à ne pas être incliné ni attaché à prendre ce qui mâest proposé plus quâà le laisser, ni à le laisser plus quâà le prendre. Mais, je dois me trouver comme lâaiguille dâune balance pour suivre ce que sentirai être davantage à la gloire et à la louange de Dieu notre Seigneur et au salut de mon âme »
Ex. sp. 179
La spiritualité ignatienne ne nous invite pas à être sans désir, impassible et insensible, mais, à lâheure dâun choix important qui engage la vie entière, elle veut nous apprendre à tout considérer selon la fin pour laquelle nous sommes créés et, ainsi, à nous affranchir de toute forme de fascination pour les choses. En effet, parce quâelle convertit les choses en fins â elles qui sont des moyens â, la fascination est par essence nuisible à la liberté. Lâessentiel est la bonne mesure : un homme doit être totalement engagé dans son désir, pourvu quâil soit son désir, le désir qui exprime la vérité de ce quâil est.
Pour éviter lâéquivoque de la signification contemporaine du mot « indifférence », il sâavère préférable dâemployer lâexpression de « disponibilité active » qui lui est sensiblement équivalente sur le registre désigné par Ignace de Loyola.
Bibliographie :
- Jean Gouvernaire s.j., « Lâindifférence », Christus, n° 170 HS, 1996, p. 52-55.
Pour aller plus loin :
Intériorité, vie intérieure et spiritualité ignatienne
Les Exercices spirituels de saint Ignace inspirent des manières de faire qui visent à lâunification de la personne et à son engagement dans le monde. Saint Ignace lie toujours intimement expérience intellectuelle et expérience spirituelle. Dans la tradition jésuite, il est essentiel de faire vivre une telle liaison, joyeuse et riche de sens. Dâoù lâimportance de favoriser chez tous une vie intérieure, grâce à des pratiques qui donnent lieu à des reprises (relectures) : initiation à la prière, retraite de fin dâannée ou dans la vie, travail entre enseignants sur les pratiques pédagogiques, célébrations, formations du CEPâIgnatienâ¦
Bibliographie :
- Anne-Marie Aïtken xav. et Thierry Lamboley s.j., Guide pratique pour développer sa vie spirituelle. 36 conseils pour aller vers Dieu, SER, Paris, 2 vol., 2014 et 2018 ;
- Luis Benavides, Initier les enfants au silence et à la prière, Salvator/Fidélité, Paris-Namur, 2010 ;
- Jean-Claude Dhôtel, La spiritualité ignatienne. Points de repère, Vie Chrétienne, Paris, 2010 ;
- ID., Dieu au quotidien. à la manière dâIgnace de Loyola, Vie Chrétienne, Paris, 2012 ;
- Enseignement Catholique Actualités (ECA), Ãveiller à lâintériorité, Paris, 2012 ;
- Xavier Lefebvre et Louis Perin, Lâenfant devant Dieu. Lâéducation religieuse de la petite enfance, De Gigord, Paris, 1957 ;
- Hélène Lubienska de Lenval, Entraînement à lâattention, Spes, Paris, 1953 ;
- ID., Le silence. Ã lâombre de la Parole, Spes, Paris, 1957 ;
- Mark Rotsaert s.j., « La spiritualité ignatienne : une manière de vivre lâÃvangile », dans Ã. Ganty s.j., M. Hermans s.j. et P. Sauvage s.j. (dir.), Tradition jésuite. Enseignement, spiritualité, mission, Lessius, Bruxelles, 2002 ;
- Jean-Guy Saint-Arnaud s.j., Quitte ton pays. Lâaventure de la vie spirituelle, Médiaspaul, Montréal, 2001 ;
- Léo Scherer s.j., Repères pour la vie spirituelle, Vie Chrétienne, Paris, 2014 ;
- Jacqueline dâUssel s.f.x., Apôtre selon lâEsprit. Un chemin de vie intérieure, Parole et Silence, Les Plans-sur-Bex, 2008.
Le monde est notre maison
L’expression “Le monde est notre maison” est attribuée à Jérôme Nadal (1507-1580) jésuite espagnol de la première génération des compagnons de saint Ignace de Loyola. Très proche collaborateur de saint Ignace de Loyola, fondateur de la Compagnie de Jésus, il est envoyé expliquer aux différentes communautés jésuites d’Europe le premier projet des Constitutions. Il est connu comme le “théologien ignatien”.
Derrière cette expression, on peut entendre :
- l’affirmation de Jésus qui dit ‘ne pas avoir de pierre où poser sa tête‘ (Mt 8,20) qui souligne sa disponibilité pour la mission, et donc celle des jésuites, les compagnons de Jésus.
- l’ouverture à la diversité des cultures. qui a fait et fait encore des jésuites un ordre envoyé à toutes les frontières du monde.
Liberté (appeler à la)
Devenir un homme libre, tel est lâenjeu de toute vie humaine, de toute expérience chrétienne. Le croyant saitâil réellement de quoi et comment le Christ le libère ? Combien dâhommes et de femmes se posent, de manière très extérieure, la question de la volonté de Dieu sur leur vie sans jamais sâinterroger sur ce quâils veulent profondément euxâmêmes ? Dans la suite de saint Paul dans la lettre aux Galates, véritable charte de la liberté chrétienne, tout le dispositif de saint Ignace dans les Exercices spirituels permet de retrouver ce désir profond, présent en nous, trace de Celui qui nous appelle à la liberté (Ga 5, 13).
- Jacques Fédry s.j., Libre pour se décider. La manière dâIgnace de Loyola, Vie Chrétienne, Paris, 2004 ;
Magis (davantage)
Dans le langage de saint Ignace, magis est ce mot latin qui signifie « plus » ou « davantage » dans le sens de faire mieux avec ce quâon a et ce quâon est pour servir Dieu et les autres. En effet, dans les Exercices spirituels ce mot revient presque systématiquement dans un contexte relationnel dâamour : « aimer davantage », « se mettre davantage au service de⦠», « sâabandonner davantage⦠». La dynamique du magis invite à dépasser la frontière de sa propre personne afin de laisser plus de place à lâautre. Le magis induit une force de décentrement qui conduit au cÅur de lâexpérience chrétienne dans ce quâelle a de paraâ doxal : câest en se perdant quâon advient, câest en se donnant quâon reçoit. Le décentrement, sâil est vécu dans lâamour, est donc chemin vers la plénitude de la vie qui permet de devenir des hommes et des femmes pour et avec les autres.
Lâamour trouve son expression dans ce mot « davantage » â le mot le plus caractéristique de toute la personnalité dâIgnace de Loyola â, lâamour qui veut toujours « davantage », lâamour illimité en son principe, lâamour qui, toujours tendu vers de plus hauts sommets, est disponibilité au service de Dieu et volonté dâassimilation au Christ : « Désirant et choisissant cela seul qui nous conduit davantage à la fin pour laquelle nous sommes créés » (Ex. sp. 23).
Dans la tradition ignatienne, le magis sâappuie sur la célèbre formule « ad majorem Dei gloriam » (« pour une plus grande gloire de Dieu ») et indique un vif élan spirituel. Lâagir est connoté par ce magis, une tension vive qui nous rappelle quâil est toujours possible de faire un pas de plus que le point où nous sommes arrivés, afin que notre cheminement corresponde à la manifestation toujours plus explicite de la gloire de Dieu.
Cette vision de lâhomme correspond à la logique du désir humain, toujours en quête de « davantage » mais jamais saturable.
Bibliographie :
- Nikolaas Sintobin s.j., « Magis ou lâexcellence ignatienne », Christus n° 230 HS (2e éd.), 2014, p. 58-61.
Médiation
Comme dâautres mots de ce lexique, médiation appartient davantage à la tradition ignatienne quâà saint Ignace proprement dit, même si lâesprit des Exercices spirituels en justifie aujourdâhui la lettre, et une théologie de la création, une théologie de lâincarnation, une spiritualité de lâéducation en légitiment lâemploi. Le monde est une médiation puisque la création est le signe des perfections invisibles de Dieu ; le Christ est médiation puisque Jésus dit à Philippe : «Qui me voit voit le Père » (Jn 14, 8). Lâidée dâexercice â spirituel ou profane â présuppose que personne nâentre dans la connaissance intime dâune réalité sans passer par une initiation dont la progression est graduée. Lâimmédiateté reste externe et possède quelque chose de violent. La médiation â celle du temps, des répétitions, des sens, du corps, des paroles, de la culture â donne à lâhomme dâintérioriser lâessentiel, dâéprouver à lâintime de luiâmême, de sa singularité, la vérité de ce qui ne vaut pas seulement pour lui mais pour tous. Ne pas introduire immédiatement autrui au centre dâune discipline, ne pas le jeter directement dans les choses spirituelles, revient à respecter sa liberté et lui permettre dâaccéder par luiâmême à la réalité vivante, toujours neuve, de lâessentiel.
Motion
La motion est ce qui nous pousse dans une direction. Tout événement psychologique devient une motion, dès que sont repérés dâune part la cause de ce mouvement intérieur, et de lâautre ce à quoi cet événement psychologique aboutit dans lâaffectivité â plaisir ou souffrance.
La motion exerce une action motrice sur lââme. Dans lâenvironnement de prière et de présence à soiâmême que favorisent les Exercices spirituels, il devient possible de faire lâépreuve fondatrice de ceci : Dieu et les bons esprits sont toujours à lâorigine de ce qui aboutit au bonheur de la consolation ; lâennemi contrecarre constamment ce dessein, fûtâce par de fausses consolations. Une motion est bonne si elle nous pousse vers Dieu. Une motion repérée comme mauvaise parce quâelle nous détourne de Dieu est une invitation à nous orienter autrement.
La motion est capitale pour comprendre ce quâest, pour Ignace de Loyola, le discernement. Apprendre à connaître les motions, puis à les interpréter, est une part importante du proâ grès spirituel propre aux Exercices spirituels. Veiller à cet apprentissage est aussi une tâche éducative qui permet de conjuguer connaissance de soi et connaissance de Dieu.
Bibliographie :
- Claude Viard s.j., « Le discernement des mouvements intérieurs », Christus, n° 170 HS, 1996, p. 262-265.
Relecture
La relecture est une des pratiques essentielles de la formation ignatienne, grâce à laquelle il sâagit de relire sa vie pour lâordonner. Elle consiste à exercer sa mémoire et son intelligence sur une expérience faite, ou même toute sa vie passée pour tenter dâen dégager le sens et de sâaméliorer soiâmême. Câest sâarrêter régulièrement pour relire les évènements et les émotions quâils suscitent ; discerner ce qui fait grandir ; choisir pour un mieux, un davantage. Comment relire ? Câest repérer et distinguer : ce qui arrive (les faits) ; ce que cela me fait (mes ressentis) ; ce que jâen fais (ma liberté dâagir).
La pratique de la relecture prend sa source dans la Bible. Relire sa vie pour y lire Dieu, telle est lâexpérience biblique : le peuple dâIsraël nâa cessé de relire son passé et câest au cÅur de cette relecture quâest née son espérance messianique ; Jésus a invité les disciples dâEmmaüs à relire avec lui sa vie et sa mort dans lâhistoire dâIsraël pour quâelles y prennent sens et signification (Lc 24, 13â35). Il nây a pas de progrès spirituel en dehors de la durée assumée, du passé relu et unifié dans lâaccueil de lâavenir. Dans les Exercices spirituels, saint Ignace a déployé avec méthode cet effort de lucidité et de vigilance au travers de lâexercice spirituel de lâexamen qui aura une grande fécondité en terme de pédagogie spirituelle (relecture, révision de vie, prière dâAlliance).
- « Relire sa vie pour y lire Dieu », Vie Chrétienne, n° 354, 1995 ;
- Daniel Casadebaig, « Libres propos sur la relecture », Christus n° 230 HS, 2011, p. 75-80 ;
- Pierre Gouet s.j., « Lâexamen : prière dâAlliance », Christus, n° 170 HS, 1996, p. 59-61 ;
- François Marty s.j., « Lâexamen prière continuelle », Christus, n° 178 HS, 1998, p. 163-172 ;
Répétition
Pour une personne qui fait les Exercices spirituels, faire une répétition est à comprendre, selon lâétymologie du verbe latin repetere (câestâà âdire « regagner un lieu », « redemander »), comme une manière de revenir sur tel ou tel point déjà médité ou contemplé, pour y trouver plus encore. Cela nâa rien à voir avec une reprise dâensemble de ce qui a déjà été médité ou ressenti.
Dans les Exercices, Ignace de Loyola veut que ceux des exercices quâil juge plus importants soient répétés plusieurs fois, au besoin sous une forme légèrement différente.
S’engager
Le cheminement proposé dans les Exercices Spirituels appelle chacun à sâengager dans le monde. Chacun est appelé à collaborer avec Dieu dans le monde, à la suite du Christ, pour faire advenir le Royaume.
Ainsi, par exemple, les jésuites sont engagés dans des missions extrêmement variées. Cette diversité vient de lâintuition quâaucun aspect de la vie humaine nâest étranger à Dieu. Pour les dix prochaines années, les missions des jésuites suivent quatre grandes orientations quâon appelle les Préférences Apostoliques Universelles :
- Montrer la voie vers Dieu à travers les Exercices Spirituels et du discernement
- Marcher aux côtés des pauvres et des exclus
- Accompagner les jeunes dans la création d’un avenir porteur d’espérance
- Travailler avec d’autres pour la sauvegarde de notre Maison Commune
Sources :
Les préférences apostoliques universelles de la Compagnie de Jésus | Jésuites (jesuites.com)
Sens / « Sentir et goûter intérieurement »
Les sens du corps ont une place importante dans la spiritualité ignatienne et la pédagogie qui en est issue. Cette manière de donner, dans la vie spirituelle, toute sa place à la dimension corporelle de la personne est à mettre, avec la prise en compte de lâaffectivité, à lâactif du réalisme ignatien.
Les Exercices spirituels accordent une place décisive au « sentir ». Ainsi pour Ignace de Loyola : 1. Personne nâest jamais dans une neutralité affective ; 2. Lâaffectivité, qui donne de sentir, nâest pas un mal mais à la fois un instrument à mettre en Åuvre et une donnée dans laquelle la personne doit se construire ; 3. Il sâagit, en fin de compte, dâapprendre à se libérer des « attachements désordonnés », câestâà âdire qui détournent de la fin pour laquelle lâhomme est créé (« Principe et Fondeâ ment », Ex. sp. 23).
à partir de la deuxième semaine des Exercices spirituels, saint Ignace propose une « application des sens » comme dernier exercice de la journée du retraitant. Il invite ainsi celui qui reçoit les Exercices à se laisser toucher, à travers sa sensibilité, jusque dans son corps, par JésusâChrist, le Verbe de vie, rendu visible, audible et palpable à nos sens. Les Exercices accordent une place décisive au « sentir ». La sensibilité est, certes, à former, mais aucune intériorisation des réalités spirituelles nâa lieu sans elle. Tous nos sens sont de bonnes portes dâentrée dans lâexpérience spirituelle et la découverte de la vie intérieure. Un établissement jésuite est un lieu où apprendre à voir, sentir et goûter, et par là éprouver le réalisme de lâIncarnation : Dieu a créé un monde bon, et même très bon ; il a choisi de se faire lâun de nous pour conduire chacun au meilleur de luiâmême et le libérer de tout ce qui lâentrave dans sa marche sur ce chemin ; la Création se poursuit donc de façon dynamique avec nous.
« Tout homme est une histoire sacrée » (Patrice de La Tour du Pin). Sentir la Création suppose de la laisser venir à soi et de la laisser résonner en soi : un établissement jésuite porte attention au développement de lâintériorité.
Bibliographie :
- Xavier Nucci s.j., « Sentir et goûter », Christus, n° 230 HS (2e éd.), 2014, p. 128-133.
S. J.
« S.J. » est la dénomination habituelle dans lâÃglise catholique de lâordre de saint Ignace de Loyola, autrement appelée «Compagnie de Jésus », en latin « Societatis Jesu ». Il a pour emblème le monogramme « I.H.S. », pour « Iesu Hominum Salvator » (« Jésus des Hommes le Sauveur »). La devise, inscrite au fronton de la Curie généralice, siège des jésuites à Rome est « Ad majoâ rem Dei gloriam » (« Pour une plus grande gloire de Dieu »).
Bibliographie :
- Dominique Avon et Philippe Rocher, Les jésuites et la société française (XIXe-XXe siècles), Privat, Toulouse, 2001 ;
- « Jésuites. Des hommes aux frontières », Ãtudes HS, 2013 ;
- Jean Lacouture, Jésuites, une multibiographie, 2 vol. (1 : Les conquérants ; 2 : Les revenants), Seuil, Paris, 1995 ;
- Philippe Lécrivain s.j., Les jésuites, Eyrolles, Paris, 2013 ;
- ID., Les missions jésuites. Pour une plus grande gloire de Dieu, Gallimard, Paris, 2005 ;
- John OâMalley s.j., Une histoire des jésuites. DâIgnace de Loyola à nos jours, Lessius, Namur-Paris, 2014 ;
- Nikolaas Sintobin s.j., Moquez- vous des jésuites⦠Humour et spiritualité, Fidélité, Namur-Paris, 2016 ;
- « Visages ignatiens », Sources Vives, n° 41, 1992 ;
- Voir Dieu en toutes choses. Prières et textes ignatiens, Desclée de Brouwer, Paris, 2006 ;
- Un feu qui allume dâautres feux. DâIgnace de Loyola à la Compagnie de Jésus et la famille ignatienne, Supplément à Saint Régis et sa Mission, Lalouvesc, 2014.
Spiritualité ignatienne
Plusieurs ordres religieux et mouvements laïcs se disent de « spiritualité ignatienne ». Ce qui caractérise cette dernière câest quâil sâagit tout dâabord dâune spiritualité qui sâexpérimente. En effet, on ne lit pas les Exercices Spirituels, mais on les vit tout au long dâun parcours. Dans cette expérimentation, saint Ignace nous invite à engager tout notre être : notre imagination, nos cinq sens, notre intelligence, notre volontéâ¦
La spiritualité ignatienne prête une grande attention au discernement spirituel (écoute de sa vie intérieure, relectureâ¦) qui permet, notamment, de faire des choix éclairés.
Câest une spiritualité qui peut se vivre dans la vie ordinaire, dans toutes nos actions. On peut ainsi prier en cuisinant, en travaillant, en marchant dans son quartierâ¦
« Trouver Dieu en toutes choses » pourrait la résumer. Il sâagit de porter un regard bienveillant sur toutes les choses du monde.
Trouver Dieu en toutes choses
Chercher et trouver Dieu en toutes choses, donc dâabord dans notre vie ordinaire, est lâune des caractéristiques de la spiritualité ignatienne. Cette disposition du cÅur s’appuie sur lâexpérience de vie de saint Ignace, comme le rapporte le père Jérôme Nadal, lâun des premiers compagnons jésuites, très proche dâIgnace. Voici ce qu’on peut lire dans Le Récit autobiographique de saint Ignace.
« Par un privilège insigne, le Père Ignace vécut cette manière de prier dâune façon très particulière. Et en outre, en toutes choses, actions, conversations, comme sâil sentait et contemplait la présence de Dieu et le goût des choses spirituelles, il était contemplatif dans lâaction même. Ce quâil avait coutume dâexprimer par ces mots : âIl faut trouver Dieu en toutes chosesâ ».
Dans la même lignée, le P. Nadal écrit lui-même dans son journal spirituel : « Je ne veux pas que tu sois spirituel et dévot seulement lorsque tu célèbres la messe ou quand tu es en oraison ; je veux que tu sois dévot et spirituel lorsque tu te consacres à une activité, afin que brille dans tes Åuvres elles-mêmes une pleine force de lâesprit, de la grâce et de la dévotion ».
Autrement dit, il nây a pas dans notre vie, dâun côté des activités qui seraient par nature spirituelles et tournées vers Dieu (prier, aller à la messe, faire une retraite, relire sa journée,â¦) et de lâautre, des activités « profanes », sans rapport avec Dieu, mais nécessaires à la vie ordinaire (travailler, sâoccuper de sa famille, faire la cuisine ou le ménage, prendre le busâ¦). Dieu nous a créés entiers, il ne nous découpe pas en rondelles ! Notre vie tout entière lâintéresse.
Pour aller plus loin :
- un article de la revue CVX : https://www.viechretienne.fr/article/chercher-et-trouver-dieu-en-toutes-choses,1509.php