Lâcher mes attentes

< Retour à la page de la retraite

Nous poursuivons notre marche vers Pâques en continuant de nous alléger de tout ce qui nous encombre. Cette semaine, un défi nous attend : apprendre l’obéissance en remettant à Dieu notre volonté ! Anxiogène ? Certainement !

Mais d’abord il faut être sûr de bien comprendre : il ne s’agit pas de devenir des esclaves, mais simplement de reconnaître qu’en bien des moments, nous nous encombrons inutilement l’esprit en cherchant à tout maîtriser de bout en bout. Il s’agit d’apprendre une obéissance qui nous libère, une obéissance qui laisse à Dieu la place de faire. Il s’agit de recevoir de Dieu d’entrer dans la confiance.

Attraper Dieu ?

Par deux fois cette semaine, nous verrons Jésus échapper à ceux qui veulent mettre la main sur lui. Reconnaissons que souvent, nous aimerions nous aussi le tenir dans notre main pour lui faire faire tout ce que nous voulons.

Très souvent, nous croyons confier des choses à Dieu, mais en réalité nous nous contentons de lui demander de nous rendre service et d’exécuter les plans que nous avons préparés. Nous ne laissons pas Dieu prendre le gouvernail. Et nous voudrions en plus que Dieu se soumette à notre volonté : drôle de confiance ! 

Pourtant, le Christ nous échappe. Les rôles, ce n’est pas nous qui les distribuons, mais c’est Dieu. Jésus lui-même le déclare : “Moi, je ne peux rien faire de moi-même ; je rends mon jugement d’après ce que j’entends, et mon jugement est juste, parce que je ne cherche pas à faire ma volonté, mais la volonté de Celui qui m’a envoyé.” (Jn 5,30)

Comment ne pas (le) laisser tomber ?

Mais comment faire confiance à une volonté que l’on ne connaît pas clairement, venue d’un Dieu que l’on n’a jamais vu ? Trois critères de discernement à partir des textes de cette semaine :

Un premier écueil à éviter : ne renonçons pas à toute volonté de planification et de préparation sous prétexte de vouloir laisser la place à Dieu. Dieu s’exprime aussi dans notre propre volonté ! Jésus ne dit pas qu’il abandonne tout jugement personnel, mais que son jugement devient plus juste dans la mesure où il essaie de faire la volonté de son Père.

Un deuxième écueil à éviter : gardons à l’esprit que Dieu ne veut pas le sacrifice. Ni celui de notre volonté, ni celui de notre vie. Jésus lui-même le sait et juge raisonnablement préférable de continuer à parcourir la Galilée. En effet, “il ne voulait pas parcourir la Judée car les Juifs cherchaient à le tuer.” (Jn 7,1)

Enfin, rappelons-nous que depuis les origines, Dieu ne désire qu’une seule chose pour notre monde : le créer. Et quand il crée, c’est bon et c’est pour la joie, même si ses chemins sont parfois mystérieux. Isaïe nous le déclare :  “on ne se souviendra plus du passé, il ne reviendra plus à l’esprit. Soyez plutôt dans la joie, exultez sans fin pour ce que je crée. Car je vais recréer Jérusalem, pour qu’elle soit exultation, et que son peuple devienne joie.” (Is 65,17-18) Regardons résolument vers l’avenir, c’est de là que la joie surgira. Mais l’avenir, n’est plus a-venir si on ne lui laisse pas sa part d’inconnu…

L’exercice spirituel

1. Prendre son agenda et choisir

Je choisis un événement auquel j’ai prévu de participer cette semaine. Ce peut-être quelque chose de très ordinaire (un déjeuner avec telle personne, une séance de travail, etc.) ou de tout à fait exceptionnel. Ce doit être quelque chose qui a du relief, de l’importance pour moi. Je contemple cet évènement et le laisse advenir. 

2. Discerner la brise légère

La volonté de Dieu nous est voilée, mais elle se révèle subtilement, entre autres dans la dynamique intérieure dans laquelle nous laissent les événements.

Je relis donc avec attention : quel a été le sentiment qui m’a accompagné dans la durée après cet évènement ? Etais-je enthousiasmé, en paix, reconnaissant ? Ou découragé, sans énergie, frustré ? Est ce que cet état, triste ou content, a commencé là ? Ou avait-il commencé avant ? 

En contemplant mon état après  l’évènement, qu’est ce que je peux comprendre de la volonté de Dieu ? Si je me suis senti frustré, tendu, est-ce que je sais nommer ce qui m’a manqué ? Y avait-il un appel à saisir qui m’a échappé ?
Si je me suis senti paisible, dynamique, sans ‘excitation exaltée’, quel est l’accomplissement de la volonté de Dieu qui a causé cette joie ? J’essaie de démêler les fils, de discerner.  J’essaie de prendre un temps de prière à ce stade, pour ne pas tirer de conclusions trop hâtives, dans la confiance que Dieu me parle au plus profond de moi même. 

3. Volonté de Dieu / volonté personnelle

Est-ce que cette direction que je décèle, et qui pourrait être la volonté de Dieu, me déplace ? Est-ce qu’elle est un peu ‘décalée’ par rapport à ma volonté propre ? Est-ce que je peux sentir qu’elle travaille à mon bonheur ? 

Et la semaine prochaine ?

En nous posant la question de la volonté de Dieu dans nos vies, nous arrivons naturellement au besoin de la découvrir, de l’écouter. La semaine prochaine nous serons attachés à l’écoute du Seigneur, dans des temps d’inactivité. Je peux déjà avoir une vigilance à ne pas trop remplir mon agenda pour la semaine prochaine. En ménageant des temps pour le silence et l’écoute, cette dernière semaine de carême pourra être un temps de préparation de nos cœurs à la semaine sainte. 

< Retour à la page de la retraite