Semaine de Noël : Sois sans crainte, marche à la suite du Christ
Pendant quatre semaines pleines, la liturgie nous a privés d’un chant qui est habituellement pris le dimanche : le gloria. Pendant toute cette semaine de Noël, nous allons l’entendre. Pour nous qui nous sommes engagés pendant la retraite d’Avent sur un chemin où le refus de la crainte était omniprésent, il est bon d’entendre ce que l’ange dit aux bergers pendant la nuit de Noël : L’ange du Seigneur se présenta devant eux, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. Ils furent saisis d’une grande crainte. Alors l’ange leur dit : « Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple. » La gloire de Dieu est source de crainte pour les bergers, car ils ne sont pas habitués à la proximité avec le Seigneur. Cette gloire, on peut dire que c’est le poids, la densité de la manifestation divine, selon l’étymologie hébraïque du mot ‘gloire’. Elle suscite la peur de l’homme devant ce qu’il ne contrôle pas : en l’occurrence Dieu. Et au contraire, il faut se laisser prendre par le rayonnement de Dieu. Cela implique en effet un dessaisissement. Or, tout de suite après, dans le récit de l’annonce de Noël aux bergers, c’est un chœur d’anges que les bergers entendent chanter « gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix aux hommes de bonne volonté ». Entre les deux événements qui se situent en haut, annonce de la joie, et expression de la joie du ciel dans le gloria, on est immanquablement conduit à porter son regard vers le bas, vers le tout petit enfant qui est dans l’étable. Et l’on comprend que c’est là, dans ce bas, que se révèle la gloire de Dieu. C’est cette même présence de Dieu au milieu du peuple qui, autrefois, dans le désert de l’exode, précédait Israël comme un tourbillon, une nuée, inquiétante, terrifiante mais aussi rassurante, puisqu’elle protégeait Israël de ses ennemis. De la crainte de Dieu les hommes sont invités à l’intimité avec Dieu en contemplant l’enfant dans la crèche.
St Ignace de Loyola propose à celui qui fait cette contemplation de s’imaginer soi-même dans la crèche au milieu des personnes qui entourent Jésus-bébé, et je cite, « comme un petit pauvre et un petit esclave indigne qui les regarde, les contemple et les sert dans leurs besoins, comme si je me trouvais présent, avec tout le respect et la révérence possibles ». Une telle attitude spirituelle n’a à première vue rien à voir avec la gloire de Dieu à laquelle les bergers qui entourent la crèche doivent participer en recevant la paix. Mais au fond, qu’est-ce que le rayonnement de Dieu, l’expression de sa force, la gloire, si ce n’est l’amour qui va jusqu’au bout de son engagement en faveur des hommes. Nombreux sont les auteurs spirituels à avoir comparé la scène de la nativité avec la scène du calvaire, comme un unique mystère d’amour de Dieu dans son engagement auprès de l’humanité jusqu’au don total de soi, du dénuement de la crèche, à la nudité du Christ en croix, du rejet de l’hôtellerie à la mort hors de la ville… Entre les deux, les hommes et les femmes de bonne volonté reçoivent déjà la paix.
Pendant ce temps de Noël, dans l’aboutissement de la retraite de l’Avent, il s’agit donc de continuer à goûter la proximité de Dieu dans nos vies, en traduisant cette intimité par un engagement concret, en posant tel ou tel choix qui mettra en situation de sentir la gloire de Dieu rayonner dans ma vie. Sois sans crainte, marche à la suite de Jésus.