Combativité et Combat spirituel

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Les jeux Olympiques nous offrent l’occasion de méditer sur la spiritualité d’Ignace de Loyola, l’auteur des “Exercices Spirituels”, comparable en bien des points à une pratique sportive.

Le combat dans nos vies est une chose inévitable que chacun a vécu ou vit peut-être en ce moment. Dans notre monde, le combat est présent, sous différentes formes et nous réagissons comme nous le pouvons. Dans le sport également, les sportifs vivent des combats.

Lors des séries éliminatoires de la NBA il y a plusieurs années, un basketteur célèbre est arrivé avec son équipe pour jouer un match important. Une défaite les éliminait directement du tournoi et tous les espoirs étaient sur eux… Ce soir-là, le basketteur que tout le monde attendait et pilier de son équipe était incroyablement malade, affaibli par une grippe sévère.

Après beaucoup d’hésitations et malgré sa condition physique précaire, il a choisi de jouer et a livré l'une des performances les plus mémorables de sa carrière. Il a marqué 38 points, dont un panier crucial dans les dernières minutes du match pour donner la victoire à son équipe. Sa détermination à jouer malgré la maladie et à tout donner sur le terrain a été saluée comme un exemple de courage et de combativité.

Dans les interviews ultérieures, ce basketteur a souvent parlé de ce match comme d'un véritable combat, non seulement contre l'équipe adverse, mais aussi contre ses propres limites physiques et mentales. Il dira plus tard : "Je peux accepter l'échec, tout le monde échoue à un moment donné, mais je n'accepterai jamais de ne pas avoir essayé."

Le combat du sportif et de ce basketteur peut, à certains égards, se rapprocher du combat spirituel pour les croyants. De quelle manière ?
Ignace de Loyola n’ignore pas cette réalité de combat que vit chaque homme et chaque femme qui désire trouver Dieu. Une illusion peut parfois nous guetter comme chrétiens: nous pouvons croire que notre vie de baptisés nous protège du « combat spirituel ». Le combat est en réalité inévitable : il l’est humainement, car l’être humain doit consentir à certains renoncements pour trouver le chemin d’une juste relation à autrui ; il l’est spirituellement, car c’est à travers le combat que nous apprenons à lâcher prise et à nous laisser conduire par l’Esprit pour nous remettre totalement à Dieu. Et cela ne se fait pas naturellement.
Qu’est-ce que le combat spirituel pour Ignace ? C’est un combat entre deux voix qui parlent en moi; celle qui me tire vers Dieu et me conduit à vivre plus de douceur, de générosité, d’humilité, et une autre voix qui va essayer de me détourner de Dieu par l’égoïsme, le repli sur soi par exemple…

Le combat est inévitable dans notre quotidien et dans notre vie de foi mais que faire quand nous sommes confrontés au combat ? La première chose est de prendre la décision de vivre ce combat et de ne pas le fuir ou de le nier. Le basketteur a été confronté à la réalité d’être malade et d’avoir ses forces affaiblies. Il a pris en compte cette réalité. Nous pouvons imaginer qu’il a pesé sa décision, qu’il en a parlé à son entraîneur et médecin pour prendre une décision.
Dans la vie spirituelle, il s’agit aussi d’accepter l’existence du combat, de ces mouvements intérieurs contradictoires qui peuvent nous agiter. Autrement dit, il s’agit de vouloir se convertir, se tourner vers Dieu et regarder avec lui ces voix qui parlent en nous et dans le monde. Cette première décision d’accepter de voir le combat peut être difficile mais nous sommes toujours accompagnés par Dieu et par d’autres frères et sœurs.

Ignace de Loyola a fait l’expérience lui-même du combat spirituel. Il va en tirer deux Exercices spirituels spécifiques: les méditations du Règne et celles des deux Etendards. Avec des métaphores, il présente le choix auquel chaque personne est confrontée : Celui d’écouter l’appel du Christ à le suivre à travers une vie d’humilité et de pauvreté. Ou bien de choisir les richesses, l’honneur, l’orgueil qui nous détourne du Christ.
Est-ce que je peux repérer les combats, les mouvements contradictoires de vie et de morts, qui agissent dans le monde et dans ma vie ? Je peux les regarder avec l’espérance de Dieu qui ne cesse de croire en son peuple et en nous.
Une deuxième chose est de regarder le Christ car il s’agit avant tout du combat que mène le Christ en nous et dans le monde pour que nous nous tournions toujours vers son Père, source de toute vie.

Tout au long de sa vie, le Christ a vécu le combat. Combat qu’il mène pour délivrer, guérir, pardonner les hommes et femmes qu’il rencontre. Combat qu’il mène aussi contre Satan, plus particulièrement au désert et sur la croix. C’est un combat de vérité, d’obéissance au Père en demeurant dans une attitude de Fils qui reçoit tout de lui.
Et ce combat s’achève par la Résurrection, par la victoire de la vie. Aucun de nos combats ne peut être vécu en dehors du Christ qui est déjà passé par ce combat et nous assure de sa victoire quel que soit l’intensité de la lutte.
Je peux me rappeler d’une rencontre du Christ avec quelqu’un qui mène un combat dans sa vie : cela peut être l’aveuglé-né, la pécheresse, l’homme paralysé ou une autre rencontre. Je peux regarder comment le Christ agit en cette personne, avec elle. Comment il agit dans mes propres paralysies, surdité, péchés.

Les combats dans nos vies et les combats spirituels sont inévitables, alors, prenons des forces pour aller sur le terrain et jouer le match en équipe. Et ce qui est à gagner dans ce combat, ce n’est pas la victoire du basketteur mais une, bien plus grande, celle de suivre le Christ, d’être avec lui des fils et filles du Père, recevant toute vie et amour de lui.


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