Être supporteur et contemplation

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Être supporteur et contemplation

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Dans un événement sportif il y a bien entendu les joueurs, les sportifs mais on dit que le 12eme homme dans le football est le supporter. Plusieurs fois, des matchs ou des compétitions ont été remportés grâce au soutien du public. Alors, mettons-nous aujourd’hui à l’école du supporter qui encourage et vit l’événement dans tout son être. Cette attitude du supporter peut à certains moments se rapprocher de l’attitude de contemplation dont nous parle Ignace et que nous pouvons vivre dans toute notre vie.
Dans les années 1980, lors d'un match de tennis mémorable, un spectateur a eu une expérience qui a profondément marqué sa vision du sport. Ce spectateur s’avère être écrivain et a écrit sur son expérience. Il était présent dans les tribunes pour assister à cette rencontre historique.
Au lieu de simplement se concentrer sur le déroulement du match ou sur les performances des joueurs, ce supporter a été frappé par la beauté du jeu lui-même. Dans l’essai qu’il a écrit ensuite, il décrit comment il a été captivé par la grâce des mouvements des joueurs, par la précision de leurs coups, le jeu de va et vient de la balle et par la tension palpable sur le court.
Pour lui, ce match de tennis était bien plus qu'une simple compétition sportive ; c'était une véritable œuvre d'art en mouvement. Il a été profondément touché par la façon dont le sport pouvait susciter des émotions intenses et un sentiment d'unité parmi les spectateurs, quel que soit leur statut social ou leur origine.
Finalement, ce supporter a vécu ce match de tennis de manière intérieure, il a déployé tous ses sens pour contempler ce qu’il se passait. C’est l’invitation que nous fait Ignace.
Au début du livret des Exercices Spirituels, juste après avoir comparé ces exercices spirituels à des exercices corporels, Ignace a cette formule : « Ce n’est pas d’en savoir beaucoup qui ra ssasie et satisfait l’âme, mais de sentir et goûter les choses intérieurement ».
Comme l’écrit un jésuite, « Quand il s’agit de sentir et de goûter, nul ne peut le faire à ma place ». La démarche ignatienne nous invite à nous investir personnellement, avec tous nos sens, toute notre personne, pour approfondir notre relation à Jésus. Ce chemin de contemplation passe par la contemplation de la Parole de Dieu, mais aussi à partir de notre vie.
L’histoire de ce supporter peut nous aider à entrer dans l’expérience de contempler à travers nos sens. Il a ainsi regardé le match, vu les actions des joueurs, écouté extérieurement mais aussi intérieurement ce qu’il se passait sur le court et dans le public, il a senti les émotions des joueurs et des supporters, et il a pris le temps de goûter, savourer cette beauté et cette énergie.
Dans nos vies, si nous prenons le temps de nous arrêter, beaucoup de situations peuvent également être sources de contemplation. Un beau paysage, une musique, une rencontre. Mais pour cela, encore faut-il lâcher suffisamment les images, les pensées, les raisonnements intérieurs qui empêchent nos sens de se tourner vers l’extérieur et d’accueillir ce qui vient.
Ignace nous invite à contempler nos vies et à contempler la Parole de Dieu par différents moyens et notamment celui de l’application des sens. Il s’agit de contempler Jésus dans les évangiles pour le reconnaître plus facilement dans notre vie quotidienne.
« Voir avec la vue de l’imagination » les personnages du récit, la scène qui se déroule.
« Entendre avec l’ouïe » ce que disent les personnages et Jésus.
« Sentir et goûter avec l’odorat » ce qui émane du récit, en lien avec la nature.
« Toucher avec le tact » les lieux ou les personnes du récit.
Nous pouvons appliquer nos sens à un texte d’évangile dans notre prière mais aussi dans nos vies, dans nos rencontres.
Je peux me rappeler un événement, d’une rencontre, ou même de la contemplation d’un paysage que j’ai vécu cette semaine et de nouveau le vivre en le regardant, en écoutant, en sentant et goûtant ce qu’il s’est passé.
Le supporter de tennis que nous suivons s’avère être aussi écrivain. Et c’est peut-être l’expérience d’écrire sur l’événement qui lui a permis de rentrer plus en profondeur dans ce qu’il avait vécu, de contempler davantage.
C’est ce qu’Ignace nous invite à faire après chaque temps d’oraison et chaque fin de journée, relire son expérience sous le regard de Dieu.
Cette relecture de notre vie, de notre journée, nous apprend à mesurer la présence et l’action de Dieu dans notre vie quotidienne. Et cela n’est pas possible si nous ne prenons pas le temps de nous arrêter, ne serait-ce que 5 minutes. Nous pouvons laisser remonter certains événements vécus, une rencontre marquante, une parole de la Bible qui m’a rejoint et de là une action de grâce peut monter en soi, dans la reconnaissance de la présence de Dieu, à travers une parole d’encouragement reçue, une écoute, une joie partagée. Nous pouvons aussi laisser remonter des difficultés vécues et nos réactions de peurs, d’enfermements, de déni en les confiant à l’amour de Dieu et en lui demandant sa confiance pour vivre le lendemain.
Nous sommes invités à faire cet arrêt dans nos vies, non pas pour nous extraire du monde et s’introspecter continuellement, mais pour contempler l’œuvre de Dieu dans nos vies et dans celles des autres, dans notre monde. Nous découvrons ainsi que nos vies deviennent le lieu de l’alliance avec le Seigneur.
Quand est-ce que je m’arrête dans ma journée pour me poser avec le Seigneur et relire ce que j’ai vécu ? Quelle petite décision je peux prendre pour contempler Jésus à travers sa Parole et à travers ma vie et celles des autres ?
Soyons des supporters contemplatifs pour voir dans nos vies ce qu’il se passe bien au-delà du match et reconnaître l’action de Dieu en toutes choses.
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