Et Jésus dans cette histoire? : À la fin de cette expérience, la question peut légitimement venir dans le cœur d’un chrétien.
Concrètement, Jésus est né il y a environ 2 000 ans. Soit il y a… 2 millième de seconde à l’échelle de notre pèlerinage au rythme de la Création. Si loin et si proche. On peut penser à ce verset du psaume 89 « À tes yeux, mille ans sont comme hier, c'est un jour qui s'en va, une heure dans la nuit. »
À l’écoute de cette sagesse biblique, nous pouvons peut-être sortir d’un rapport au temps très linéaire qui a marqué notre pèlerinage et qui est une construction très humaine. Le regard tourné vers Jésus, nous pouvons entrer dans une approche qui invite à goûter l’instant en plénitude. Dans les Exercices Spirituels, saint Ignace de Loyola invite ainsi à contempler la Trinité qui décide l’Incarnation du Fils.
Oui, à la fin de cette marche, je peux m’émerveiller de ce grand Mystère qu’est “l’Incarnation”. Dieu, en Jésus, a décidé de devenir homme parmi les hommes, créature parmi les créatures, matière parmi la matière. L’Eternel est entré dans l’Histoire, il a fait alliance avec nous. En Jésus-Christ, il nous a dit la plénitude de son Amour pour nous, pour tous les vivants, pour toute sa Création. Donc, disciple de ce Jésus-Christ, je suis et nous sommes en Église, invités à regarder cette Création comme Lui la regarde. À accueillir notre Histoire comme un lieu où Dieu se donne complètement à nous, s’aventure avec nous, se désole et se réjouit avec nous.
D’autant que la contemplation de l’Incarnation m’amène à la suite de Jésus jusqu’à sa Passion, sa mort et sa Résurrection. Le Crucifié Ressuscité : voilà qui est notre espérance chrétienne ! Bercé par le rythme lent de l’histoire de la Terre, ou secoué par les soubresauts de la vie sur les derniers millions d’années, il peut être bon de revenir à cette Source.
La Passion et la mort de Jésus me font cette promesse : Dieu ne nous lâche pas. Jamais. Au cœur de nos nuits personnelles et collectives, il nous tient la main. Et même, il nous précède, portant sa Croix, allant jusqu’à la mort, et la mort horrible d’un supplicié abandonné. Peut-être qu’en ce moment, j’ai besoin de me tenir là, au pied de la Croix, entre Marie et le disciple que Jésus aimait. Peut-être mon cœur a-t-il besoin de recevoir du côté du Christ l’eau et le sang qui nous donnent sa Vie et la Miséricorde de Dieu ?
Mais le Crucifié est aussi inséparablement le Ressuscité ! Alléluia ! Après toute cette traversée cosmique, mon être a peut-être soif de la Joie de la Résurrection, de la promesse qu’en Jésus, la victoire sur la mort est déjà obtenue, que l’Amour l’emporte sur la destruction et la haine pour toujours. Et donc qu’il vaut toujours le coût d’aimer sur cette Terre, même si à vue humaine cela peut sembler désespéré.
Incarnation, Mort et Résurrection de Jésus-Christ : notre marche nous ramène au cœur de notre foi, de notre espérance et de notre charité chrétienne. Réjouissons-nous ! Ce pèlerinage extérieur relance notre pèlerinage intérieur. Acceptons de poursuivre ainsi notre chemin, sans réponses toutes faites, mais avec le désir de « chercher et trouver Dieu en toute chose. » Tout en entendant cette promesse de Jésus dans le livre de l’Apocalypse : «Moi, je suis l’Alpha et l’Oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin. » La grande aventure de la Vie n'est donc pas un grand chaos. Tout avance vers une fin, qui est bonne parce qu'elle est en Dieu.