**Avant d’aller plus loin…Cet exercice n’est pas forcément adapté pour moi. Si je suis en situation où je ressens des privations injustes, de la misère, des douleurs. Ou bien si j’ai tendance à toujours donner aux autres sans prendre correctement soin de moi, cet exercice spirituel n’est pas pour moi. De même, il n’est pas adapté pour moi en cas d’addiction au sens médical du terme.

Si pendant ce Carême je ressens qu’au fond de mon cœur Dieu est présent et m’attend, je peux me demander “est-ce que je me sens prêt.e à expérimenter le manque pour mieux sentir mon désir profond ?” La proposition chrétienne pour le Carême est simple : prière, jeûne et partage. Au cœur de ce triptyque, il y a cette expérience du jeûne : un manque qui ouvre à la prière et au partage.

Choisir d’expérimenter le manque peut avoir plusieurs visées :

On peut aussi choisir de ressentir le manque pour travailler notre liberté et regarder avec Dieu comment l’on se sent quand on se détache d’une chose qui nous occupe trop. En confiant sans cesse son désir de détachement à Dieu pour l’ajuster et pour qu’il nous soutienne.

On peut aussi choisir d’éprouver le manque pour essayer de se détacher de la structure de péché dans laquelle nous baignons : la surabondance de notre société emportée qui est comme emportée dans un cycle extraction-consommation-déchet-pollution.

On peut aussi choisir d’éprouver le manque pour dégager des moyens pour pouvoir donner, pour pouvoir partager avec quelqu’un dans un situation difficile ou avec une association de solidarité.

Quand on vit le manque lui-même on peut le faire en communion avec tous ceux qui le subissent contre leur volonté : on vit le manque en fraternité.

Le manque nous fait sortir de la logique seule du besoin pour faire émerger des désirs plus profonds. Le manque interpelle. Il permet de mettre au jour des habitudes ou des réactions dont nous n’étions pas conscients. Vécu dans une juste relation à Dieu, il peut nous révéler un désir plus profond.

Avant de prendre ma décision concernant le fait de mettre en œuvre des moyens d’éprouver un manque, je me tourne vers Dieu pour lui demander sa lumière : que mes intentions, mes décisions et mes actions soient toutes orientées vers Lui.

Je choisis maintenant ce que je souhaite vivre. Je choisis la durée que j'imagine.

J’irai ensuite confier ma décision au Seigneur, peut-être dans une église. Je peux aussi la confier à un ami chrétien, ou la partager dans mon petit groupe de partage si j’en ai un, pour pouvoir en discuter et aussi “solenniser” ma démarche…. Je peux enfin reprendre la grille proposée dans les épisodes 3 et 4 de la série de relectures “Mettre de l’ordre dans sa vie”.