Pour continuer la comptemplation : En se faisant petit enfant, l’Eternel
est devenu temps. Nous n’avons plus à le chercher dans les profondeurs infinies du ciel, cette immensité sans repères où notre esprit et notre cœur ne peuvent que se perdre. En personne, il se met à exister aussi sur notre terre, et son sort n’est pas meilleur que le nôtre, car, loin de jouir d’un régime de faveur, il partage totalement notre condition, la faim, la fatigue, les inimitiés, la peur de mourir, une mort misérable. Que l’infini de Dieu ait ainsi assumé
l’étroitesse de notre condition humaine, que la béatitude
ait assumé la tristesse mortelle de notre terre, que la Vie ait
assumé la mort, voilà bien la vérité la
plus invraisemblable. Dieu est venu, il est là. Et désormais
tout est différent de nos estimations. D’écoulement
sans fin qu’il était jusqu’alors, le temps devient
un événement qui imprime silencieusement à toutes
choses un mouvement dont la direction est unique, et le terme parfaitement
déterminé. Nous sommes appelés, et le monde avec
nous, à contempler dans tout son éclat la face même
de Dieu. Proclamer que c’est Noël, c’est dire équivalemment
que, par son Verbe fait chair, Dieu a dit son dernier mot, le plus profond
et le plus beau de tous, qu’il l’a inséré
au cœur du monde, et que jamais il ne pourra le reprendre, parce
qu’il est une action décisive de Dieu, parce qu’il
est Dieu lui-même dans le monde. Et ce mot n’est autre que
celui-ci : O monde, je t’aime ! O homme, je t’aime ! Extrait de : |
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